Fleurs de rêve/Adieu
ADIEU
Adieu, montagnes libanaises !
Je vais bien loin
De vos festons mauves et fraises
De clair satin.
L’Égypte où j’habite m’appelle,
Timbre profond ;
Et déjà vogue ma nacelle,
Rythme fécond !
Ô mer, murmure tes berceuses
Car j’ai bien mal !
Plaignez-vous, vagues langoureuses
Du sol natal !
Ah ! ne t’éloigne pas si vite,
Liban chéri !
Ce soir d’adieu mon cœur s’agite
Tout attendri…
Tes nuits ont mis dans ma prunelle
La sombre nuit
Et dans mon âme une parcelle
D’éclair qui luit ;
Les dentelles de tes cascades
Ont fait mon cœur
Tissé de fleurs, de sérénades,
D’amour berceur ;
Aux caprices de ta nature
J’ai pris les miens,
De tes bois où l’Esprit murmure ;
Mes entretiens ;
Et mon âme est parfois sauvage
Comme un oiseau
Qui rêve lors de son passage
Au bord de l’eau.
Et parfois je me sens si douce,
Douce à pleurer,
Rien qu’à toucher la tendre mousse,
Où l’effleurer…
Ce soir je te vois, c’est un rêve
Et qui finit !
Tu disparais, au chagrin trêve
Adieu, mon nid !!
Je t’aime, ô Liban, je t’adore !
Liban, adieu !
Dans ce mot mon cœur s’évapore…
Adieu ! Adieu !