Félix Thiollier, sa vie, ses œuvres/I/Chapitre II

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CHAPITRE SECOND

I

François Thiollier avait quatre enfants : une fille, Arine Émilie, qui se maria à Nice (Italie), en mai 1839, avec Charles Fulgence Garacci et mourut aux Asthiers, à Saint-Héand (Loire), le 21 septembre 1840 ; trois fils : Émile, l’étudiant parisien de 1810 ; Maurice et Claude-Auguste.

Ce dernier, né à Besançon le 28 vendémiaire an IV, suivit d’abord la carrière paternelle, fut officier, tomba aux mains des Russes, à la bataille de Leipzig (16-18 octobre 1813), mais obtint une prompte libération. De retour en France, il donna sa démission et vint à Saint-Étienne, foyer de sa famille. En juin 1826 , il épousa mademoiselle Françoise-Emma Colard, fille de Benoît-Joseph-Sébastien Colard[1], fabricant de rubans, et d’Antoinette-Thérèse Bachet.

Son beau-père l’associa à son industrie.

De 1837 à 1841, il siégea comme juge au Tribunal de commerce, sous la présidence de Joseph Tézenas. Il y retrouvait un de ses parents, Jules Paliard, fabricant d’armes, qui devint maire de Saint-Étienne en 1846.

D’un portrait de Claude-Auguste Thiollier se dégage une expression d’austérité et de tristesse.

Quatre fils et une fille naquirent de son union mademoiselle Emma Colard :

Benoîte-Françoise-Anne, née le 18 août 1827 ;

Lucien-Sébastien, né le 18 octobre 1828[2] ;

Antonin, né le 16 février 1831[3] ;

Eugène, né le 5 février 1837[4] ;

Félix, né le 29 mai 1842.

Au bout de vingt ans, il quitta l’industrie ; et, cédant aux instances de sa femme, qui joignait à une exquise bonté une intelligence cultivée dans le petit cénacle de lettres stéphanois d’Aimé Royet, d’Alphonse Peyret, de Coignet, d’Aymé de Loy dont les assises se tenaient chez Auguste Granger au château de Longiron, il se décida à habiter Paris pour y achever l’instruction de ses fils.

C’est ainsi que la famille Thiollier, au cours de l’année 1847, s’installa dans un modeste appartement du quai de Béthune n° 32, au voisinage de l’église de Saint-Louis-de-l’Île. Un ancien professeur du collège d’Oullins accepta les fonctions de précepteur de Lucien, d’Antonin et d’Eugène Thiollier et fit en diligence avec ses élèves le voyage de Saint-Étienne à Paris.

C’était l’abbé Lacuria.

Ce saint prêtre, une des figures les plus originales du clergé du xixe siècle et dont le romancier Huysmans devait plus tard s’enthousiasmer, exerça sur Félix Thiollier une influence qui laissa une empreinte indélébile. À la fois philosophe mystique, savant et artiste, naïf, simple et charitable comme le curé d’Ars ; poète à la façon de saint François d’Assise ; traversant la vie avec le dédain de la réalité ; n’entendant rien aux choses pratiques ; sensible aux moindres échos de l’idéal ; admirateur


enthousiaste de Glück et de Beethoven, l’abbé Lacuria qui, en 1844 venait de publier sous son prénom de Gaspard, la première édition de son œuvre capitale : Les harmonies de l’Être, avait le génie de l’enseignement. Il savait éveiller l’intelligence des enfants, retenir leur attention par des explications lumineuses et toujours relier au Dieu de la Trinité catholique les conclusions qu’il tirait de l’étude des faits. Avec cela jovial, riant volontiers d’un bon rire qui illuminait ses grands yeux bleus. Les sciences mathématiques et physiques dont il avait exploré le tréfonds prenaient sur ses lèvres l’aspect de choses vivantes ; les nombres, les forces et les fluides apparaissaient comme des génies bienfaisants qui peuplent la nature et, agents divins, président à ses destinées.

