Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Chien invité ou l’Homme et le Chien (bilingue)
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LE CHIEN INVITÉ ou L’HOMME ET LE CHIEN
Un homme préparait un dîner pour traiter un de ses amis et familiers. Son chien invita un autre chien. « Ami, lui dit-il, viens céans dîner avec moi. » L’invité arriva plein de joie, et s’arrêta à regarder le grand dîner, murmurant dans son cœur : « Oh ! quelle aubaine inattendue pour moi ! Je vais bâfrer et m’en donner tout mon soûl, de manière à n’avoir pas faim de tout demain. » Tandis qu’il parlait ainsi à part lui, tout en remuant la queue, comme un ami qui a confiance en son ami, le cuisinier le voyant tourner la queue de-ci, de-là, le prit par les pattes et le lança soudain par la fenêtre. Et le chien s’en retourna en poussant de grands cris. Il trouva sur sa route d’autres chiens ; l’un d’eux lui demanda : « Comment as-tu dîné, l’ami ? » Il lui répondit : « À force de boire je me suis enivré outre mesure, et je ne sais même pas par où je suis sorti. » Cette fable montre qu’il ne faut pas se fier à ceux qui font les généreux avec le bien d’autrui.
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Κύων <ἑστιώμενος.> siue Ἄνθρωπος καὶ κύων.
Ἄνθρωπός τις ἡτοίμαζε δεῖπνον, ἑστιάσων τινὰ τῶν φίλων αὐτῷ καὶ οἰκείων. Ὁ δὲ κύων αὐτοῦ ἄλλον κύνα ἐκάλει, λέγων· « Ὦ φίλε, δεῦρο συνδείπνησόν μοι. » Ὁ δὲ προσελθὼν χαίρων ἵστατο, βλέπων τὸ μέγα δεῖπνον, βοῶν ἐν τῇ καρδίᾳ· « Βαβαί, πόση μοι χαρὰ ἄρτι ἐξαπιναίως ἐφάνη· τραφήσομαί τε γὰρ καὶ εἰς κόρον δειπνήσω, ὥστε με αὔριον μηδαμῆ γε πεινᾶσαι. » Ταῦτα καθ᾿ ἑαυτὸν λέγοντος τοῦ κυνὸς καὶ ἅμα σείοντος τὴν κέρκον, ὡς δὴ εἰς τὸν φίλον θαρροῦντος, ὁ μάγειρος, ὡς εἶδε τοῦτον ὧδε κἀκεῖσε τὴν κέρκον περιστρέφοντα, κατασχὼν τὰ σκέλη αὐτοῦ ἔρριψε παραχρῆμα ἔξωθεν τῶν θυρίδων. Ὁ δὲ κατιὼν ἀπῄει μεγάλως κράζων. Τῶν τις δὲ κυνῶν, τῶν καθ᾿ ὁδὸν αὐτῷ σαναντώντων, ἐπηρώτα· « Πῶς ἐδείπνησας, φίλος; » Ὁ δὲ πρὸς αὐτὸν ὑπολαβὼν ἔφη· « Ἐκ τῆς πολλῆς πόσεως μεθυσθεὶς ὑπὲρ κόρον οὐδὲ τὴν ὁδὸν αὐτὴν ὅθεν ἐξῆλθον οἶδα. » Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι οὐ δεῖ θαρρεῖν τοῖς ἐξ ἀλλοτρίων εὖ ποιεῖν ἐπαγγελλομένοις. |