Framès/Partie I/VI

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Imprimerie Poupart-Davyl et Cie (p. 12-14).

VI


Ce drame qui commence ici-bas et s’achève
Derrière ce rideau que nul bras ne soulève,

La vie, est-elle un don du ciel ? un châtiment ?
Le doute sur nos cœurs pèse terriblement.
Naître, vivre, mourir, voilà le grand problème :
Et l’on a beau bâtir système sur système,
Pour savoir d’où l’on vient et puis où l’on ira,
Quel est le grand docteur qui le devinera ?
Discutez, combattez, entassez des volumes.
Usez votre cerveau, vos yeux, vos nerfs, vos plumes,
Et toujours à tâtons dans ces obscurités,
Vous tournerez sans fin, vibrions révoltés.
Qu’importe ? il est bien doux de vivre quand on aime !
Dernière illusion, félicité suprême,
Fleur qui t’épanouis sous un ciel enchanté,
Hymne éternel, divin, par les anges chanté.
Amour ! pourquoi fuis-tu d’un pas toujours rapide,
Et laisses-tu le cœur comme une lande aride

Où ne peuvent germer que les ronces du mal,
L’égoïsme cruel ou le dégoût fatal ?