Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Laboureur et le Serpent qui lui avait tué son fils (bilingue)

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LE LABOUREUR ET LE SERPENT QUI LUI AVAIT TUÉ SON FILS


Un serpent, s’étant approché en rampant de l’enfant d’un laboureur, l’avait tué. Le laboureur en ressentit une terrible douleur ; aussi, prenant une hache, il alla se mettre aux aguets près du trou du serpent, prêt à le frapper, aussitôt qu’il sortirait. Le serpent ayant passé la tête dehors, le laboureur abattit sa hache, mais le manqua et fendit en deux le roc voisin. Dans la suite craignant la vengeance du serpent, il l’engagea à se réconcilier avec lui ; mais le serpent répondit : « Nous ne pouvons plus nourrir de bons sentiments, ni moi pour toi, quand je vois l’entaille du rocher, ni toi pour moi, quand tu regardes le tombeau de ton enfant. »

Cette fable montre que les grandes haines ne se prêtent guère à des réconciliations.

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Γεωργὸς καὶ ὄφις <τὸν παῖδα αὐτοῦ ἀποκτείνας.>


Γεωργοῦ παῖδα ὄφις ἑρπύσας ἀπέκτεινεν. Ὁ δὲ ἐπὶ τούτῳ δεινοπαθήσας πέλεκυν ἀνέλαβε καὶ παραγενόμενος εἰς τὸν φωλεὸν αὐτοῦ εἱστήκει παρατηρούμενος, ὅπως, ἂν ἐξίῃ, εὐθέως αὐτὸν πατάξῃ. Παρακύψαντος δὲ τοῦ ὄφεως, κατενεγκὼν τὸν πέλεκυν, τοῦ μὲν διήμαρτε, τὴν δὲ παρακειμένην πέτραν διέκοψεν. Εὐλαβηθεὶς δὲ ὕστερον παρεκάλει αὐτὸν ὅπως αὐτῷ διαλλαγῇ. Ὁ δὲ εἶπεν· « Ἀλλ᾿ οὔτε ἐγὼ δύναμαί σοι εὐνοῆσαι, ὁρῶν τὴν κεχαραγμένην πέτραν, οὔτε σὺ ἐμοὶ, ἀποβλέπων εἰς τὸν τοῦ παιδὸς τάφον. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι αἱ μεγάλαι ἔχθραι οὐ ῥᾳδίως τὰς καταλλαγὰς ἔχουσι.