Eveline, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde/Chapitre III

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Chez tous les Marchands de Nouveautés, Paris, 1907
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CHAPITRE III

ROBERT — THOMPSON — LA DÉCOUVERTE


Immédiatement après le départ de mon frère, je quittai le Havre, ne voulant pas rester une heure de plus dans cette ville, mais l’orage qui nous menaçait ayant pris des proportions inquiétantes, je fus obligée de m’arrêter en chemin à une auberge, où je ne trouvai qu’une chambre à deux lits entourés de rideaux. Je les acceptai néanmoins, et j’ordonnai qu’on m’allumât un bon feu, puis je m’informai de ce que je pourrais avoir pour souper. L’hôtelier me promit un chapon rôti et une omelette aux fines herbes ; je fis mettre deux couverts et demandai qu’on fît monter mon domestique pour souper avec moi. Le pauvre garçon voulut faire quelques observations, mais je le mis à l’aise en lui faisant observer qu’en voyage il fallait se plier aux circonstances ; il consentit alors à s’asseoir en face de moi, et tout en mangeant, je lui fis raconter son histoire. Capturé tout enfant par des marchands d’esclaves il avait été vendu à un riche marchand français qui l’avait amené dans son pays où il avait fini par s’acclimater surtout depuis, dit-il, qu’il était à mon service. Une fois le couvert enlevé, je fis fermer la porte au verrou, et je demandai à Robert s’il savait délacer un corset.

— Pas trop, mademoiselle, mais je ferai de mon mieux.

Il essaya, en effet, mais soit timidité ou toute autre cause, sa main tremblait et ses yeux brillaient comme des diamants.

— C’est bien, Robert, vous pouvez aller vous déshabiller derrière vos rideaux, pendant que je vais changer de linge.

Lorsque je fus à peu près sûre qu’il était déshabillé, je l’appelai pour m’ôter mes bottines.

— Mais, mademoiselle, je suis tout nu.

— Cela ne fait rien, éteignez la bougie.

Il mit un genou à terre, et je plaçai mon pied gauche sur l’autre qu’il avait relevé. L’émotion qu’il avait déjà ressentie se manifesta de nouveau, et il fut assez longtemps à pouvoir défaire le nœud de mon lacet ; lorsqu’il eut fini, j’avançai mon pied droit pour qu’il me rendit le même service, et, de mon pied gauche entièrement nu, je frôlai un membre monstrueux qui semblait avancer au moins de neuf pouces.

— Avez-vous une bonne amie, Robert ?

— Non, mademoiselle, les femmes blanches n’aiment pas les Noirs.

— Pauvre garçon, défaites donc ma jarretière et mon bas.

Lorsque mon autre pied fut nu, je le plaçai de l’autre côté de la grosse machine et je la pressai entre les deux. Je sentis quelque chose de chaud et de liquide mouiller mes cuisses que j’avais légèrement découvertes pour lui permettre de retirer mes jarretières. Mais comme il ne fit pas un mouvement pour s’avancer, je lui demandai de me frotter les jambes, ce qu’il fit gauchement et timidement.

— Frottez donc plus haut, Robert, plus haut.

Robert, enhardi par ma complaisance, se pencha et embrassa mon pied, je saisis sa grosse tête crépue dans mes mains et l’embrassai au front ; ses mains s’égarèrent et touchèrent mon petit con ; je cherchai alors ses lèvres douces comme du velours et embaumées comme une rose nouvelle ; en un instant il m’eut entourée de ses bras et renversée sur le lit sa grosse pine trouva le chemin facilement et je pensai m’évanouir de volupté en la sentant pénétrer dans ma chair, où elle me versa un flot de foutre chaud et voluptueux qui me fit perdre connaissance.

Ses baisers brûlants me rappelèrent à moi, mais sentant entre les cuisses une sensation douloureuse, je m’aperçus alors qu’il ne s’était pas retiré et que son membre énorme remplissait exactement mon con. Dès qu’il me vit les yeux ouverts, il recommença à se mouvoir, et une fois encore le torrent d’amour s’échappa de ses veines pour me transporter au ciel. Jamais je n’avais ressenti un plaisir pareil à celui que me procurait ce nègre ; mon sang coulait délicieusement dans mes veines, je restai inerte, pâmée, dans un état de langueur délicieux, le monde évanoui à mes yeux se concentrait tout sur l’être anéanti dans mes bras. Nos lèvres collées l’une à l’autre semblaient boire un nectar délicieux ; après quelques minutes de repos, il recommença un troisième sacrifice qui me convainquit du miraculeux pouvoir de ce pauvre nègre dédaigné et méprisé.

