Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Homme qui achète un âne (bilingue)

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L’HOMME QUI ACHÈTE UN ÂNE


Un homme qui avait dessein d’acheter un âne, le prit à l’essai, et l’ayant amené parmi ses ânes à lui, il le plaça devant le râtelier. Or l’âne, délaissant tous les autres, alla se mettre près du plus paresseux et du plus glouton. Comme il ne faisait rien, l’homme lui passa un licol, l’emmena et le rendit à son propriétaire. Celui-ci lui demandant si l’épreuve qu’il avait faite ainsi était probante, il répondit : « Moi, je n’ai nul besoin d’une autre épreuve : je suis sûr qu’il est tel que le camarade qu’il a choisi entre tous. »

Cette fable montre qu’on nous juge pareils à ceux dont nous aimons la compagnie.

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Ὄνον ἀγοράζων.

Ὄνον τις ἀγοράσαι μέλλων ἐπὶ πείρᾳ αὐτὸν ἔλαβε· καὶ εἰσαγαγὼν εἰς τοὺς ἰδίους ἐπὶ τῆς φάτνης αὐτὸν ἔστησεν. Ὁ δὲ καταλιπὼν τοὺς ἄλλους παρὰ τῷ ἀργοτάτῳ καὶ ἀδηφάγῳ ἔστη. Καὶ ὡς οὐδὲν ἐποίει, δήσας καὶ ἀπαγαγὼν τῷ δεσπότῃ αὐτὸν ἀπέδωκε. Τοῦ δὲ διερωτῶντος εἰ οὕτως ἀξίαν αὐτοῦ τὴν δοκιμασίαν ἐποιήσατο, ὑποτυχὼν εἶπεν· « Ἀλλ᾿ ἔγωγε οὐδὲν ἐπιδέομαι πείρας· οἶδα γὰρ ὅτι τοιοῦτός ἐστιν ὁποῖον ἐξ ἁπάντων τὸν συνήθη ἐπελέξατο. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοιοῦτος εἶναί τις ὑπολαμβάνεται ὁποίοις ἂν ἥδηται τοῖς ἑταίροις.