Fables de La Fontaine (éd. Barbin)/2/Parole de Socrate
Apparence
Fables choisies, mises en vers, Denys Thierry et Claude Barbin, , Tome Second : livres iv, v, vi (p. 66-67).
XVII.
Parole de Socrate.
Ocrate un jour faiſant bâtir,
Chacun cenſuroit ſon ouvrage.
L’un trouvoit les dedans, pour ne luy point mentir,
Indignes d’un tel perſonnage.
L’autre blâmoit la face ; & tous eſtoient d’avis
Que les appartemens en eſtoient trop petits.
Quelle maiſon pour luy ! L’on y tournoit à peine.
Pleuſt au Ciel que de vrais amis
Telle qu’elle eſt, dit-il, elle pût eſtre pleine !
Le bon Socrate avoit raiſon
De trouver pour ceux-là trop grande ſa maiſon.
Chacun ſe dit ami ; mais fol qui s’y repoſe ;
Rien n’eſt plus commun que ce nom,
Rien n’eſt plus rare que la choſe.