Essai sur l’inégalité des races humaines/Livre troisième/Chapitre III

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CHAPITRE III.

Le bouddhisme, sa défaite ; l’Inde actuelle.

On était arrivé à une époque qui, suivant le comput cinghalais, concorderait avec le VIIe siècle avant J.-C.[1], et suivant d’autres calculs bouddhiques dressés pour le nord de l’Inde, descendrait jusqu’à l’an 543 avant notre ère[2]. Depuis quelque temps déjà, des idées très dangereuses s’étaient glissées dans cette branche de la science hindoue qui porte le nom de philosophie sankhya. Deux brahmanes, Patandjali et Kapila, avaient enseigné que les œuvres ordonnées par les Védas étaient inutiles de soi au perfectionnement des créatures, et que, pour arriver aux existences supérieures, il suffisait de la pratique d’un ascétisme individuel et arbitraire. Par cette doctrine, on était mis en droit, sans inconvénient pour l’avenir du tombeau, de mépriser tout ce que le brahmanisme recommandait et de faire ce qu’il prohibait (1)[3].

Une telle théorie pouvait renverser la société. Cependant, comme elle ne se présentait que sous une forme purement scientifique et ne se communiquait que dans les écoles, elle resta matière à discussion pour les érudits et ne descendit pas dans la politique. Mais, soit que les idées qui lui avaient donné naissance fussent quelque chose de plus que la découverte accidentelle d’un esprit chercheur, ou bien que des hommes très pratiques en aient eu connaissance, il se trouva qu’un jeune prince, de la plus illustre origine, appartenant à une branche de la race solaire, Sakya, fils de Çuddodhana, roi de Kapilavastu, entreprit d’initier les populations à ce que cette doctrine avait de libéral.

Il se mit à enseigner, comme Kapila, que les œuvres védiques étaient sans valeur ; il ajouta que ce n’était ni par les lectures liturgiques, ni par les austérités et les supplices, ni par le respect des classifications, qu’il était possible de s’affranchir des entraves de l’existence actuelle ; que, pour cela, il ne fallait avoir recours qu’à l’observance des lois morales, dans lesquelles on était d’autant plus parfait qu’on s’occupait moins de soi et plus d’autrui. Comme vertus supérieures et d’une efficacité incomparable, il proclama la libéralité, la continence, la science, l’énergie, la patience et la miséricorde. Il acceptait, du reste, en fait de théologie et de cosmogonie, tout ce que le brahmanisme savait, hors un dernier point, sur lequel il avait la prétention de promettre beaucoup plus que la loi régulière. Il affirmait pouvoir conduire les hommes, non seulement dans le sein de Brahma, d’où, après un temps, l’ancienne théologie enseignait que, par suite de l’épuisement des mérites, il fallait sortir pour recommencer la série des existences terrestres, mais dans l’essence du Bouddha parfait, où l’on trouvait le nirwana, c’est-à-dire le complet et éternel néant. Ainsi le brahmanisme était un panthéisme très compliqué, et le bouddhisme le compliquait encore en le faisant poursuivre sa route jusqu’à l’abîme de la négation (1)[4].

Maintenant, comment Sakya produisait-il ses idées et cherchait-il à les répandre ? Il commença par renoncer au trône ; il se couvrit d’une robe de grosse toile commune et jaune, composée de haillons qu’il avait recueillis lui-même dans les bourriers, dans les cimetières, et cousus de sa main ; il prit un bâton et une écuelle, et désormais ne mangea plus que ce que l’aumône voulut lui donner. Il s’arrêtait sur les places publiques des villes et des villages et prêchait sa doctrine morale (2)[5]. Se trouvait-il là des brahmanes, il faisait avec eux assaut de science et de subtilité, et les assistants écoutaient, pendant des heures entières, une polémique qu’enflammait la conviction égale des antagonistes. Bientôt il eut des disciples. Il en recruta beaucoup dans la caste militaire, peut-être plus encore dans celle des vayçias, alors bien puissante et bien honorée, comme fort riche. Quelques brahmanes vinrent aussi à lui. Ce fut surtout dans le bas peuple qu’il enrôla ses plus nombreux prosélytes (3)[6]. Du moment qu’il avait repoussé les prescriptions des Védas, les séparations des castes n’existaient plus pour lui, et il déclarait ne reconnaître d’autre supériorité que celle de la vertu (4)[7].

Un de ses premiers disciples et des plus dévoués, Ananda, son cousin, kschattrya d’une grande famille, revenant un jour d’une longue course dans les campagnes, accablé de fatigue et de chaleur, s’approche d’un puits où il voit une jeune fille occupée à tirer de l’eau. Il exprime le désir d’en avoir. Celle-ci s’excuse, en lui faisant observer qu’en lui rendant ce service elle le souillerait, étant de la tribu matanghi, de la caste des tchandalas. « Je ne te demande, ma sœur, lui répond Ananda, ni ta caste ni ta famille, mais seulement de l’eau, si tu peux m’en donner (1)[8]. »

Il prit la cruche et but, et, pour porter de la liberté de ses idées un témoignage plus éclatant encore, quelque temps après il épousa la tchandala. Que des novateurs de cette force exerçassent de la puissance sur l’imagination du bas peuple, on le conçoit aisément. Les prédications de Sakya convertirent un nombre infini de personnes, et, après sa mort, des disciples ardents, poursuivant son œuvre de tous côtés, en étendirent les succès bien au delà des bornes de l’Inde, où des rois se firent bouddhistes avec toute leur maison et leur cour.

