Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Renard écourté (bilingue)

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LE RENARD ÉCOURTÉ


Un renard, ayant eu la queue coupée par un piège, en était si honteux qu’il jugeait sa vie impossible ; aussi résolut-il d’engager les autres renards à s’écourter de même, afin de cacher dans la mutilation commune son infirmité personnelle. En conséquence il les assembla tous et les engagea à se couper la queue, disant que c’était non seulement un enlaidissement, mais encore un poids inutile que cet appendice. Mais un des renards prenant la parole dit : « Hé ! camarade, si ce n’était pas ton intérêt, tu ne nous aurais pas donné ce conseil. »

Cette fable convient à ceux qui donnent des conseils à leur prochain, non par bienveillance, mais par intérêt personnel.

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Ἀλώπηξ κόλουρος.


Ἀλώπηξ ὑπό τινος πάγης τὴν οὐρὰν ἀποκοπεῖσα, ἐπειδὴ δι᾿ αἰσχύνην ἀβίωτον ἡγεῖτο τὸν βίον ἔχειν, ἔγνω δεῖν καὶ τὰς ἄλλας ἀλώπεκας εἰς τὸ αὐτὸ προαγαγεῖν, ἵνα τῷ κοινῷ πάθει τὸ ἴδιον ἐλάττωμα συγκρύψῃ. Καὶ δὴ ἁπάσας ἀθροίσασα παρῄνει αὐταῖς τὰς οὐρὰς ἀποκόπτειν, λέγουσα ὡς οὐκ ἀπρεπὲς μόνον τοῦτο, ἀλλὰ καὶ περισσόν τι αὐταῖς βάρος προσήρτηται. Τούτων δέ τις ὑποτυχοῦσα ἔφη· « Ὦ αὕτη, ἀλλ᾿ εἰ <μή> σοι τοῦτο συνέφερεν, οὐκ ἂν ἡμῖν τοῦτο συνεβούλευσας. »

Οὗτος ὁ λόγος ἁρμόττει πρὸς ἐκείνους οἳ τὰς συμβουλίας ποιοῦνται τοῖς πέλας οὐ δι᾿ εὔνοιαν, ἀλλὰ διὰ τὸ ἑαυτοῖς συμφέρον.