— Oh ! cher Robert, lui dis-je, viens dormir dans mes bras, laisse-moi te chérir et t’adorer ; que ne puis-je ouvertement me glorifier de ton amour ! Avec quelle joie je t’avouerais pour mon mari ! mais hélas ! ta peau est noire et les préjugés de la société mettent une barrière infranchissable entre nous. L’Européen orgueilleux te méprise comme un être inférieur, et toi, être bon, intelligent, généreux et fidèle, tu traînes une existence de servitude et de dépendance.

Cette nuit fut un long embrasement d’amour, Robert était infatigable ; sept fois, il me prouva son amour et sa force ; aussi j’étais littéralement épuisée et dès que le jour parut, je le fis lever pour aller me chercher quelques aliments, car je me sentais défaillir ; mais avant de le laisser partir, je le serrai encore dans mes bras, suçant ses lèvres, ne pouvant me détacher de lui.

Pendant son absence, je me sentis mal à l’aise avec une forte envie de vomir, je devins pâle tout à coup.

— Ciel ! serais-je enceinte ! aurais-je conçu ! que vais-je devenir ? que faire ? comment cacher un si terrible secret ?

Tout d’un coup je me souvins que j’avais oublié de prendre la potion que William m’avait donnée et que j’avais emportée ; je me précipitai sur la bouteille et j’avalai deux verres coup sur coup de la liqueur amère et nauséabonde ; quand Robert revint frapper à ma porte, je lui dis que j’étais souffrante et que je désirais me reposer toute la journée.

— Mais qu’avez-vous, chère maîtresse ?

— Rien, Robert, je suis seulement très fatiguée, vous m’avez presque tuée avec vos douces caresses, j’ai seulement besoin de repos et de sommeil, et je vais m’endormir immédiatement ; je vous appellerai quand je serai réveillée.

Je m’endormis, en effet, mais environ trois heures après, je fus réveillé par une douleur affreuse dans les entrailles ; j’étais prête à m’évanouir, mais mon courage me soutint ; les douleurs cessèrent pendant quelques minutes, puis elles revinrent si violentes, que je fis entendre un gémissement. Robert qui était à la porte m’entendit et voulut entrer, mais je l’avais fermée et je lui dis de ne pas s’inquiéter.

Les douleurs se succédaient rapides et violentes, une sueur froide et glacée me couvrait le corps, une troisième attaque plus violente et plus terrible me fit rejeter un liquide blanc mélangé de sang, je perdis connaissance et quand je revins à moi, je m’aperçus que j’avais avorté. Je remerciai le Ciel pour sa protection et quoique je fusse extrêmement faible, je me levai et tâchai de faire disparaître les traces de ma faute.

Je me reposai deux jours encore et quand j’arrivai à Paris, le soir du troisième jour, rien ne paraissait de mon accident si ce n’est un peu de pâleur.

J’avais donné rendez-vous à Robert pour le soir et en effet, vers minuit, ma porte s’ouvrit doucement et Robert entra. Ces deux nuits passées loin de lui avaient irrité nos désirs, aussi nous nous étreignîmes éperdument ; en un instant il fut sur moi, m’inondant de son foutre brûlant ; deux fois, il déchargea encore sans sortir de mon con ; pendant ce temps il me couvrait de baisers, suçant le bout de mes seins ; l’odeur de son corps me rendait folle de luxure, je sentais son vit grossir et s’enfler en moi.

— Ah ! mon bien-aimé, je me meurs, donne-moi ton âme ! et je m’évanouis de bonheur.

Il se retira alors et se coucha à côté de moi, je me retournai et posai mes fesses nues sur son ventre pour nous endormir ainsi.

Mais vers une heure, une sensation délicieuse m’éveilla : c’était mon Robert qui avait doucement introduit son monstrueux membre dans mon con, et qui se préparait à récompenser mon sommeil interrompu par une copieuse libation. Ce jeu nous plut et il le répéta deux fois avant de me quitter, vers cinq heures du matin. Je l’avertis que chaque fois qu’il me verrait un ruban blanc autour du cou, il pourrait venir me retrouver le soir ; il promit de m’obéir et après son départ, je m’endormis d’un sommeil réparateur. Le lendemain, ma mère envoya Robert à Orléans. Le surlendemain qui se trouvait être un dimanche, mes parents et tous les domestiques partirent pour le temple ; je prétextai un mal de tête, et disant que je ne sortirais pas de toute la journée, je donnai congé à ma femme de chambre. Aussitôt qu’elle fut partie, je me rappelai que j’avais un mot à écrire à Mlle V…, ma voisine, mais je n’avais personne pour l’envoyer que la cuisinière française. Heureusement, j’entendis la voiture qui revenait et j’eus l’idée d’envoyer Thompson ; dès qu’il eut rentré les chevaux, je me dirigeai vers les écuries.