À ses moments de liberté, il aimait à s’occuper de Félix Thiollier, alors âgé de cinq ans, et il exaltait son imagination par ses récits, pendant de longues promenades. Afin de le distraire, il écrivit deux contes de fées à la Perrault : L’Île de la Vérité et la Clef de Diamant, que son élève publia plus tard chez l’éditeur lyonnais Lardanchet[5]. Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/38 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/39 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/40 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/41 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/42 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/43 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/44 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/45 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/46 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/47 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/48 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/49 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/50 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/51 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/52 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/53 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/54 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/55 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/56 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/57 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/58 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/59 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/60 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/61 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/62 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/63 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/64 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/65 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/66 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/67 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/68 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/69 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/70 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/71 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/72 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/73 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/74 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/75 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/76 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/77 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/78 Page:Mulsant - Félix Thiollier, sa vie , ses œuvres, 1917.djvu/79

Cependant, plus que tous autres, les artistes originaires du département de la Loire étaient sûrs d’obtenir son appui.

Que de fois il allait surprendre dans son atelier le médailleur Georges Dupré, son compatriote, premier prix de Rome qui, avec une grâce athénienne, burinait dans le style de son maître Roty d’exquises plaquettes et continuait d’une main délicate les traditions des graveurs stéphanois : Augustin Dupré, son homonyme ; Rambert Dumarest, André Galle, Louis Jaley, la dynastie des Montagny, Louis Merley.

D’ailleurs, aucune manifestation d’art ne laissait Thiollier indifférent ; il s’associait à tous les efforts vers l’idéal et recherchait la compagnie des êtres dépouillés de la banalité du siècle.

À ce titre, il se plaisait aux entretiens d’un saint religieux, le Père Jean Bulliot, fils du savant Gabriel Bulliot. Son corps maigre, sa longue tête émaciée semblaient avoir été modelés par l’Espagnol Alonzo Cano.

Le Père Bulliot professait à l’Institut catholique les pures doctrines de saint Thomas d’Aquin et, candide comme l’abbé Lacuria, cultivait l’astrologie. Félix Thiollier retrouvait en lui l’image de son vieux professeur.

Si l’on songe que tant de relations n’entravaient pas son travail quotidien et l’accomplissement de ses devoirs de membre de comités artistiques, on n’est pas surpris de ses lamentations sur la brièveté des heures parisiennes.

Pourtant il trouvait encore le loisir de fréquenter l’hôtel Drouot dont il connaissait les habitués, et où, à force de ténacité, il arrachait aux enchères des tableaux de valeur.

Sa collection lentement formée avec un goût presqu’infaillible, sans parti pris, se compose des principaux maîtres de l’École française contemporaine, y compris les impressionnistes. Son but, en la constituant, n’était pas l’ostentation, mais le désir de ne point effacer les visions d’art accumulées depuis sa jeunesse et d’offrir un aliment à sa mémoire.

Il lisait beaucoup. Les chroniques artistiques de Théophile Gautier et de Baudelaire, Les maîtres d’autrefois, de Fromentin, étaient ses livres de chevet.

La pure spéculation répugnait, il est vrai, à son sens des réalités pratiques. Aussi utilisait-il ses forces à l’exécution


PHOTOGRAPHIE DE FÉLIX THIOLLIER EN 1905.

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    Eugène Thiollier naquit à Saint-Étienne le 5 février 1837 ;
    Représentant de M. Descours, fabricant de rubans, il fut envoyé à Londres où il se fixa.
    Il épousa une Anglaise, mademoiselle Charlotte Rowe, et eut trois enfants : un fils et deux filles.
    Il mourut le 21 août 1908.

