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Exposé élémentaire de la théorie d’Einstein et de sa généralisation/relativité restreinte

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APPENDICE II. RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.  ►
APPENDICE I. RELATIVITÉ RESTREINTE.

APPENDICE[1]

I. — RELATIVITÉ RESTREINTE.

Note 1 (p. 21).

Sur l’invariance de la distance spatiale de deux événements simultanés.

Soient , les coordonnées d’espace de deux événements simultanés dans un premier système , et soient , les coordonnées des deux mêmes événements dans un second système . La distance spatiale est donnée par les équations :

dans le système
dans le système .

L’application des formules du groupe de Galilée donne  ; le temps s’élimine parce que, la simultanéité étant supposée absolue, les événements se produisent à la même époque dans les deux systèmes.

Note 2 (p. 24).

Sur les équations de la dynamique classique.

étant la masse d’un point matériel ; , , et , , désignant les composantes de la force dans les systèmes et non accélérés, les équations du mouvement s’écrivent

avec la relation

Les équations fondamentales ont la même forme dans les deux systèmes ; on peut les résumer par la relation vectorielle

( vecteur accélération)

où tout système de coordonnées a disparu.

Note 3 (p. 31).

Sur la contraction de Fitzgerald-Lorentz.

Soient le trajet optique de la lumière entre la face semi-argentée de la lame et le miroir  ; le trajet entre la lame et le miroir  ; si le bras est parallèle au mouvement absolu de la terre, le temps que met la lumière à aller de au miroir et à revenir en est

Le temps employé pour parcourir le bras , aller et retour, est

Pour que , il faut et il suffit que

Note 4 (p. 37).

Remarque sur la mesure du temps.

En disant que les observateurs ont des horloges étalons identiques, nous supposons qu’ils mesurent le temps en prenant comme étalon de temps la période d’un même phénomène, en choisissant un phénomène qui ne soit pas déterminé par des conditions spéciales à un système particulier : par exemple, un pendule ne pourra pas servir d’étalon universel, parce que sa période d’oscillation est déterminé par la pesanteur ; mais on pourra adopter la période d’une radiation émise par un corps et prendre pour unité de temps, dans tous les systèmes, un même multiple de cette période.

Note 5 (p. 39).

Le groupe de Lorentz.

Soit un même événement noté , , , par les observateurs du système et noté , y, , par les observateurs du système en translation uniforme avec la vitesse par rapport à .

Cherchons les fonctions , , , satisfaisant aux relations

Si l’on suppose la combinaison de l’espace et du temps homogène, ces formules doivent s’appliquer quel que soit l’événement de référence ou et l’on trouve aisément la forme des fonctions : considérons trois événements (indices 0, 1, 2), nous aurons

D’où

équation fonctionnelle qui montre que est une fonction linéaire et homogène de ses arguments ; il en est de même de

Prenons maintenant comme premier événement l’émission d’un signal lumineux en et à l’origine des temps ; au bout du temps pour l’observateur du système le signal lumineux est sur la surface de la sphère du système

la vitesse de la lumière étant une constante universelle, pour l’observateur du système le signal est au bout du temps sur la sphère du système

Si sont les coordonnées d’un même appareil qui reçoit le signal (second événement), on a

Les lois des phénomènes ne devant pas changer quand on passe de à et réciproquement, on a nécessairement et

(5-1)

La disposition d’axes choisie exige que :

(5-2)
quels que soient et on ait à la fois et
, et et
, et et .

Les relations linéaires et homogènes qui donnent , , , en fonction des , , , contiennent dans le cas général 16 coefficients fonctions de  ; avec la disposition envisagée, en vertu des conditions (5-2) il ne reste que 7 coefficients ; on les calcule aisément d’après l’identité (5-1) et l’on trouve les formules de Lorentz.

Note 6 (p. 44).

La composition des vitesses.

Différencions les équations de Lorentz.

Divisant les trois premières de ces équations par la dernière, nous obtenons

(6.1)

En particulier si, comme nous l’avons supposé dans le texte, est parallèle à , on a

(6-2)
 

Note 7 (p. 52).