— Thompson, voulez-vous me faire le plaisir de porter cette lettre à Mlle V… ?

— Avec plaisir, mademoiselle, faut-il une réponse ?

— Oui, et je vous attendrai ici.

Pendant son absence, j’admirai la bonne tenue des écuries, leur propreté et je m’enivrai de l’odeur pénétrante du foin coupé qui me rappelait les vertes prairies de mon pays natal.

— Eh bien ! Thompson, quelle réponse ?

— Mlle V… vous accompagnera sûrement demain au marché aux fleurs.

— Je vous remercie, Thompson ; comment va votre cheval ?

— Mais très bien, mademoiselle ; ah ! n’allez pas voir Congo, il pourrait ruer ; et tout en parlant, il me prit par le bras pour me faire reculer.

— Vous avez oublié de payer le commissionnaire, mademoiselle !

Je portai la main à ma poche pour sortir ma bourse, mais d’un geste il m’arrêta.

— Je n’ai pas besoin d’argent.

— Que voulez-vous donc alors ?

— Vous embrasser !

— Oh bien ! Thompson, si cela doit vous rendre heureux, voici mes joues. Ah ! mais je ne vous ai pas dit d’embrasser mes lèvres et de me prendre dans vos bras, laissez-moi Thompson, vous êtes vraiment bien trop hardi.

— Non, non, encore un baiser.

— Laissez-moi d’abord.

— Embrassez-moi avant ! Ah ! chère Éveline, vous êtes la plus adorable des femmes. J’essayais de me débattre, mais il m’entraînait sur le foin, relevant mes jupes et égarant ses mains sur mes cuisses.

— Oh ! Ciel ! Thompson, que faites-vous ? vous me faites mal, je m’en vais crier si vous ne finissez pas, sortez vos mains, grand Dieu ! vous vous déboutonnez, que veut dire ceci ? vous me faites mal… Ah ! mon Dieu !… mon cher… cher… Thompson… je me meurs… Oh ! Vous savez, Thompson, que je ne vous pardonnerai jamais.

— Vraiment, douce Éveline ?

— Je le dirai à maman.

— Je n’en crois rien, ma chère.

— Je ne vous parlerai de ma vie.

— Où allez-vous maintenant, ma chérie ?

— Dans le parloir et je vous défends de m’y suivre, ou je vous bats.

— Justement, j’ai envie d’être battu.

— Suivez-moi si vous l’osez !

Je m’élançai à travers les jardins, je bondis dans le parloir, je fermai la porte derrière moi et j’allai m’asseoir sur un sofa ; l’autre porte s’ouvrit et Thompson entra. Il s’avança vers moi, se tint debout et sortit son membre qui avait environ neuf pouces de longueur et était aussi gros que mon poignet, je contemplai la tête qui était d’une belle couleur pourpre, je la touchai, c’était dur et raide, une sensation inouïe de volupté me saisit et je l’embrassai, la pressant entre mes lèvres. Thompson alors releva mes jupes, introduisit son doigt et se mit à me branler. Je sentis la tête que je roulai entre mes lèvres se gonfler sous cette caresse et devenir brûlante, bientôt un jet de foutre inonda ma gorge et pour la première fois que je reçus dans ma bouche le foutre d’un homme, je l’avalai jusqu’à la dernière goutte, sentant sa vivifiante chaleur réchauffer mes entrailles.

— Ma douce Éveline, vous êtes la plus voluptueuse des femmes que j’aie jamais connues !

— Et vous, mon cher Thompson, un homme formé pour donner du plaisir à Éveline.

— Voulez-vous me permettre d’aller vous trouver ce soir ?

— Non, ce serait trop dangereux. J’aime mieux aller vous trouver aux écuries. Chaque fois que je porterai une robe bleue ou un ruban bleu, vous m’attendrez, mais faites attention de ne pas recevoir d’autre femme.

— Qui voulez-vous que je reçoive ?

— Je ne sais pas, les hommes sont si faibles, vous pourriez prendre une autre femme pour moi.

— Il n’y a pas de danger, aucune femme ne peut vous être comparée.

En ce moment, nous nous souvînmes que nous n’avions pas fermé la porte au verrou ; Thompson répara son imprudence et voulut avant de me quitter me prouver encore une fois son amour.