Cependant l’organisation brahmanique était tellement puissante, que la réforme n’osa pas, dans la pratique, se montrer aussi hostile ni aussi téméraire que dans la théorie. On niait bien, en principe, et souvent même en action, la nécessité religieuse des castes. En politique, on n’avait pu trouver le moyen de s’y soustraire. Qu’Ananda épousât une fille impure, c’était de quoi se faire applaudir de ses amis, mais non pas empêcher ses enfants d’être impurs à leur tour. En tant que bouddhistes, ils pouvaient devenir des bouddhas parfaits et être en grande vénération dans leur secte ; en tant que citoyens, ils n’avaient que justement les droits et la position assignés à leur naissance. Aussi, malgré le grand ébranlement dogmatique, la société menacée n’était pas sérieusement entamée (2)[9].

Cette situation se prolongea d’une manière qui prouve, à elle seule, la vigueur extraordinaire de l’organisation brahmanique. Deux cents ans après la mort de Sakya, et dans un royaume gouverné par le roi bouddhiste Pyadassi, les édits ne manquaient jamais de donner le pas aux brahmanes sur leurs rivaux (1)[10], et la guerre véritable, la guerre d’intolérance, la persécution ne commença qu’avec le Ve siècle de notre ère (2)[11]. Ainsi le bouddhisme avait pu vivre pendant près de huit cents ans, à tout le moins, côte à côte avec l’antique régulateur du sol, sans parvenir à se rendre assez fort pour l’inquiéter et le faire courir aux armes.

Ce n’était pas faute de bonne volonté. Les conversions dans les basses classes avaient toujours été en augmentant. À l’appel d’une doctrine qui, prétendant ne tenir compte que de la valeur morale des hommes, leur disait : « Par ce seul fait que vous m’accueillez, je vous relève de votre abaissement en ce monde », tout ce qui ne voulait ou ne pouvait obtenir naturellement un rang social était fortement tenté d’accourir. Puis, dans les brahmanes il y avait des hommes sans science, sans considération ; dans les kschattryas, des guerriers qui ne savaient pas se battre ; dans les vayçias, des dissipateurs regrettant leur fortune, et trop paresseux ou trop nuls pour s’en refaire une autre par le travail (3)[12]. Toutes ces accessions donnaient du relief à la secte en la répandant dans les hautes classes, et il était, en somme, aussi flatteur que facile de se glorifier de vertus intimes et inaperçues, de débiter des discours de morale, et aussitôt d’être tenu pour saint et quitte du reste (1)[13].

Les couvents se multiplièrent. Des religieux et des religieuses remplirent ces asiles appelés viharas, et les arts, que l’antique civilisation avait formés et élevés, prêtèrent leur concours à la glorification de la nouvelle secte (2)[14]. Les cavernes de Magatanie, de Baug, sur la route d’Oudjeïn, les grottes d’Eléphanta sont des temples bouddhiques. Il en est d’aussi extraordinaires par la vaste étendue des proportions que par le fini précieux des détails. Tout le panthéon brahmanique, doublé de la nouvelle mythologie qui vint s’enter sur ses rameaux, de tous les bouddhas, de tous les boddhisatvas et autres inventions d’une imagination d’autant plus féconde qu’elle plongeait davantage dans les classes noires, tout ce que la pensée humaine, ivre de raffinements et complètement déroutée par l’abus de la réflexion, a jamais pu imaginer d’extravagant en fait de formes, vint trôner sous ces splendides asiles (1)[15]. Il était temps, pour peu que les brahmanes voulussent sauver leur société, de se mettre à l’œuvre. La lutte s’engagea, et, si l’on compare le temps du combat à celui de la patience, l’un fut aussi long que l’autre. La guerre commencée au Ve siècle se termine au XIVe (2)[16].

Autant qu’on peut en juger, le bouddhisme mérita d’être vaincu, parce qu’il recula devant ses conséquences. Sensible, de bonne heure, au reproche, évidemment très mérité, de démentir ses prétentions à la perfection morale en se recrutant de tous les gens perdus, il s’était laissé persuader d’admettre des motifs d’exclusion physiques et moraux. Par là, il n’était déjà plus la religion universelle, et se fermait les accessions les plus nombreuses, si elles n’étaient pas les plus honorables. En outre, comme il n’avait pas pu détruire, de prime abord, les castes, et qu’il avait été obligé de les reconnaître de fait, tout en les niant en théorie, il avait dû, dans son propre sein, compter avec elles (3)[17]. Les rois kschattryas et fiers de l’être bien que bouddhistes, les brahmanes convertis et qui n’avaient rien à gagner, les uns et les autres, à la nouvelle foi, si ce n’est la dignité de bouddha et l’anéantissement parfait, devaient, tôt ou tard, soit par eux, soit par leurs descendants, éprouver, en mille circonstances, des tentations violentes de rompre avec la tourbe qui s’égalait à eux, et de reprendre la plénitude de leurs anciens honneurs.

