Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Deux Escarbots (bilingue)

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Les Deux Escarbots.

149


LES DEUX ESCARBOTS


Un taureau paissait dans une petite île, et deux escarbots se nourrissaient de sa bouse. À l’arrivée de l’hiver, l’un dit à l’autre qu’il voulait passer sur le continent, afin que, étant seul, son camarade eût de la nourriture en suffisance, tandis que lui s’en irait là-bas pour y passer l’hiver. Il ajouta que, s’il y trouvait de la pâture en abondance, il lui en apporterait. Or, arrivé sur le continent, il y rencontra des bouses nombreuses et fraîches; il s’y établit et s’en nourrit. L’hiver passé, il revint dans l’île. Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. »

On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.

149


Κάνθαροι δύο.


Ἔν τινι νησιδίῳ ταῦρος ἐνέμετο· τῇ δὲ τούτου κόπρῳ κάνθαροι ἐτρέφοντο δύο. Καὶ δὴ τοῦ χειμῶνος ἐνισταμένου, ὁ ἕτερος ἔλεγε πρὸς τὸν ἕτερον ὡς ἄρα βούλοιτο εἰς τὴν ἤπειρον διαπτάσθαι, ἵνα ἐκείνῳ μόνῳ ὄντι ἡ τροφὴ ἱκανῶς ὑπάρχῃ, καὶ αὐτὸς ἐκεῖσε ἐλθὼν τὸν χειμῶνα διαγένηται. Ἔλεγε δὲ ὅτι, ἐὰν πολλὴν εὕρῃ τὴν νομήν, καὶ αὐτῷ οἴσει. Παραγενόμενος δὲ εἰς τὴν χέρσον καὶ καταλαβὼν πολλὴν μὲν τὴν κόπρον, ὑγρὰν δέ, μένων ἐτρέφετο ἐνταῦθα. Τοῦ δὲ χειμῶνος διελθόντος, πάλιν εἰς τὴν νῆσον διέπτη. Ὁ δὲ ἕτερος θεασάμενος αὐτὸν λιπαρὸν καὶ εὐεκτοῦντα, ᾐτιάσατο αὐτὸν διότι προϋποσχόμενος αὐτῷ οὐδὲν ἐκόμισεν. Ὁ δὲ εἶπε· « Μὴ ἐμὲ μέμφου, τὴν δὲ φύσιν τοῦ τόπου· ἐκεῖθεν γὰρ τρέφεσθαι μὲν οἷόν τε, φέρεσθαι δὲ οὐδέν. »

Οὗτος ὁ λόγος ἁρμόσειεν ἂν πρὸς ἐκείνους οἳ τὰς φιλίας μέχρις ἑστιάσεως μόνον παρέχονται, περαιτέρω δὲ οὐδὲν τοὺς φίλους ὠφελοῦσιν.