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Fragments sur les campagnes d’Italie et de Hongrie/3

La bibliothèque libre.
Imprimerie centrale de Napoléon (p. 40-46).

CHAPITRE III.


… Semblable à César, à son heure suprême,
Qui du manteau sanglant s’enveloppe lui-même,
Quel que soit le destin que couve l’avenir,
Terre ! enveloppe-toi de ton grand souvenir.

(Lamartine. À l’Italie.)

……… Go sirrah, trudge about
Through fair Verona.

Shakspeare.

Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, etc., etc., et c’est pendant ce que Dieu a fait de plus beau sur la terre, un bel giorno d’Italia, qu’eut lieu, le 6 mai, la bataille de Sainte-Lucie.

La cavalerie, ce jour-là, ne fut, malheureusement, que spectatrice inactive des hauts faits de nos frères d’armes, tout impatients que nous étions d’essayer nos bonnes lames.

Le 10e bataillon de chasseurs défendait le cimetière du village, et résista longtemps aux attaques consécutives de troupes toujours nouvelles ; enfin, les Piémontais s’emparèrent de la position, et, avec un sang-froid et un appétit qui leur font honneur, mirent de suite le pot au feu. Sic vos non vobis melificatis apes : ce fut nos grenadiers hongrois qui eurent tout le profit de leur soupe ; car, pour la deuxième fois, nous reprîmes le cimetière, et quoique, le soir, la position Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/56 Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/57 Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/58 Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/59 Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/60 constitution ; il n’y a pas un système qui impose la nécessité absolue de gouverner par la duperie, qui exige l’usage continuel d’influences indirectes et honteuses, de transactions lâches et sans fin, de ruses éternelles et indignes de tout gouvernement fort, et qui ne peuvent que faire rougir tout honnête homme réduit à la triste nécessité de s’en servir.

Béranger met dans la bouche de Dieu ces paroles peu respectueuses :

     À ma barbe, quoi ! des pygmées,
     M’appelant le Dieu des armées,
     Osent, en invoquant mon nom,
     Vous tirer des coups de canon !
    Si j’ai jamais conduit une cohorte.
  Je veux, mes enfants, que le diable m’emporte !
   Je veux bien que le diable m^emporte !

Cependant, malgré l’opinion du chansonnier français, je maintiens non-seulement que Dieu est le Dieu des armées, mais je crois qu’il l’est maintenant plus qu’il ne le fut jamais.