De cent façons le bouddhisme perdit du terrain ; au XIe siècle, il disparut tout à fait du sol de l’Inde. Il se réfugia dans des colonies, comme Ceylan ou Java, que la culture brahmanique avait sans doute formées, mais où, par l’infériorité ethnique des prêtres et des guerriers, la lutte put continuer indécise et même se terminer à l’avantage des hérétiques. Le culte dissident trouva encore un asile dans le nord-est de l’Inde, où cependant, comme au Népaul, on le voit aujourd’hui, dégénéré et sans forces, reculer devant le brahmanisme. En somme, il ne fut vraiment à l’aise que là où il ne rencontra pas de castes, en Chine, dans l’Annam, au Thibet, dans l’Asie centrale. Il s’y déploya à son aise, et, contrairement à l’avis de quelques critiques superficiels, il faut avouer que l’examen ne lui est pas favorable et montre d’une manière éclatante le peu que réussit à produire, pour les hommes et pour les sociétés, une doctrine politique et religieuse qui se pique d’être basée uniquement sur la morale et la raison.

Bientôt l’expérience démontre combien cette prétention est vaine et creuse. Comme le bouddhisme, la doctrine incomplète veut réparer sa faute en se donnant, après coup, des fondements. Il est trop tard, elle ne crée qu’absurdités. Procédant à l’inverse de ce qui se voit dans les véritables philosophies, au lieu de faire que la loi morale découle de l’ontologie, c’est, au contraire, l’ontologie qui découle de la loi morale (1)[18]. De là, encore plus de non-sens, s’il est possible, que dans le brahmanisme dégénéré, qui en contient tant. De là, une théologie sans âme, toute factice, et les niaiseries du cylindre de prières, qui, placardé de manuscrits d’oraisons et mis en rotation perpétuelle par une force hydraulique, est censé envoyer au ciel l’esprit pieux contenu sous les lettres, et en réjouir les intelligences suprêmes (2)[19]. À quel point d’avilissement tombe bientôt une théorie rationaliste qui s’aventure hors des écoles et va entreprendre la conduite des peuples ! Le bouddhisme le montre pleinement, et l’on peut dire que les multitudes immenses dont il dirige les consciences appartiennent aux classes les plus viles de la Chine et des pays circonvoisins. Telle fut sa fin, tel est son sort actuel.

Le brahmanisme ne fit pas que profiter des infirmités et des fautes de son ennemi. Il eut aussi des bénéfices d’habileté, et il suivit, en ces circonstances, la même politique dont il avait déjà usé avec succès lors de la révolte des kschattryas. Il sut pardonner et accorder les concessions indispensables. Il ne voulut pas violenter les consciences ou les humilier. Il imagina, au moyen d’un syncrétisme accommodant, de faire du bouddha Sakya-mouni une incarnation de Vischnou. De cette façon, il permettait à ceux qui voulaient revenir à lui de toujours vénérer leur idole, et leur épargnait ce que les conversions ont de plus amer, le mépris de ce que l’on a adoré. Puis, peu à peu, son panthéon accueillit beaucoup de divinités bouddhiques, avec cette seule réserve, que ces dernières venues n’occupèrent que des rangs inférieurs. Enfin il manœuvra de telle sorte qu’aujourd’hui le bouddhisme est aussi bien non avenu dans l’Inde que s’il n’y avait jamais existé. Les monuments sortis des mains de cette secte passent, dans l’opinion générale, pour l’œuvre de son rival heureux (1)[20]. L’opinion publique ne les dispute pas au vainqueur, tellement que l’adversaire est mort, sa dépouille est restée aux brahmanes, et le retour des esprits est aussi complet que possible. Que dire de la puissance, de la patience et de l’habileté d’une école qui, après une campagne de près de deux mille ans, sinon plus, remporta une victoire semblable ? Pour moi, je l’avoue, je ne vois rien d’aussi extraordinaire dans l’histoire, et je ne sache rien, non plus, qui fasse autant d’honneur à l’autorité de l’esprit humain.

Que doit-on ici admirer davantage ? Est-ce la ténacité avec laquelle le brahmanisme se conserva, pendant cet énorme laps de temps, parfaitement pareil à lui-même dans ses dogmes essentiels et dans ce que son système politique avait de plus vital, sans jamais transiger sur ces deux terrains ? Est-ce, au contraire, sa condescendance à rendre hommage à la partie honorifique des idées de son adversaire et à désintéresser l’amour-propre au moment suprême de la défaite ? Je n’oserais en décider. Le brahmanisme montra, pendant cette longue contestation, ce double genre d’habileté, loué jadis avec tant de raison dans l’aristocratie anglaise, de savoir maintenir le passé en s’accommodant aux exigences du présent. Bref, il fut animé d’un véritable esprit de gouvernement, et il en reçut la récompense par le salut de la société qui était son œuvre.

