Fleurs de rêve/Laissez-moi !

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)
Boehme et Anderer (p. 89-90).



LAISSEZ-MOI !



Laissez-moi, laissez-moi dans ce charmant asile ;
Laissez-moi vivre ainsi, vivre seule et tranquille
Loin du bruit des cités ;
Laissez à mes regardes ces visions chéries,
Laissez à mes pensées des molles rêveries
Les sommeils enchantés !

Laissez-moi quelques jours ; car je ne veux entendre
Que le souffle léger, harmonieux et tendre
Qui parle sur ces monts ;
Éloignez, pour un temps, de moi les voix humaines
Qu’enflent la jalousie et les haines mondaines :
Ici nous nous aimons !


Oh, oui ! nous nous aimons : ces arbres solitaires,
Ces ruines de jadis, ces restes séculaires
Et ce triste rocher ;
Tout m’aime dans ces lieux, tout m’attire et m’enchante
Les feuilles je les sens palpiter, l’oiseau chante
À me voir approcher !