Contraction des longueurs et dilatation du temps.

Soient , et , les abscisses des deux extrémités de la tige dans les systèmes et  ; la première des formules de Lorentz

appliquée aux deux points extrémités de la tige, à un même instant du système , donne

(7-1)

ou

D’autre part, considérons une horloge du système et deux événements infiniment voisins se produisant sur cette horloge ; nous avons : invariant avec .

D’où

(7-2)

Soit maintenant une tige infiniment courte dirigée parallèlement à la vitesse, immobile dans le système et de longueur dans ce système : considérons deux événements infiniment voisins concernant cette tige ; d’après (7-1) et (7-2), l’observateur du système mesure :

et

On a donc

(7-3)

Invariance de l’hypervolume d’univers. — Avec des tiges de longueurs au repos , , dirigées parallèlement aux axes, formons un parallélipipède rectangle, immobile dans  : soit un intervalle de temps infiniment court marqué par une horloge au centre de parallélipipède ; comme, avec notre choix d’axes, et , nous obtenons

(7-4)

ou encore en prenant comme coordonnée de temps la longueur

(7-5)

Note 8 (p. 57).

sur le temps propre.

Considérons deux mobiles et en coïncidence absolue aux événements et , et ayant, entre ces événements, des lignes d’Univers différentes. Supposons que soit en translation uniforme ; a alors nécessairement subi une accélération entre les deux événements considérés. Repérons les événements dans un système (en translation uniforme) lié à .

Prenons deux époques et du temps du système , comprises entre les époques et , auxquelles se produisent, toujours dans le système lié à , les événements et . Aux époques et , le second mobile est repéré , , ,  ; , , , dans le système  ; ces coordonnées déterminent, sur la ligne d’Univers de , deux événements infiniment voisins dont l’intervalle est  ; on a

mais on a aussi

par conséquent

(8-1)

ou

Les mobiles et étant en coïncidence absolue aux événements et , nous obtenons, par intégration,

(8-2)

Plus le mouvement de aura été accéléré, plus, par conséquent, les vitesses par rapport à seront grandes puisque la durée totale est fixe, et plus le temps propre total sera court.

En d’autres termes, entre deux événements déterminés, la plus longue ligne d’Univers est celle qui correspond au mouvement rectiligne et uniforme.

Note 9 (p. 59).

La loi d’inertie.

Une fonction a une variation nulle lorsqu’elle passe par un minimum ou par un maximum. Donc, pour la ligne géométrique la plus courte on a , et pour la ligne d’Univers la plus longue on a

(9-1)

Dans un cas comme dans l’autre, l’énoncé sous forme de loi d’action stationnaire est le même. La formule (9-1) est l’expression intrinsèque, indépendante de tout système de coordonnées, de la loi d’inertie.

Note 10.

I. — Le champ électromagnétique.

Dans un système de référence , soient au point , , et à l’instant  : , , les composantes de la force électrique. , , les composantes de l’induction magnétique, la densité de charge multipliée par , , , les composantes de la vitesse de la charge supposée en mouvement (courant de convection). Les équations de Maxwell-Lorentz s’écrivent

(10-1)

(10-2)

Dans un système de référence animé de la vitesse par rapport à , ces équations doivent être remplacées par des équations de même forme. Adoptons la disposition d’axes précédemment considérée ; le calcul montre que ces équations restent les mêmes si les nouvelles grandeurs (lettres accentuées) sont liées aux anciennes par les relations suivantes :

1o Les formules de Lorentz pour les transformations d’espace et de temps ;

2o Les formules (6-1) de composition des vitesses pour les  ;

3o Les formules suivantes, pour la transformation des grandeurs électriques et magnétiques.

(10-3)

(10-4)

4o (10-5)

a) Cette dernière formule donne immédiatement un résultat fondamental.

Soit la charge de l’élément de volume d’espace, on a

de (10-5) on déduit

ou d’après (7-4).

