Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Voyageurs et l’Ours

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Voyageurs et l’Ours.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 113r).
254


LES VOYAGEURS ET L’OURS


Deux amis cheminaient sur la même route. Un ours leur apparut soudain. L’un monta vite sur un arbre et s’y tint caché ; l’autre, sur le point d’être pris, se laissa tomber sur le sol et contrefit le mort. L’ours approcha de lui son museau et le flaira partout ; mais l’homme retenait sa respiration ; car on dit que l’ours ne touche pas à un cadavre. Quand l’ours se fut éloigné, l’homme qui était sur l’arbre descendit et demanda à l’autre ce que l’ours lui avait dit à l’oreille. « De ne plus voyager à l’avenir avec des amis qui se dérobent dans le danger », répondit l’autre.

Cette fable montre que les amis véritables se reconnaissent à l’épreuve du malheur.