Fidélité

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Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 99-100).

FIDÉLITÉ

Que de jours se sont envolés,
Que de soleils se sont voilés,
Que de cendre et que de fumée
Sur les chemins et dans le vent,
Depuis que je m’en vais rêvant
À ma dernière bien-aimée !

Une autre ne viendra donc pas,
Faisant renaître sur ses pas
Les enchantements que je pleure,
Ranimant les fleurs des gazons,
Et tendant, sur les horizons,
— Comme un voile, — l’oubli de l’heure ?

Mon mal n’est pas près de finir,
Car, de son ancien souvenir,
Mon âme est toujours prisonnière.
— Celle que mon désir attend,
Ah ! je ne l’aimerai qu’autant
Qu’elle ressemble à la dernière !