Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Chien endormi et le Loup (bilingue)

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LE CHIEN ENDORMI ET LE LOUP

Un chien dormait devant une ferme. Un loup fondit sur lui, et il allait faire de lui son repas, quand le chien le pria de ne pas l’immoler tout de suite : « À présent, dit-il, je suis mince et maigre ; mais attends quelque temps : mes maîtres vont célébrer des noces ; moi aussi j’y prendrai de bonnes lippées, j’engraisserai et je serai pour toi un manger plus agréable. » Le loup le crut et s’en alla. À quelque temps de là il revint, et trouva le chien endormi dans une pièce haute de la maison ; il s’arrêta en bas et l’appela, lui rappelant leurs conventions. Alors le chien : « Ô loup, dit-il, si à partir d’aujourd’hui tu me vois dormir devant la ferme, n’attends plus de noces. »  Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils se sont tirés d’un danger, s’en gardent toute leur vie.

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Κύων <κοιμώμενος> καὶ λύκος.


Κύων πρὸ ἐπαύλεώς τινος ἐκάθευδε. Λύκου δ᾿ ἐπιδραμόντος καὶ βρῶμα μέλλοντος θήσειν αὐτὸν, ἐδεῖτο μὴ νῦν αὐτὸν καταθῦσαι. « Νῦν μὲν γάρ, φησί, λεπτός εἰμι καὶ ἰσχνός· ἂν δὲ μικρὸν ἀναμείνῃς, μέλλουσιν οἱ ἐμοὶ δεσπόται ποιήσειν γάμους, κἀγὼ τηνικαῦτα πολλὰ φαγὼν πιμελέστερος ἔσομαι, καὶ σοὶ ἡδύτερον βρῶμα γενήσομαι. » Ὁ μὲν οὖν λύκος πεισθεὶς ἀπῆλθε· μεθ᾿ ἡμέρας δ᾿ ἐπανελθὼν εὗρεν ἄνω ἐπὶ τοῦ δώματος τὸν κύνα καθεύδοντα, καὶ στὰς κάτωθεν πρὸς ἑαυτὸν ἐκάλει, ὑπομιμνῄσκων αὐτὸν τῶν συνθηκῶν. Καὶ ὁ κύων· « Ἀλλ᾿, ὦ λύκε, εἰ τὸ ἀπὸ τοῦδε πρὸ τῆς ἐπαύλεώς με ἴδοις καθεύδοντα, μηκέτι γάμους ἀναμείνῃς. »

Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οἱ φρόνιμοι τῶν α̣νθρώπων, ὅταν περί τι κινδυνεύσαντες σωθῶσι, διὰ βίου τοῦτο φυλάττονται.