Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Vantard (bilingue)

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LE VANTARD


Un pentathle, à qui ses concitoyens reprochaient en toute occasion son manque de vigueur, s’en fut un jour à l’étranger. Au bout d’un certain temps il revint, et il allait se vantant d’avoir accompli mainte prouesse en différents pays, mais surtout d’avoir fait à Rhodes un saut tel qu’aucun athlète couronné aux jeux olympiques n’était capable d’en faire un pareil ; et il ajoutait qu’il produirait comme témoins de son exploit ceux qui s’étaient trouvés là, s’ils venaient jamais en son pays. Alors un des assistants prenant la parole lui dit : « Mais, mon ami, si c’est vrai, tu n’as pas besoin de témoins ; voici Rhodes ici même : fais le saut. »

Cette fable montre que lorsqu’on peut prouver une chose par des faits, tout ce qu’on en peut dire est superflu.

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Ἀνὴρ κομπαστής.


Ἀνὴρ πένταθλος ἐπὶ ἀνανδρίᾳ ἑκάστοτε ὑπὸ τῶν πολιτῶν ὀνειδιζόμενος, ἀποδημήσας ποτὲ καὶ μετὰ χρόνον ἐπανελθών, ἀλαζονευόμενος ἔλεγεν ὡς πολλὰ καὶ ἐν ἄλλαις πόλεσιν ἀνδραγαθήσας, ἐν τῇ Ῥόδῳ τοιοῦτον ἥλατο πήδημα ὡς μηδένα τῶν Ὀλυμπιονικῶν ἐφικέσθαι· καὶ τούτου μάρτυρας ἔφασκε παρέξεσθαι τοὺς παρατετυχηκότας, ἂν ἄρα ποτὲ ἐπιδημήσωσι. Τῶν δὲ παρόντων τις ὑποτυχὼν ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ἀλλ᾿, ὦ οὗτος, εἰ τοῦτο ἀληθές ἐστι, οὐδὲν δεῖ σοι μαρτύρων· αὐτοῦ γὰρ καὶ Ῥόδος καὶ πήδημα. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι ὧν πρόχειρος ἡ δι᾿ ἔργων πεῖρα, περὶ τούτων πᾶς λόγος περιττός ἐστι.