Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Laboureur et l’Arbre (bilingue)

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LE LABOUREUR ET L’ARBRE


Il y avait dans le champ d’un laboureur un arbre qui ne portait pas de fruit, et qui servait uniquement de refuge aux moineaux et aux cigales bruissantes. Le laboureur, vu sa stérilité, s’en allait le couper, et déjà, la hache en main, il assénait son coup. Les cigales et les moineaux le supplièrent de ne pas abattre leur asile, mais de le leur laisser, pour qu’ils pussent y chanter et charmer le laboureur lui-même. Lui, sans s’inquiéter d’eux, asséna un second, puis un troisième coup. Mais ayant fait un creux dans l’arbre, il trouva un essaim d’abeilles et du miel. Il y goûta, et jeta sa hache, et dès lors il honora l’arbre, comme s’il était sacré, et il en prit grand soin.

Ceci prouve que par nature les hommes ont moins d’amour et de respect pour la justice que d’acharnement au gain.

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Γεωργὸς καὶ φυτόν.


Φυτὸν ἦν εἰς γεωργοῦ χώραν, καρπὸν μὴ φέρον, ἀλλὰ μόνον στρουθῶν καὶ τεττίγων κελαδούντων ἦν καταφυγή. Ὁ δὲ γεωργὸς ὡς ἄκαρπον ἐκτεμεῖν ἤμελλεν. Καὶ δὴ τὸν πέλεκυν λαβὼν ἐπέφερε τὴν πλήγην. Οἱ δὲ τέττιγες καὶ οἱ στρουθοὶ ἱκέτευον τὴν καταφυγὴν αὐτῶν μὴ ἐκκόψαι, ἀλλ᾿ ἐᾶσαι, ὥστε ᾄδειν ἐν αὐτῷ καὶ σὲ τὸν γεωργὸν τέρπειν. Ὁ δὲ μηδὲν αὐτῶν φροντίσας, καὶ δευτέραν πληγὴν καὶ τρίτην ἐπέφερε. Ὡς δὲ ἐκοίλανε τὸ δένδρον, σμῆνος μελισσῶν καὶ μέλι εὗρε. Γευσάμενος δὲ τὸν πέλεκυν ἔρριψε καὶ τὸ φυτὸν ἐτίμα ὡς ἱερὸν καὶ ἐπεμελεῖτο.

Ὅτι οὐ τοσοῦτον οἱ ἄνθρωποι φύσει τὸ δίκαιον ἀγαπῶσι καὶ τιμῶσιν ὅσον τὸ κερδαλέον ἐπιδιώκουσι.