Son triomphe, il le dut surtout à ce bonheur d’avoir été compact, ce qui manquait au bouddhisme. L’excellence du sang arian était aussi beaucoup plus de son côté que de celui de ses adversaires qui, recrutés principalement dans les basses castes et moins strictement attachés aux lois de séparation dont ils niaient la valeur religieuse, offraient, au point de vue ethnique, des qualités très inférieures. Le brahmanisme représentait, dans l’Inde, la juste suprématie du principe blanc, bien que très altéré, et les bouddhistes essayaient, au contraire, une protestation des rangs inférieurs. Cette révolte ne pouvait réussir tant que le type arian, malgré ses souillures, conservait encore, au moyen de son isolement, la majeure partie de ses vertus spéciales. Il ne s’ensuit pas, il est vrai, que la longue résistance des bouddhistes n’ait pas eu des résultats : loin de là. Je ne doute pas que la rentrée au sein brahmanique de nombreuses tribus de la caste sacerdotale et de kschattryas médiocrement fidèles, pendant tant de siècles, aux prescriptions ethniques, n’ait considérablement développé les germes fâcheux qui existaient déjà. Cependant la nature ariane était assez forte, et l’est encore aujourd’hui, pour maintenir debout son organisation au milieu des plus terribles épreuves que jamais peuple ait traversées.

Dès l’an 1001 de notre ère, l’Inde avait cessé d’être ce pays fermé aux nations occidentales, dont le plus grand des conquérants, Alexandre lui-même, n’avait pu que soupçonner les merveilles chez les peuples impurs, chez les nations vratyas de l’ouest qu’il avait combattues (1)[21]. Le fils de Philippe n’avait pas touché au territoire sacré. Un prince musulman de race mélangée, beaucoup plus blanche que ne l’était devenu l’alliage d’où sortent maintenant les brahmanes et les kschattryas, Mahmoud le Gnaznévide, à la tête d’armées qu’animait le fanatisme musulman, promena le fer et le feu sur la péninsule, détruisit les temples, persécuta les prêtres, massacra les guerriers, s’en prit aux livres et commença, sur une vaste échelle, une persécution qui, dès lors, n’a jamais complètement cessé. S’il est difficile à toute civilisation de se tenir debout contre les assauts intérieurs que les passions humaines lui livrent constamment, qu’est-ce donc lorsqu’elle est, non seulement attaquée, mais possédée par des étrangers qui ne l’épargnent pas et n’ont pas de plus cher souci que d’amener sa perte ? Est-il, dans l’histoire, un exemple de résistance heureuse et longue à cette terrible conspiration ? Je n’en connais qu’un seul, et c’est dans l’Inde que je le trouve, Depuis le rude sultan de Ghizni, on peut affirmer que la société brahmanique n’a pas joui d’un moment de tranquillité et, au milieu de ces attaques constantes, elle a gardé la force d’expulser le bouddhisme. Après les Persans de Mahmoud sont venus les Turcs, les Mongols, les Afghans, les Tatares, les Arabes, les Abyssins, puis de nouveau les Persans de Nadir-Schah, les Portugais, les Anglais, les Français. Au nord, à l’ouest, au sud, des routes d’invasions incessantes se sont ouvertes, des nuées disparates de populations étrangères sont venues couvrir les provinces. Contraintes par le sabre, des nations entières ont fait défection à la religion nationale. Les Kachemyriens sont devenus musulmans ; les Syndhis aussi, encore d’autres groupes du Malabar et de la côte de Coromandel. Partout les apôtres de Mahomet, favorisés par les princes de la conquête, ont prodigué, et non sans succès, des prédications redoutées. Le brahmanisme n’a pas un instant renoncé au combat, et l’on sait, au contraire, que dans l’est, dans les montagnes du nord, notamment depuis la conquête du Népaul par les Gorkhas au XVe siècle, il poursuit encore son prosélytisme, et qu’il réussit (1)[22]. L’infusion du sang demi-arian, dans le Pendjab, a produit la religion égalitaire de Nanek. Le brahmanisme s’est dédommagé de cette perte en rendant de plus en plus imparfaite la foi musulmane qui habite avec lui.

Miné depuis un siècle par l’action européenne, on sait avec quelle imperturbable confiance il a jusqu’ici résisté, et je ne crois pas qu’il existe un homme, ayant vécu dans l’Inde, qui se laisse aller à croire que ce pays puisse jamais subir une transformation et devenir civilisé à notre manière. Plusieurs des observateurs qui l’ont le plus pratiqué et le mieux connu ont témoigné que, dans leur conviction, ce moment-là n’arriverait pas.

Pourtant le brahmanisme est en décadence complète ; ses grands hommes ont disparu ; les absurdes ou féroces superstitions, les niaiseries théologiques de la partie noire de son culte, ont pris le dessus d’une manière effrayante sur ce que son antique philosophie présentait de si élevé, de si noblement ardu. Le type nègre et le principe jaune ont creusé leur chemin dans ses populations d’élite, et, sur plusieurs points, il est difficile, même impossible, de distinguer les brahmanes de telles individualités appartenant aux basses castes. En tout cas, jamais la nature pervertie de cette race dégénérée ne pourra prévaloir contre la force supérieure des nations blanches venues de l’occident de l’Europe.

