Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/La Chauve-souris, la Ronce et la Mouette

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Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 111r).

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LA CHAUVE-SOURIS, LA RONCE ET LA MOUETTE


La chauve-souris, la ronce et la mouette s’associèrent ensemble dans l’intention de s’adonner au commerce. En conséquence la chauve-souris emprunta de l’argent pour le mettre dans la communauté ; la ronce prit avec elle de l’étoffe, et la troisième associée, la mouette, acheta du cuivre ; puis elles appareillèrent. Mais une violente tempête étant survenue, le vaisseau chavira, et toute la cargaison fut perdue ; elles ne sauvèrent que leurs personnes. Aussi depuis ce temps, la mouette est toujours aux aguets sur les rivages, pour voir si la mer ne rejettera pas son cuivre quelque part ; la chauve-souris, craignant ses créanciers, ne se montre pas de jour et ne sort pour pâturer que la nuit ; enfin la ronce accroche les habits des passants, cherchant à reconnaître son étoffe.

Cette fable montre que nous revenons toujours aux choses où nous avons intérêt.