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Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne et le Mulet portant la même charge (bilingue)

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L’ÂNE ET LE MULET PORTANT LA MÊME CHARGE


Un âne et un mulet cheminaient ensemble. Or l’âne, voyant que leurs charges à tous deux étaient égales, s’indignait et se plaignait que le mulet, jugé digne d’une double ration, ne portât pas plus que lui. Mais, quand ils eurent fait un peu de chemin, l’ânier s’apercevant que l’âne n’en pouvait plus, lui ôta une partie de sa charge et la mit sur le mulet. Quand ils eurent fait encore un bout de chemin, voyant l’âne encore plus épuisé, il lui retira une autre partie de sa charge, et enfin prenant le reste, il l’ôta à l’âne et le fit passer sur le mulet. Alors celui-ci tournant les yeux vers son camarade lui dit : « Eh bien ! mon ami, ne trouves-tu pas juste qu’on m’honore d’une double ration ? »

Nous aussi, ce n’est point par le commencement, mais par la fin que nous devons juger de la condition de chacun.

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Ὄνος καὶ ἡμίονος ⟨ἐξ ἴσου ἐμπεφορτισμένοι⟩.

Ὄνος καὶ ἡμίονος ἐν ταὐτῷ ἐβάδιζον. Καὶ δὴ ὁ ὄνος ὁρῶν τὸν τοὺς ἀμφοῖν γόμους ἴσους ὄντας ἠγανάκτει καὶ ἐσχετλίαζεν, εἴγε διπλασίονος τροφῆς ἠξιωμένη ἡ ἡμίονος οὐδὲν περιττότερον βαστάζει. Μικρὸν δὲ αὐτῶν τῆς ὁδοῦ προϊόντων, ὁ ὀνηλάτης ὁρῶν ὄνον ἀντέχειν μὴ δυνάμενον, ἀφελόμενος αὐτοῦ τὸ φορτίον τῇ ἡμιόνῳ ἐπέθηκεν. Ἔτι δὲ αὐτῶν πόρρω προβαινόντων, ὁρῶν ἔτι μᾶλλον ἀποκάμνοντα, πάλιν ἀπὸ τοῦ γόμου μετετίθει, μέχρι τὰ πάντα λαβὼν καὶ ἀφελόμενος ἀπ᾿ αὐτοῦ τῇ ἡμιόνῳ ἐπέθηκε. Καὶ τότε ἐκείνη ἀποβλέψασα εἰς τὸν ὄνον εἶπεν· « Ὦ οὗτος,