Mais s’il arrivait que, par suite de circonstances étrangères aux événements de la politique locale, la domination anglaise cessât dans ces vastes contrées et que, rendues à elles-mêmes, il leur fallût se reconstituer, sans doute, après un temps plus ou moins long, le brahmanisme, seul ordre social qui offre encore, dans ce pays, quelque solidité, quelques doctrines inébranlables, finirait par prévaloir.

Dans le premier moment, la force matérielle résidant plutôt chez les Rohillas de l’ouest et chez les Sykhes du nord, l’honneur de fournir les souverains reviendrait à ces tribus. Néanmoins, la civilisation musulmane est trop dégradée, trop intimement unie aux types les plus vils de la population pour fournir une longue carrière. Quelques nations de cette croyance échappent, peut-être, à ce dur jugement ; mais il tombe en plein sur le plus grand nombre. Le brahmanisme est patient dans ses conquêtes. Il userait, par les coups même qu’il saurait supporter sans mourir, le tranchant du sabre ébréché de ses ennemis, et, d’abord relevé avec triomphe chez les Mahrattes et les Radjapoutes, il ne tarderait pas à se retrouver maître de la plus grande partie du terrain qu’il a perdu depuis tant de siècles. D’ailleurs il n’est pas inflexible aux transactions, et, s’il consentait, dans un traité définitif, à recevoir au rang de deux premières castes les belliqueux convertis des races arianisées du nord et cette classe remuante et active des métis anglo-hindous, ne contre-balancerait-il pas, dans son sein même, la longue infusion des types inférieurs, et ne pourrait-il ainsi renaître à quelque médiocre puissance ? Il se passerait probablement quelque chose de ce genre. Toutefois, je l’avoue, le désordre ethnique en serait plus compliqué, et l’unité majestueuse de la civilisation primitive ne renaîtrait pas.

Ce ne sont là que les applications rigoureuses des principes posés jusqu’ici et des expériences que j’ai relevées et indiquées. Si, quittant ces hypothèses, on veut laisser l’avenir, et se borner à résumer les enseignements qu’au point de vue des races on peut tirer de l’histoire de l’Inde, voici les faits, tout à fait incontestables, qui en ressortent.

Nous devons considérer la famille ariane comme la plus noble, la plus intelligente, la plus énergique de l’espèce blanche. En Égypte, où nous l’avons aperçue d’abord, sur la terre hindoue, où nous venons de l’observer, nous lui avons reconnu de hautes facultés philosophiques, un grand sentiment de moralité, de la douceur dans ses institutions, de l’énergie à les maintenir ; en somme, une supériorité marquée sur les aborigènes, soit de la vallée du Nil, soit des bords de l’Indus, du Gange et du Brahmapoutra.

En Égypte, pourtant, nous n’avons réussi à la considérer que déjà, et dès la plus haute antiquité, violemment combattue et paralysée par des immixtions trop considérables de sang noir, et, à mesure que les temps ont marché, cette immixtion, prenant plus de forces, a fini par absorber les énergies du principe auquel la civilisation égyptienne devait la vie. Dans l’Inde, il n’en a pas été de même. Le torrent arian, précipité du haut de la vallée de Kachemyr sur la péninsule cisgangétique, était des plus considérables. Il eut beau être dédoublé par la désertion des Zoroastriens, il resta toujours puissant, et le régime des castes fut, malgré sa décomposition lente, malgré ses déviations répétées, une cause décisive, qui conserva aux deux hautes classes de la société hindoue les vertus et les avantages de l’autorité. Puis, si des infiltrations illégales de sang étranger eurent lieu, par l’influence des révolutions, dans les veines des brahmanes et des kschattryas, toutes ne furent pas nuisibles de la même façon, toutes ne produisirent pas de mauvaises conséquences semblables. Ce qui provint des tribus arianes ou demi-arianes du nord renforça la vigueur de l’ancien principe blanc, et nous avons remarqué que l’invasion des Pandavas avait fait une trouée bien profonde dans l’Aryavarta. L’influence de cette immigration y fut donc désorganisatrice, et non pas énervante. Puis, au pourtour entier de cette même frontière montagneuse, d’autres populations blanches paraissaient incessamment sur les crêtes, et descendant jusque dans l’Inde, à différentes époques, elles ont également apporté quelque ressouvenir des mérites de l’espèce.

Quant aux mélanges nuisibles, la famille hindoue n’a pas autant à gémir des parentés jaunes qu’elle s’est données que des noires, et bien que, sans nul doute, elle n’ait pas vu sortir de ces mélanges des descendances aussi robustes que lorsqu’elle ne produisait qu’avec elle-même, elle possède cependant, de ce côté, des lignées qui ne sont pas absolument dénuées de valeur, et qui, mêlant à la culture hindoue, dont elles ont adopté les principales règles, certaines idées chinoises, prêtent, au besoin, quelque secours à la civilisation brahmanique. Tels sont les Mahrattes, tels encore, les Birmans.