La charge électrique est un invariant.

b) Les formules (10-3), (10-4) montrent qu’un champ électrique et un champ magnétique n’ont pas d’existence absolue. Par exemple, ce qui est un pur champ magnétique dans un système est un champ mixte (électrique et magnétique) dans un autre système : ceci fait comprendre l’action d’un champ magnétique sur une charge en mouvement, car, alors que dans le système de l’observateur, il existe un pur champ magnétique, dans le système de la charge, il règne un champ électrique qui agit sur elle. On retrouve facilement, d’après ces formules, la loi de Biot et Savart et la loi de l’induction, qui ne subissent aucune correction dans la théorie nouvelle.

c) Appliquées aux ondes lumineuses, les formules de transformation permettent d’établir la théorie exacte de l’effet Doppler et de l’aberration de la lumière. Les anciennes formules ne constituent que des approximations ; les formules exactes sont :

(10-6)

(10-7)

est la fréquence propre de la source et la fréquence apparente pour l’observateur, est l’angle de la vitesse et du rayon lumineux dans le système de la source, est l’angle de la vitesse et du rayon reçu par l’observateur.

L’énergie lumineuse se transforme suivant la même loi que la fréquence,

(10-8)

On trouve enfin l’expression de la pression de la lumière sur un réflecteur intégral, animé de la vitesse par rapport à l’observateur.

(10-9)

étant l’amplitude des ondes, pour l’observateur.

II. — Dynamique de la relativité.

1o LA MASSE EST FONCTION DE LA VITESSE. — Dans un système un point matériel est supposé en mouvement avec la vitesse à l’instant

Introduisons un second système animé de la vitesse par rapport à Dans à l’instant considéré, le mobile a une vitesse nulle ; pendant le temps infiniment court qui suit, nous pouvons dans le système appliquer les équations de la dynamique classique puisque le mobile part du repos dans ce système.

Soient la masse initiale ou masse au repos du point matériel ; les composantes, mesurées par un observateur du système de la force que subit ce point ; nous avons

(10-10)

Pour avoir les équations de la dynamique dans le système , il faut chercher comment se transforment et en fonction des mesures faites dans le système

Adoptons la disposition d’axes habituelle, en prenant et parallèles à Les formules de Lorentz permettent de calculer en fonction de et de en tenant compte de ce que à l’instant considéré. On trouve

(10-11)

Pour obtenir la transformation des , , nous considérons le cas d’une force électrique ; supposons que dans règne un champ électrique , ,  ; pour les observateurs de ce système, il s’exerce sur une particule de charge une force

,

Appliquons (10-3), en y faisant et remarquons que est un invariant : nous obtenons

(10-12)

, ,

substituant dans (10-10) les valeurs de l’accélération (10-11) et de la force (10-12) il vient

(10-13)

Bien qu’établies dans le cas particulier de la force électrique ces équations s’appliquent à une force quelconque, car si une force mécanique (par exemple la tension d’un ressort) fait équilibre à l’action exercée par un champ électrique, c’est un fait sur lequel tous les observateurs doivent se trouver d’accord. Il est donc nécessaire que les composantes de la force mécanique se transforment comme celles de la force électrique.

On trouve ainsi une masse longitudinale et une masse transversale la masse étant définie comme coefficient d’inertie.

Mais les équations (10-13) peuvent s’écrire :

(10-14)

sous cette forme symétrique, la restriction due au choix particulier des axes est levée ; les équations sont absolument générales. sont les composantes de l’impulsion on a donc, en intégrant et prenant la quantité de mouvement nulle au repos

(10-15)

la masse définie comme capacité d’impulsion est

2o L’INERTIE DE L’ÉNERGIE. — Multipliant les équations (10-14) par et ajoutant, on obtient

étant l’énergie fournie au point matériel.