  1. Benoît-Joseph-Sébastien Colard était né à Saint-Étienne, le 19 janvier 1779. Son père, Claude Colard, était originaire de Saint-Romain-les-Atheux.
    Fabricant de rubans, il fut nommé juge consulaire de 1823 à 1836 , puis conseiller municipal et adjoint au maire, M. Peyret-Lallier, suivant ordonnance royale du 27 juin 1835. Il conserva ses fonctions d’adjoint jusqu’en 1837 et celles de conseiller municipal jusqu’en 1840. En dernier lieu, il fut receveur municipal de la ville de Saint-Étienne et décoré de la Légion d’honneur.
    Il mourut le 11 janvier 1848. Ses portraits sont ceux d’un homme doux. et distingue. Sa longue figure au nez arqué et aux lèvres minces reflète la mélancolie. (Le Tribunal de commerce, par Portailler, Saint-Étienne, Théolier, 1909.)
    Il avait épousé mademoiselle Antoinette-Thérèse Bachet dont la mère, née Antoinette Ély, habitait Saint-Chamond (contrat de mariage reçu Me  Arnaud, notaire à Saint-Étienne.
    Le père de Benoît-Sébastien Colard, Claude Colard, avait été élu comme notable d’abord, ensuite comme officier municipal, membre du Conseil général de la commune de Saint-Étienne, en 1790 et en 1791, sous la mairie d’Antoine Neyron et sous celle d’Antoine Desverneys. (Les assemblées administratives du pays stéphanois par Galley, Saint-Étienne, imprimerie Théolier, 1894, pages 13 et 15).
    Nous trouvons le nom de Claude Colard sur les registres de la Contribution patriotique imposée à tous les citoyens par l’article 9 de l’arrêté de l’Assemblée nationale du 6 octobre 1789. Il souscrivit volontairement pour 900 livres.
    En 1793, à la suite d’un arrêté de Collot d’Herbois, de Fouché et d’Albette, membres de la Convention, délégués à Lyon, le Conventionnel Javogues institua à Saint-Étienne une taxe révolutionnaire « en faveur de l’humanité souffrante », c’est-à-dire en faveur des ouvriers sans travail. La fortune des riches fut arbitrairement évaluée et la taxe fut établie sur cette évaluation. La fortune de Claude Colard père fut estimée à 200.000 francs ; sa contribution fut fixée à 100.000 francs. Le quart devait être payé dans les vingt-quatre heures.
    Sa femme fut arrêtée en son absence, puis relaxée ; quant à Claude Colard il obtint la réduction de sa taxe à 10.000 francs. Plus tard, arrêté comme suspect, il fut mis en liberté le 17 fructidor an II et le séquestre apposé sur ses biens fut levé.
    Claude Colard, marié à Benoîte Fournel, avait eu sept enfants :
    1° Benoît-Joseph-Sébastien Colard ;
    2° François Colard ;
    3° Benoît-Marc Colard, qui mourut à Marseille, le 27 avril 1820 ; 4° Jeanne-Marie Colard, mariée à Jean-Georges Caubet qui, en l’an XII, habitait l’Aveyron ;
    5° Clotilde Colard, mariée à Jean-Baptiste Dubouchet ;
    6° Jeanne-Julie Colard ;
    7° Jeanne-Victoire Colard, sœurs jumelles.
    (Inventaire reçu par Me  Lardon, notaire, le 8 ventôse an VII.)
    Madame veuve Claude Colard, qui habitait rue Saint-Pierre, à Saint-Étienne, mourut en mai 1824. Son testament authentique avait été reçu le 4 mai 1824, par Me  Arnaud, notaire.
  2. Lucien Thiollier naquit à Saint-Étienne, le 18 octobre 1828.
    Après de brillantes études au collège d’Oullins, il entra dans l’industrie et, le 26 octobre 1856, épousa mademoiselle Élisa Jamen, fille de Louis Jamen, marchand de soies, à Saint-Étienne.
    De ce mariage sont nés quatre enfants :
    1° Emma, née en 1857, morte la même année ; 2° Louis, né le 26 juillet 1858 ;
    3° Auguste, né le 25 mai 1860 ;
    4° Emmanuel, né le 20 avril 1866.
    Lucien Thiollier qui habitait l’été la propriété des Asthiers, à Saint-Héand, propriété achetée en 1820 par la famille Thiollier, fut maire à Saint-Héand pendant seize ans.
    Son administration fut féconde. On lui doit l’adduction de l’eau potable au bourg, la construction d’une église édifiée par Sainte-Marie-Perrin sur les plans de l’architecte Bossan. La chapelle des fonts baptismaux est décorée d’une peinture de Borel.