En somme, la force de l’Inde contre les invasions étrangères, la force qui persiste tout en cédant reste cantonnée dans le nord-ouest, le nord et l’ouest, c’est-à-dire chez les peuples d’origine ariane plus ou moins pure : Syndhis, Rohillas, montagnards de l’Hindou-koh, Sykhes, Radjapoutes, Gorkhas du Népaul ; puis viennent les Mahrattes, enfin les Birmans que j’ai nommés plus haut. Dans ce camp de réserve, la suprématie appartient, incontestablement, aux descendances les plus arianisées du nord et du nord-ouest. Et quelle singulière persistance ethnique, quelle conscience vive et puissante toute famille alliée à la race ariane a de son mérite ! J’en trouverais une marque singulière dans l’existence curieuse d’une religion bien étrange répandue chez quelques peuplades misérables, habitantes des pics septentrionaux. Là, des tribus encore fidèles à l’ancienne histoire sont cernées de tous côtés par des jaunes qui, maîtres des vallées basses, les ont repoussées sur les hauteurs neigeuses et dans les gorges alpestres, et ces peuples, nos derniers et malheureux parents, adorent, avant tout, un ancien héros appelé Bhim-Sem. Ce dieu, fils de Pandou, est la personnification de la race blanche dans la dernière grande migration qu’elle ait opérée de ce côté du monde (1)[23].

Il reste le sud de l’Inde, la partie qui s’étend vers Calcutta, le long du Gange, les vastes provinces du centre et le Dekkhan. Dans ces régions, les tribus de sauvages noirs sont nombreuses, les forêts immenses, impénétrables, et l’usage des dialectes dérivés du sanscrit cesse presque complètement. Un amas de langues, plus ou moins ennoblies par des emprunts à l’idiome sacré, le tamoul, le malabare et cent autres se partagent les populations. Une bigarrure infinie de carnations étonne d’abord l’Européen, qui, dans l’aspect physique des hommes, ne découvre aucune trace d’unité, pas même chez les hautes castes. Ces contrées sont celles où le mélange avec les aborigènes est le plus avancé. Elles sont aussi les moins recommandables, à tous égards. Des multitudes molles, sans énergie, sans courage, plus bassement superstitieuses que partout ailleurs, semblent mortes, et ce n’est qu’être juste envers elles que de les déclarer incapables de se laisser galvaniser, un seul instant, par un désir d’indépendance. Elles n’ont jamais été que soumises et sujettes, et le brahmanisme n’en a reçu nul secours, car la proportion de sang des noirs, répandue au sein de cette masse, dépasse trop ce que l’on voit dans le nord, d’où les tribus arianes n’ont jamais poussé jusque-là, soit par terre, soit par mer, que des colonies insuffisantes (1)[24].

Cependant ces contrées méridionales de l’Inde possèdent, aujourd’hui, un nouvel élément ethnique d’une grande valeur, auquel j’ai déjà fait allusion plus haut. Ce sont les métis, nés de pères européens et de mères indigènes et croisés de nouveau avec des Européens et des natifs. Cette classe, qui va, chaque jour s’augmentant, montre des qualités si spéciales, une intelligence si vive, que l’attention des savants et des politiques s’est déjà éveillée à son sujet, et l’on a vu, dans son existence, la cause future des révolutions de l’Inde.

Il est de fait qu’elle mérite l’intérêt. Du côté des mères, l’origine n’est pas brillante : ce ne sont guère que les plus basses classes qui fournissent des sujets aux plaisirs des conquérants. Si quelques femmes appartiennent à un rang social un peu moins rabaissé, ce sont des musulmanes, et cette circonstance ne garantit aucune supériorité de sang. Toutefois, comme l’origine de ces Hindoues a cessé d’être absolument identique avec l’espèce noire et qu’elle a déjà été relevée par l’accession d’un principe blanc, si faible qu’on veuille le supposer, il y a profit, et l’on doit établir une immense distance entre le produit d’une femme bengali de basse caste et celui d’une négresse yolof ou bambara.

Du côté du père, il peut exister de grandes différences dans l’intensité du principe blanc transmis à l’enfant. Suivant que cet homme est anglais, irlandais, français, italien ou espagnol, les variations sont notables. Comme, le plus souvent, le sang anglais domine, comme il est celui qui, en Europe, a conservé le plus d’affinités avec l’essence ariane, les métis sont généralement beaux ou intelligents. Je m’unis donc à l’opinion qui attache de l’importance pour l’avenir de l’Inde au développement de cette population nouvelle, et, en m’abstenant de penser qu’elle soit jamais en état de mettre la main au collet de ses maîtres et de s’attaquer au radieux génie de la Grande-Bretagne, je ne crois pas inadmissible qu’après les dominateurs européens le sol de l’Inde ne la voie saisir le sceptre. À la vérité, cette race composite est exposée au même danger sous lequel ont succombé presque toutes les nations musulmanes, j’entends la continuité des mélanges et l’abâtardissement qui en est la conséquence. Le brahmanisme seul possède le secret de contrarier le progrès d’un tel fléau.

