Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Les Hommes et Zeus (bilingue)

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LES HOMMES ET ZEUS


On dit que les animaux furent façonnés d’abord, et que Dieu leur accorda, à l’un la force, à l’autre la vitesse, à l’autre des ailes ; mais que l’homme resta nu et dit : « Moi seul, tu m’as laissé sans faveur. » Zeus répondit : « Tu ne prends pas garde au présent que je t’ai fait, et pourtant tu as obtenu le plus grand ; car tu as reçu la raison, puissante chez les dieux et chez les hommes, plus puissante que les puissants, plus rapide que les plus rapides. » Et alors reconnaissant le présent de Dieu, l’homme s’en alla, adorant et rendant grâce.

Tous les hommes ont été favorisés de Dieu qui leur a donné la raison ; mais certains sont insensibles à une telle faveur et préfèrent envier les animaux privés de sentiment et de raison.

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Ἄνθρωποι καὶ Ζεύς.


Λέγουσι πρῶτον τὰ ζῷα πλασθῆναι καὶ χαρισθῆναι αὐτοῖς παρὰ θεοῦ, τῷ μὲν ἀλκήν, τῷ δὲ τάχος, τῷ δὲ πτερά, τὸν δὲ ἄνθρωπον γυμνὸν ἑστῶτα εἰπεῖν· « Ἐμὲ μόνον κατέλιπες ἔρημον χάριτος· » τὸν δὲ Δία εἰπεῖν· « Ἀνεπαίσθητος εἶ τῆς δωρεᾶς, καίτοι τοῦ μεγίστου τετυχηκώς· λόγον γὰρ ἔχεις λαβὼν, ὃς παρὰ θεοῖς δύναται καὶ παρὰ ἀνθρώποις, τῶν δυνατῶν δυνατώτερος καὶ τῶν ταχίστων ταχύτερος. » Καὶ τότε ἐπιγνοὺς τὸ δῶρον ὁ ἄνθρωπος προσκυνήσας καὶ εὐχαριστήσας ᾤχετο.

Ὅτι, ἐκ θεοῦ λόγῳ τιμηθέντων πάντων, ἀνεπαισθήτως ἔχουσί τινες τῆς τοιαύτης τιμῆς καὶ μᾶλλον ζηλοῦσι τὰ ἀναίσθητα καὶ ἄλογα ζῷα.