Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Homme mordu par une fourmi et Hermès (bilingue)

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L’HOMME MORDU PAR UNE FOURMI ET HERMÈS


Un jour un vaisseau ayant coulé à fond avec ses passagers, un homme, témoin du naufrage, prétendait que les arrêts des dieux étaient injustes, puisque, pour perdre un seul impie, ils avaient fait périr aussi des innocents. Tandis qu’il parlait ainsi, comme il y avait beaucoup de fourmis à l’endroit où il se trouvait, il arriva qu’une d’elles le mordit, et lui, pour avoir été mordu par une seule, les écrasa toutes. Alors Hermès lui apparut, et le frappant de son caducée, lui dit : « Et maintenant tu n’admettras pas, toi, que les dieux jugent les hommes comme tu juges les fourmis ? »

Ne blasphémez pas contre les dieux, quand il arrive un malheur ; examinez plutôt vos propres fautes.

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Ἀνὴρ <δηχθεὶς ὑπὸ μύρμηκος> καὶ Ἑρμῆς.


Ναῦν ποτε μετὰ τῶν ἀνδρῶν βυθισθεῖσαν ἰδών τις ἀδίκως ἔλεγε τοὺς θεοὺς κρίνειν· δι᾿ ἕνα γὰρ ἀσεβῆ συναπώλοντο καὶ ἀναίτιοι. Ταῦτα αὐτοῦ λέγοντος, μυρμήκων πολλῶν ὄντων ἐν τῷ τόπῳ ἐν ᾧ ἔτυχεν ἱστάμενος, συνέβη ὑφ᾿ ἑνὸς δηχθῆναι τοῦτον. Ὁ δὲ ὑφ᾿ ἑνὸς δηχθεὶς συνεπάτησε τοὺς πάντας. Ἑρμῆς δὲ ἐπιστὰς αὐτῷ καὶ τῇ ῥάβδῳ παίων εἶπεν· « Εἶτα οὐκ ἀνέχῃ σὺ τοὺς θεοὺς δικαστὰς εἶναι οἷος εἶ σὺ τῶν μυρμήκων; »

Ὅτι μηδεὶς θεοῦ βλασφημείτω, συμφορᾶς ἐπελθούσης, μᾶλλον δὲ σκοπείτω τὰς οἰκείας ἁμαρτίας.