Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Truie et la Chienne faisant assaut d’injures (bilingue)

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LA TRUIE ET LA CHIENNE FAISANT ASSAUT D’INJURES

La truie et la chienne faisaient assaut d’injures. La truie jurait par Aphrodite qu’elle déchirerait la chienne à belles dents. La chienne lui répondit ironiquement ; « C’est bien fait à toi de nous jurer par Aphrodite : il apparaît bien qu’elle t’aime de toute sa tendresse, elle qui refuse absolument d’admettre dans son temple celui qui a goûté à ta chair impure. — Cela même est une preuve de plus que la déesse me chérit, puisqu’elle repousse absolument quiconque me tue ou me maltraite de quelque façon que ce soit. Quant à toi, tu sens mauvais, aussi bien de ton vivant qu’après ta mort. »

Cette fable montre que les orateurs avisés tournent adroitement à leur éloge les injures de leurs ennemis.

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Σῦς καὶ κύων <ἀλλήλαις λοιδορούμεναι>.

Σῦς καὶ κύων ἀλλήλαις διελοιδοροῦντο. Καὶ ἡ μὲν σῦς ὤμνυε κατὰ τῆς Ἀφροδίτης ἦ μὴν τοῖς ὀδοῦσιν ἀναρρήξειν τὴν κύνα. Ἡ δὲ κύων πρὸς ταῦτα εἰρωνικῶς εἶπε· « Καλῶς κατὰ τῆς Ἀφροδίτης ἡμῖν ὀμνύεις· δηλοῖς γὰρ ὑπ’ αὐτῆς ὅτι μάλιστα φιλεῖσθαι, ἣ τὸν τῶν σῶν ἀκαθάρτων σαρκῶν γευόμενον οὐδ’ ὅλως εἰς ἱερὸν προσίεται. » Καὶ ἡ σῦς· « Διὰ τοῦτο μὲν οὖν μᾶλλον δήλη ἐστὶν ἡ θεὸς στέργουσά με· τὸν γὰρ κτείναντα ἢ ἄλλως λυμαινόμενον παντάπασιν ἀποστρέφεται· σὺ μέντοι κακῶς ὄζεις καὶ ζῶσα καὶ τεθνηκυῖα. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οἱ φρόνιμοι τῶν ῥητόρων τὰ ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ὀνείδη εὐμεθόδως εἰς ἔπαινον μετασχηματίζουσιν.