Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne louant le sort du Cheval (bilingue)

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L’ÂNE LOUANT LE SORT DU CHEVAL


L’âne trouvait le cheval heureux d’être nourri dans l’abondance et d’être bien soigné, tandis que lui n’avait même pas de paille en suffisance, alors qu’il était soumis à tant de travaux. Mais vint le temps de la guerre : le cheval dut porter un cavalier armé de pied en cap, et celui-ci le poussa dans tous les sens et le lança même au milieu des ennemis, où le cheval criblé de coups s’abattit. En voyant cela, l’âne changea d’avis et plaignit le cheval.

Cette fable montre qu’il ne faut pas envier les chefs ni les riches, mais penser à l’envie et aux dangers où ils sont en butte, et se résigner à la pauvreté.

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Ὄνος ἵππον μακαρίζων.

Ὄνος ἵππον ἐμακάριζεν, ὡς ἀφθόνως τρεφόμενον καὶ ἐπιμελῶς, αὐτὸς μηδ᾿ ἀχύρων ἅλις ἔχων, καὶ ταῦτα πλεῖστα ταλαιπωρῶν. Ἐπεὶ δὲ καιρὸς ἐπέστη πολέμου, καὶ ὁ στρατιώτης ἔνοπλος ἀνέβη τὸν ἵππον, πανταχόσε τοῦτον ἐλαύνων, καὶ δὴ καὶ μέσον τῶν πολεμίων εἰσήλασε, καὶ ὁ ἵππος πληγεὶς ἔκειτο. Ταῦτα ἑωρακὼς ὁ ὄνος τὸν ἵππον μεταβαλλόμενος ἐταλάνιζεν.

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οὐ δεῖ τοὺς ἄρχοντας καὶ πλουσίους ζηλοῦν, ἀλλὰ τὸν κατ᾿ ἐκείνων φθόνον καὶ τὸν κίνδυνον ἀναλογιζομένους τὴν πενίαν ἀγαπᾶν.