Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Riche et les Pleureuses (bilingue)

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LE RICHE ET LES PLEUREUSES


Un homme riche avait deux filles. L’une d’elles étant morte, il loua des pleureuses à gages. L’autre fille dit à sa mère : « Nous sommes bien malheureuses : c’est nous que regarde le deuil et nous ne savons pas faire les lamentations, tandis que ces femmes, qui ne nous sont rien, se frappent et pleurent avec tant de violence. » La mère lui répondit : « Ne t’étonne pas, mon enfant, si ces femmes font des lamentations si pitoyables : elles les font pour de l’argent. »

C’est ainsi que certains hommes, poussés par l’intérêt, n’hésitent pas à trafiquer des malheurs d’autrui.

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Πλούσιος καὶ θρηνῳδοί.

Πλούσιος δύο θυγατέρας ἔχων, τῆς ἑτέρας ἀποθανούσης, τὰς θρηνούσας ἐμισθώσατο. Τῆς δὲ ἑτέρας παιδὸς λεγούσης πρὸς τὴν μητέρα· « Ἄθλιαι ἡμεῖς, εἴγε αὐταί, ὧν ἐστι τὸ πάθος, θρηνεῖν οὐκ ἴσμεν, αἱ δὲ μηδὲν προσήκουσαι οὕτω σφόδρα κόπτονται καὶ κλαίουσιν, » ἐκείνη ὑποτοχοῦσα εἶπεν· « Ἀλλὰ μὴ θαύμαζε, τέκνον, εἰ οὕτως οἰκτρῶς αὗται θρηνοῦσιν· ἐπὶ γὰρ ἀργυρίῳ τοῦτο ποιοῦσιν. » Οὕτως ἔνιοι τῶν ἀνθρώπων διὰ φιλαργυρίαν οὐκ ὀκνοῦσι καὶ ἀλλοτρίας συμφορὰς ἐργολαϐεῖν.