Après avoir ainsi classé les groupes hindous et indiqué les points d’où l’étincelle vivante, encore que très affaiblie, jaillira à l’occasion, je ne saurais m’empêcher de revenir sur la longévité si extraordinaire d’une civilisation qui fonctionnait avant les âges héroïques de la Grèce, et qui, sauf les modifications voulues par les variations ethniques, a gardé, jusqu’à nos jours, les mêmes principes, a toujours cheminé dans les mêmes voies, parce que la race dirigeante est demeurée suffisamment compacte. Ce colosse merveilleux de génie, de force, de beauté, a, depuis Hérodote, offert au monde occidental l’image d’une de ces prêtresses qui, bien que couvertes d’une robe épaisse et d’un voile discret, parvenaient cependant, par la majesté de leur attitude, à convaincre tous les regards qu’elles étaient belles. On ne la voyait pas, on n’apercevait que les grands plis de ses vêtements, on n’avait jamais dépassé la zone occupée par les peuples qu’elle-même renonçait comme siens. Plus tard, les conquêtes des musulmans, à demi connues en Europe, et leurs découvertes, dont les résultats n’arrivaient que défigurés, augmentèrent graduellement l’admiration pour ce pays mystérieux, bien que la connaissance en restât fort imparfaite.

Mais, depuis une vingtaine d’années que la philologie, la philosophie, la statistique, ont commencé l’inventaire de la société et de la nature hindoues, sans presque avoir l’espérance de le compléter de bien longtemps, tant la matière est riche et abondante, il est arrivé le contraire de ce que révèle l’expérience commune : moins une chose est connue, plus on l’admire ; ici, à mesure qu’on connaît et qu’on apprécie mieux, on admire davantage. Habitués à l’existence bornée de nos civilisations, nous répétions, imperturbablement, les paroles du psautier sur la fragilité des choses humaines, et lorsque le rideau immense qui cachait l’activité de l’existence asiatique a été soulevé, et que l’Inde et la Chine ont apparu clairement à nos regards, avec leurs constitutions inébranlables, nous n’avons su comment prendre cette découverte si humiliante pour notre sagesse et notre force.

Quelle honte, en effet, pour des systèmes qui se sont proclamés chacun à leur tour et se proclament encore sans rivaux ! Quelle leçon pour la pensée grecque, romaine, pour la nôtre, que de voir un pays qui, battu par huit cents ans de pillage et de massacres, de spoliations et de misères, compte plus de cent quarante millions d’habitants, et, probablement, avant ses malheurs, en nourrissait plus du double ; pays qui n’a jamais cessé d’entourer de son affection sans bornes et de sa conviction dévouée les idées religieuses, sociales et politiques auxquelles il doit la vie, et qui, dans leur abaissement, lui conservent le caractère indélébile de sa nationalité ! Quelle leçon, dis-je, pour les États de l’Occident, condamnés par l’instabilité de leurs croyances à changer incessamment de formes et de direction, pareils aux dunes mobiles de certains rivages de la mer du Nord !

Il y aurait pourtant injustice à blâmer trop les uns comme à trop louer les autres. La longévité de l’Inde n’est que le bénéfice d’une loi naturelle qui n’a pu trouver que rarement à s’appliquer en bien. Avec une race dominante éternellement la même, ce pays a possédé des principes éternellement semblables ; tandis que, partout ailleurs, les groupes, se mêlant sans frein et sans choix, se succédant avec rapidité, n’ont pas réussi à faire vivre leurs institutions, parce qu’ils disparaissaient eux-mêmes rapidement devant des successeurs pourvus d’instincts nouveaux.

Mais je viens de le dire : l’Inde n’a pas été le seul pays où se soit réalisé le phénomène que j’admire : il faut citer encore la Chine. Recherchons si les mêmes causes y ont amené les mêmes effets. Cette étude se lie d’autant mieux à celle qui finit ici, qu’entre le Céleste Empire et les pays hindous s’étendent de vastes régions, comme le Thibet, où des institutions mixtes portent le caractère des deux sociétés d’où elles émanent. Mais, avant de nous informer si cette dualité est vraiment le résultat d’un double principe ethnique, il faut, de toute nécessité, connaître la source de la culture sociale en Chine, et nous rendre compte du rang que cette contrée a droit d’occuper parmi les nations civilisées du monde.