On a donc

(10-16)

La variation de masse est proportionnelle à la variation d’énergie cinétique.

a) Masse de l’énergie rayonnante. — Considérons un train d’ondes planes tombant normalement sur une surface noire L’énergie absorbée pendant le temps exerce une pression (égale à la densité de l’énergie) ; elle communique au corps absorbant une impulsion

L’énergie rayonnante possède donc une quantité de mouvement c’est-à-dire une masse (capacité d’impulsion) . On a la relation (10-16) avec une constante nulle.

b) Un corps qui rayonne éprouve une perte de masse égale à la masse de l’énergie rayonnée — Prenons un cas simple : une lame plane normale à rayonne par ses deux faces, avec la même intensité, des ondes planes se propageant de part et d’autre normalement à son plan.

Dans un système de référence par rapport auquel elle était immobile avant de rayonner, la source envoie, de part et d’autre, des quantités de mouvement électromagnétiques égales et opposées ; elle reste donc immobile. Soit une certaine quantité d’énergie rayonnée de chaque côté, mesurée par un observateur du système

Pour un second observateur animé, par rapport à la source, d’une vitesse parallèlement à , l’énergie se transforme d’après (10-8) (où et ).

Cet observateur mesure

pour l’énergie envoyée dans la direction et le sens de et

dans le sens opposé.

La quantité de mouvement qui s’est propagée, pour , dans le sens de est

(10-17)

est la vitesse de la source pour . D’après la conservation de la quantité de mouvement, est la quantité de mouvement perdue par la lame. Comme la vitesse n’a pas changé, cette variation provient d’une variation de masse de la lame

pour l’observateur

et pour l’observateur immobile par rapport à la source.

La lame a donc éprouvé une perte de masse au repos précisément égale à la masse de l’énergie rayonnée.

c) L’énergie potentielle totale d’un électron est égale à sa masse au repos multipliée par (M. Langevin). — Assimilons l’électron à une sphère de rayon possédant une charge superficielle

L’énergie potentielle du champ électrostatique est :

Soient la densité superficielle de charge, la pression de Poincaré, nécessaire à admettre pour expliquer que la charge ne se dissipe pas. La pression fait équilibre à la tension résultant de la répulsion mutuelle des éléments qui composent la charge.

On a donc

Il en résulte une énergie potentielle égale au produit de par le volume de l’électron.

L’énergie potentielle totale de l’électron au repos est ainsi

(10-18)

Or la masse de l’électron est on a par suite

Généralisation. — Dans tous les cas où l’on peut calculer l’énergie totale d’un système, on la trouve égale à On est donc conduit à généraliser et à donner les lois énoncées page 66.

3o L’IMPULSION D’UNIVERS. — Soit l’élément de temps propre d’un point matériel Les dérivées

se transforment comme les composantes d’un déplacement élémentaire, puisque est un invariant. Ce sont donc les composantes d’un quadrivecteur, la vitesse généralisée.

Multiplions par l’invariant (masse au repos) les composantes de ce quadrivecteur ; nous avons les composantes de l’impulsion d’Univers,

qui s’écrivent, puisque et

(10-19)

Les trois premières composantes (composantes d’espace) sont les composantes de la quantité de mouvement ; la quatrième (composante de temps) est l’énergie divisée par

La conservation de la quantité de mouvement et la conservation de l’énergie qui, pour un système de points matériels isolé, s’écrivent :

(10-20)

se résument maintenant dans l’affirmation que la somme des vecteurs impulsions d’Univers, somme entendue au sens géométrique, reste constante dans un système matériel isolé. Elle est indépendante du système de référence, alors que la quantité de mouvement et l’énergie varient d’un système de référence à un autre. Le principe de la conservation de l’impulsion d’Univers a seul un sens absolu.


  1. Un exposé d’ensemble beaucoup plus complet se trouve dans les ouvrages suivants : H. Weyl Raum, Zeit, Materie ; Eddington, Espace-Temps-Gravitation, trad. par J. Rossignol (Hermann, éditeur) ; Max von Laue, Die Relativitätstheorie ; Jean Becquerel, Le principe de relativité et la théorie de la gravitation (Gauthier-Villars, éditeur).