Framès/Partie I/I

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Imprimerie Poupart-Davyl et Cie (p. 5-6).


FRAMÈS




Belles comme les séraphins de Klopstock, terribles comme les diables de Milton.

Diderot.


I


Sous les feux du couchant, quand l’horizon s’irise,
Avez-vous vu noyé dans une brume grise,
Avec ses hauts clochers, ses grands palais, ses tours,
Paris, ce vieux géant aux immenses contours ;

Briarée aux cent bras, à la tête féconde,
Dont la prunelle ardente illumine le monde ?
Avez-vous entendu quel murmure grondeur,
S’échappe de son sein menaçant ou frondeur :
Et vous êtes-vous dit : ce qu’il faut au colosse
D’esclaves pour servir sa vanité féroce.
Ce qu’il faut de sang frais à ce grand débauché,
Pour ranimer son cœur que le vice a séché ;
Et vous êtes-vous dit : ce que coûtaient de vies
De grands hommes, ses faims de gloire inassouvies ?
Or, si la pâle peur ne vous a pas glacé,
Si vous avez crié, dans un rêve insensé :
Nous voulons affronter le monstre à face humaine,
Visiter l’antre où nuit et jour il se démène,
Et paladin obscur défier le hasard.
Vous irez à Paris planter votre étendard.