  1. Burnouf, ouvr. cité, p. 287.
  2. Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 356 et 711. — C’est à l’époque de Cyrus. Vers le même temps, Scylax exécuta son périple de la mer Érythrée, et rapporta dans l’occident les premières notions sur les pays hindous que recueillirent Hécatée et Hérodote par l’intermédiaire des Perses. — L’Inde était, à ce moment, à l’apogée de sa civilisation et de sa puissance. (Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 131.)
  3. (1) Burnouf, Introduction à l'hist. du bouddh., etc., t. I, p. 152 et passim et 211.
  4. (1) Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 831 ; Burnouf, Introduction à l’hist. du bouddhisme indien, t. I, p. 152 et passim.
  5. (2) Burnouf, Introd. à l’hist. du bouddh. indien, t. I, p. 194.
  6. (3) Un de ses principaux arguments à l’adresse des hommes des basses castes était de leur dire que, dans leurs existences antérieures, ils avaient fait partie des plus hautes, et que, par le seul fait qu’ils l’écoutaient, ils étaient dignes d’y rentrer. (Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 196.)
  7. (4) Ouvrage cité, t. I, p. 211.
  8. (1) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 205.
  9. (2) Les éléments révolutionnaires ne manquaient pas absolument dans ce monde hindou où les classes moyennes, les chefs de métiers, les marchands, les chefs de marins, avaient acquis une importance extraordinaire. Mais l’édifice était si bien cimenté, qu’il pouvait résister à tout. — Voir Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 163, où il est fait mention d’une légende bouddhique qui met bien en relief la puissance de la bourgeoise vayçia à l’époque où se forma le bouddhisme. Je remarquerai ici que, pour ces temps de l’histoire hindoue, les légendes des bouddhas ont le même genre d’intérêt historique que, chez nous, les vies des saints, lorsqu’il s’agit des âges de la domination mérovingienne. Ces productions, d’une piété également vive, bien que différemment appliquée, se ressemblent de très près. Elles racontent les mœurs, les usages du temps où le vénérable personnage dont elles s’occupent a vécu, et ont, les unes et les autres, celles des Arians-Franks, comme celles des Arians-Hindous, la même prédilection pour la partie philosophique de l’histoire, unie au même dédain de la chronologie.
  10. (1) Burnouf, Introduct. à l’hist., etc., t. I, p. 395, note.
  11. (2) Ibid., p. 586.
  12. 3) Quand les brahmanes reprochaient à Sakya de s’entourer de gens appartenant aux castes impures ou de personnes de mauvaise vie, Sakya répondait : « Ma loi est une loi de grâce pour tous. » (Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 198.) — Cette loi de grâce devint très promptement une sorte de religiosité facile qui recrutait des partisans dans les classes supérieures, parmi les hommes dégoûtés de toutes les restrictions que le régime brahmanique inflige à ses fidèles, par suite de cette idée qu’on ne peut se faire pardonner les fautes de l’existence actuelle et se rendre dignes de passer dans un rang supérieur, qu’au prix des plus redoutables austérités. Ainsi, un jeune ascète, après de longues abstinences au fond d’une forêt, se donne en pâture a une tigresse, qui vient de mettre bas, en s’écriant : « Comme il est vrai que je n’abandonne la vie ni pour la royauté, ni pour les jouissances du plaisir, ni pour le rang de sakya, ni pour celui de monarque souverain, mais bien pour arriver à l’état suprême de bouddha parfaitement accompli ! » (Burnouf, ibid., p. 159 et passim.) — Les bouddhistes prenaient les choses d’une façon plus commode. Ils condamnaient ces rigueurs personnelles comme inutiles, et leur substituaient le simple repentir et l’aveu de la faute, ce qui, du reste, les fit arriver très promptement à instituer la confession. (Ibid., p. 299.)
  13. (1) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 196, 277.
  14. (2) Ibid., p. 287.
  15. (1) Burnouf, Introduction à l’hist., etc., t. I, p. 337. — Le bouddhisme hindou est aujourd’hui tellement dégénéré dans les provinces lointaines où il végète encore, que les religieux se marient, usage diamétralement opposé à l’esprit de la foi fondamentale. Ces religieux mariés se nomment au Népaul vadjra âtchâryas. (Ibid.)
  16. (2) Ibid., p. 586.
  17. (3) Burnouf, Introd. à l’hist., etc., t. I, p. 144. — Il fit plus que de les admettre en pratique. Il se montra faible au point de donner un démenti à sa prétention d’être une loi de grâce pour tous, en avouant que les boddhissatvas ne pouvaient s’incarner que dans des familles de brahmanes ou de kschattryas. (Ibid.)
  18. (1) M. Burnouf se sert très habilement de la postériorité de l’ontologie dans le bouddhisme pour établir l’âge de ce système religieux (Ouvr. cité, t. I, p. 132.)
  19. (2) Voir les détails nombreux sur ce cylindre, très en usage chez les Mongols, dans les Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, pendant les années 1844, 1845 et 1846 (Paris, 1850), par M. Huc, prêtre missionnaire de la congrégation de Saint-Lazare. — Voir aussi, dans le même ouvrage, ce qui a rapport à la réforme moderne du bouddhisme lamaïque, appelée réforme de Tsong-Kaba, et qui date du XVIIe siècle. L’esprit hindou, dont il restait peu, a été presque absolument expulsé par ces innovations.
  20. (1) Burnouf, ouvr. cité, t. I, p. 339. — Bouddha, considéré comme une incarnation de Vischnou, est une idée qui ne remonte pas plus haut que l’an 1005 de l’ère de Vikramâditya, 943 de la nôtre.
  21. (1) Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 353.
  22. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III, p. 111 et passim.
  23. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III p. 115.
  24. (1) Lassen, Indische Alterth., t. I, p. 391.