Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Laboureur et le Loup (bilingue)

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LE LABOUREUR ET LE LOUP


Un laboureur ayant dételé son attelage, le menait à l’abreuvoir. Or un loup affamé, qui cherchait pâture, ayant rencontré la charrue, se mit tout d’abord à lécher les côtés intérieurs du joug, puis peu à peu, sans s’en apercevoir, il descendit son cou dedans, et, ne pouvant l’en dégager, il traîna la charrue dans le sillon. Le laboureur revenant l’aperçut et dit : « Ah ! tête scélérate ! si seulement tu renonçais aux rapines et au brigandage pour te mettre au travail de la terre ! »

Ainsi les méchants ont beau faire profession de vertu : leur caractère empêche de les croire.

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Ἀρότης καὶ λύκος.


Ἀρότης λύσας τὸ ζεῦγος ἐπὶ ποτὸν ἀπῆγε· λύκος δὲ λιμώττων καὶ τροφὴν ζητῶν, ὡς περιέτυχε τῷ ἀρότρῳ, τὸ μὲν πρῶτον τὰς τῶν ταύρων ζεύγλας περιέλειχε, λαθὼν δὲ κατὰ μικρόν, ἐπειδὴ καθῆκε τὸν αὐχένα, ἀνασπᾶν μὴ δυνάμενος, ἐπὶ τὴν ἄρουραν τὸ ἄροτρον ἔσυρεν. Ὁ δὲ ἀρότης ἐπανελθὼν καὶ θεασάμενος αὐτὸν ἔλεγεν· « Εἴθε γὰρ, ὦ κακὴ κεφαλή, καταλιπὼν τὰς ἁρπαγὰς καὶ τὸ ἀδικεῖν ἐπὶ τὸ γεωπονεῖν τραπείης. »

Οὕτως οἱ πονηροὶ τῶν ἀνθρώπων, κἂν χρηστότητα ἐπαγγέλλωνται, διὰ τὸν τρόπον οὐ πιστεύονται.