— Faites vite, Thompson, car c’est bientôt l’heure d’aller chercher maman (en moi-même je disais ma rivale).

Je me couchai sur le sofa, et me saisissant de son vit, je l’enfonçai moi-même entre les lèvres de mon con. Quelle délicieuse sensation ! comme il est gros et long !

— Oh ! mon cher Thompson, quel plaisir céleste tu me donnes !

— Donne-moi ta langue, ma chérie.

— Oh ciel ! je puis à peine supporter cette volupté… Ah ! je vais décharger… Oh ! donne-moi tout… Oh !… Oh !…

— Maintenant, mon cher Thompson, allez-vous en ; à propos, achetez-moi une petite lanterne sourde que vous me remettrez ce soir.

« Eh bien ! mademoiselle Éveline, me semble-t-il entendre dire au lecteur, sur ma parole, vous faites des progrès, un valet, un nègre, un cocher, et votre frère dont je ne parle pas, car c’est un gentleman, mais quoi, trois domestiques et pas un seul maître. » Mais certainement, chère lectrice, supposez-vous que je sois assez idiote pour donner mes faveurs à des gentlemen que je pourrais rencontrer dans les salons que je fréquente ? Pensez-vous que cela me ferait plaisir d’être le sujet des conversations d’après-dîner entre hommes ? Croyez-vous que je désire sacrifier ma réputation ? Vous imaginez-vous, par hasard, que la constitution débilitée par le jeu ou par la débauche de tous ces beaux messieurs, pourrait satisfaire une fille de mon tempérament ?

Non, non, je préfère les valets, les cochers, ces robustes gaillards nourris de roastbeefs saignants et de bière fortifiante, qui considèrent mes faveurs comme un honneur et qui n’oseraient jamais en parler, de peur de perdre leur place en courant le risque de ne pas être crus. La moitié de vos gentlemen ne vaut rien, l’autre moitié se ferait un jeu de ma bonté et m’abandonnerait pour une danseuse ou quelque jolie grisette qu’ils pourraient montrer en public, car la moitié de leurs intrigues sont en vue de leur amour-propre et de leur vanité. De retour dans ma chambre, une singulière curiosité me poussa à examiner de très près un miroir long, encastré dans le mur.

J’avais tant lu d’histoires de portes secrètes, d’escaliers dérobés que je me figurais trouver quelque chose de semblable dans cette vielle demeure. Avec la pointe de mes ciseaux, je pressai sur les vis qui tenaient la glace, à la fin, j’en touchai une qui sembla céder, j’appuyai de toutes mes forces et j’eus la satisfaction de voir le miroir se déplacer et démasquer une entrée étroite et sombre, d’où partait un escalier noir qui s’enfonçait dans la terre. Je restai immobile pendant quelques instants, mon cœur battait avec force ; qui sait si cet escalier ne conduisait pas à quelque caveau souterrain, à quelque cachot où un meurtre aurait été commis, où quelque innocente victime aurait passé son agonie dans les tourments du désespoir ? Je palpitai de crainte et d’espérance, mais le courage me revint et je résolus d’affronter l’inconnu.

Je descendis lentement l’escalier pas à pas, hésitante, troublée jusqu’au fond ; mais me trouvant alors seule et sans lumière, mon courage m’abandonna, je me sentis faiblir ; un moment, j’eus l’idée de remonter, mais je me trouvai lâche, et avançai doucement, tâtant le terrain du pied. Je marchai ainsi dix minutes à peu près, lorsque je butai soudain contre un obstacle ; avec mes mains, je reconnus que c’était un escalier, je le montai et je trouvai une porte où il n’y avait ni serrure ni verrou ; devinant qu’il ne pouvait y avoir qu’un secret, je tâtonnai tout le long de la porte jusqu’à ce que je rencontre un bouton qui, sous la pression, s’enfonça et la porte s’étant ouverte, je me trouvai dans le petit temple bâti au fond du jardin, et qui communiquait par une porte extérieure avec une petite ruelle écartée.

Je bondis de joie, je me trouvai la plus heureuse des femmes ; la liberté d’aller, de venir, sans contrôle sur mes actions, c’était plus que je n’avais rêvé. À force de chercher, je trouvai sous un canapé la clef de la porte de la rue. Je l’essayai et voyant qu’elle jouait parfaitement, je la remis à sa place et repris le chemin souterrain pour rentrer dans ma chambre. Je restai longtemps à songer, combinant mes plans ; le chapitre suivant vous apprendra comment je les mis à exécution.