Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Diogène en voyage (bilingue)

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DIOGÈNE EN VOYAGE


Diogène le Cynique étant en voyage, arriva sur le bord d’une rivière qui coulait à pleins bords, et s’arrêta sur la berge, embarrassé. Un homme qui avait l’habitude de faire passer l’eau, le voyant perplexe, s’approcha, le prit sur ses épaules, et le transporta complaisamment de l’autre côté. Et&#32 ; Diogène était là, se reprochant sa pauvreté, qui l’empêchait de payer de retour son bienfaiteur. Il y songeait encore, lorsque l’homme, apercevant un autre voyageur qui ne pouvait traverser, courut à lui et le passa. Alors Diogène, s’approchant du passeur, lui dit : « Je ne te sais plus gré de ton service ; car je vois que ce n’est point le discernement, mais une manie qui te fait faire ce que tu fais. »

Cette fable montre qu’à obliger les gens de rien aussi bien que les gens de mérite, on s’expose à passer non pour un homme serviable, mais pour un homme sans discernement.

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Διογένης ὁδοιπορῶν.


Διογένης ὁ κύων ὁδοιπορῶν, ὡς ἐγένετο κατά τινα ποταμὸν πλημμυροῦντα, εἱστήκει πρὸς τῇ βαλβίδι ἀμηχανῶν. Εἷς δέ τις τῶν διαβιβάζειν εἰθισμένων θεασάμενος αὐτὸν διαποροῦντα, προσελθὼν καὶ ἀράμενος αὐτόν, σὺν φιλοφροσύνῃ διεπέρασεν αὐτόν. Ὁ δὲ εἱστήκει τὴν αὐτοῦ πενίαν μεμφόμενος, δι᾿ ἣν ἀμείψασθαι τὸν εὐεργέτην οὐ δύναται. Ἔτι δὲ αὐτοῦ ταῦτα διανοουμένου, ἐκεῖνος θεασάμενος ἕτερον ὁδοιπόρον διελθεῖν μὴ δυνάμενον, προσδραμὼν καὶ αὐτὸν διεπέρασε. Καὶ ὁ Διογένης προσελθὼν αὐτῷ εἶπεν· « Ἀλλ᾿ ἔγωγε οὐκέτι σοι χάριν ἔχω ἐπὶ τῷ γεγονότι· ὁρῶ γὰρ ὅτι οὐ κρίσει, ἀλλὰ νόσῳ αὐτὸ ποιεῖς. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι <οἱ> μετὰ τῶν σπουδαίων καὶ τοὺς ἀνεπιτηδείους εὐεργετοῦντες οὐκ εὐεργεσίας δόξαν, ἀλογιστίας δὲ μᾶλλον ὀφλισκάνουσι.