Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Homme et le Satyre (bilingue)

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L’HOMME ET LE SATYRE


Jadis un homme avait fait, dit-on, un pacte d’amitié avec un satyre. L’hiver étant venu et avec lui le froid, l’homme portait ses mains à sa bouche et soufflait dessus. Le satyre lui demanda pourquoi il en usait ainsi. Il répondit qu’il se chauffait les mains à cause du froid. Après, on leur servit à manger. Comme le mets était très chaud, l’homme le prenant par petits morceaux, les approchait de sa bouche et soufflait dessus. Le satyre lui demanda de nouveau pourquoi il agissait ainsi. Il répondit qu’il refroidissait son manger, parce qu’il était trop chaud. « Eh bien ! camarade, dit le satyre, je renonce à ton amitié, parce que tu souffles de la même bouche le chaud et le froid. »

Concluons que nous aussi nous devons fuir l’amitié de ceux dont le caractère est ambigu.

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Ἄνθρωπος καὶ σάτυρος.


Ἄνθρωπόν ποτε λέγεται πρὸς σάτυρον φιλίαν σπείσασθαι. Καὶ δὴ χειμῶνος καταλαβόντος καὶ ψύχους γενομένου, ὁ ἄνθρωπος προσφέρων τὰς χεῖρας τῷ στόματι ἐπέπνει. Τοῦ δὲ σατύρου τὴν αἰτίαν ἐρομένου δι᾿ ἣν τοῦτο πράττει, ἔλεγεν ὅτι θερμαίνει τὰς χεῖρας διὰ τὸ κρύος. Ὕστερον δὲ παρατεθείσης αὐτοῖς τραπέζης καὶ προσφαγήματος θερμοῦ σφόδρα ὄντος, ὁ ἄνθρωπος ἀναιρούμενος κατὰ μικρὸν τῷ στόματι προσέφερε καὶ ἐφύσα. Πυνθανομένου δὲ πάλιν τοῦ σατύρου τί τοῦτο ποιεῖ, ἔφασκε καταψύχειν τὸ ἔδεσμα, ἐπεὶ λίαν θερμόν ἐστι. Κἀκεῖνος ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ἀλλ᾿ ἀποτάσσομαί σου τῇ φιλίᾳ, ὦ οὗτος, ὅτι ἐκ τοῦ αὐτοῦ στόματος καὶ τὸ θερμὸν καὶ τὸ ψυχρὸν ἐξιεῖς.

Ἀτὰρ οὖν καὶ ἡμᾶς περιφεύγειν δεῖ τὴν φιλίαν ὧν ἀμφίβολός ἐστιν ἡ διάθεσις.