    En 1880, élu conseiller général du canton, il conserva ces fonctions jusqu’à sa mort.
    Au Conseil général, il déploya une intelligente activité ; s’occupant non seulement des intérêts de son canton (chemin de fer de Saint-Étienne à Saint-Héand), mais encore des principales questions d’intérêt départemental : commerce, industrie, douanes, canaux, transports, chemins de fer. Quelques-uns de ses rapports sont des modèles de précision.
    Il fut nommé secrétaire général de la Chambre de Commerce de Saint-Étienne en 1882, sous la présidence de M. Euverte. Dès lors il se consacra tout entier à l’accomplissement de ses fonctions et rendit de véritables services.
    Il a laissé plusieurs ouvrages : La Chambre de Commerce et les industries de sa circonscription ; Notices industrielles ; Bustes et portraits. Lucien Thiollier mourut le 12 avril 1898.
  3.   Antonin Thiollier était né à Saint-Étienne, le 16 février 1831.
    Comme son frère Lucien, élève du collège d’Oullins dirigé par l’abbé Dauphin, puis élève de l’abbé Lacuria, il se présenta à l’École polytechnique, fut admissible et entra à l’École des mineurs de Saint-Étienne avec la promotion de 1853.
    Dès qu’il eut son diplôme d’ingénieur, il fut nommé préparateur à l’École où il exerça ces fonctions de 1855 à 1865, en même temps qu’il était professeur au lycée, à l’institution Dubois, et qu’il s’occupait d’expertises judiciaires.
    Successivement, il fut directeur des mines de Montaud, à Saint-Étienne ; des mines de Kef-Oum-Théboul, en Algérie, et d’une industrie chimique à Septèmes (Bouches-du-Rhône).
    Cette dernière affaire ne lui procura que des déboires. Appelé à Denver, dans l’État de Colorado (États-Unis) pour diriger une exploitation de nickel, il y demeura trois ans. À son retour il se fixa à Paris où il mourut le 20 mars 1886.
    Il avait épousé mademoiselle Magnard dont il eut cinq enfants : Élisa, décédée il y a plusieurs années, Marguerite, Jean, Édouard et Joseph.
    C’était un savant sentimental et bon, qui se distrayait de ses remarquables travaux sur le chlore, le brome et le nickel, en cultivant la musique pour laquelle il avait une passion.
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  5. L’abbé Gaspard Lacuria naquit à Lyon en 1806. Élève du petit séminaire de Saint-Jean, il entra au grand séminaire et sut ordonné prêtre en 1836.
    Il fut attaché à la Manécanterie de Saint-Nizier, puis rejoignit à Oullins les abbés Dauphin et Chaîne qui venaient d’y fonder un collège. L’influence de son enseignement sur ses élèves fut extraordinaire, presque fluidique.
    Plongé dans l’étude des sciences, de la musique et de la philosophie transcendantale, il publia en 1844 la première édition de son ouvrage Les harmonies de l’Être, dont l’édition définitive a été imprimée en 1899 par les soins de M. René Philippon (Paris, 2 vol. Chacornac éditeur). Le caractère mystique de ce livre lui valut des critiques de ses confrères d’Oullins. Le découragement lui fit quitter l’école. Il accompagna à Paris la famille Thiollier, qui lui confia l’instruction de ses trois fils.
    À Paris, l’abbé Lacuria fit la connaissance de Gounod et, tout continuant la refonte de son livre : Les harmonies de l’Être, qui occupa toute sa vie, il écrivit une série d’articles sur la musique, de 1850 à 1865, pour la défense de Glück, de Beethoven et de Berlioz.
    Il habitait dans une rue sombre derrière le Panthéon, la rue Thouin, n° 11, une petite chambre que garnissait un mobilier sommaire et disparate.
    Les visiteurs y affluaient. C’étaient les Flandrin, Paul Delaroche, Chenavard, Gounod, Borel, Janmot, Trévoux, le physiognomoniste Ledos, le philosophe Blanc de Saint-Bonnet ; madame Saint-Cyr de Rayssac, nièce de Janmot et femme d’un poète oublié qu’Anatole France a fait revivre.