Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Voyageurs et le Corbeau

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 113r-114r).
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LES VOYAGEURS ET LE CORBEAU


Des gens, qui voyageaient pour certaine affaire, rencontrèrent un corbeau qui avait perdu un œil. Ils tournèrent leurs regards vers lui, et l’un d’eux leur conseilla de rebrousser chemin ; c’était, à son avis, ce que voulait dire le présage. Mais un autre prenant la parole dit : « Comment cet oiseau pourrait-il nous prédire l’avenir, lui qui n’a même pas prévu, pour l’éviter, la perte de son œil ? »

Pareillement les hommes qui sont aveugles sur leurs propres intérêts sont mal qualifiés pour conseiller leur prochain.