Français, reprenez le pouvoir !/Partie 4/Chapitre 5

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Pour sortir par le haut de ses difficultés actuelles, la France doit d’abord avoir le courage de desserrer le carcan extérieur qui l’étouffe en adoptant une stratégie volontariste conforme à ses intérêts. Elle doit faire preuve d’audace de manière raisonnée, quitte à étonner ses voisins européens, comme elle a souvent su le faire par le passé. C’est ainsi qu’elle redeviendra un exemple pour le monde et redonnera espoir à tous les peuples qui aspirent à un autre modèle économique, social et environnemental. Mais pour réussir, il faut, face à la mondialisation, en finir avec la politique de l’autruche. Depuis une décennie en effet, ce qu’il est convenu d’appeler la « mondialisation » tétanise la France, lui interdisant de penser sa contre-attaque. Sa caricature, pour la dénoncer ou l’encenser, tient lieu de politique.

Or, la mondialisation est tout d’abord une réalité, celle de l’abaissement des coûts de transport, des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), du mélange des cultures. C’est, en un mot, le rétrécissement du monde par le rapprochement des peuples.

Ce mouvement est-il si nouveau? À toutes les époques, des innovations ont permis de découvrir de nouvelles contrées, d’accroître les échanges, d’asseoir la suprématie de nouvelles nations (de Venise aux États-Unis en passant par la Hollande, l’Espagne ou l’Angleterre).

Il n’y a pas lieu naturellement de vouloir remettre en cause cette évolution du monde, pour la simple raison que c’est impossible! Il est en revanche de notre devoir de la comprendre, pour s’en servir et non pour la subir.

Or le terme de « mondialisation » ne recouvre pas seulement la notion de rétrécissement du monde, c’est aussi le faux-nez d’une politique hégémonique qui n’a rien d’inéluctable. C’est à la fois un processus neutre et irréversible et, malheureusement, un programme et une idéologie en cours de déploiement.

De ce fait, se répandent à la surface de la terre les ravages bien réels d’un capitalisme global, sans frein, sans contrôle démocratique. Ce capitalisme s’appuie sur plusieurs éléments: l’internationalisation de la finance, un système monétaire mondial devenu fou, l’abaissement systématique des barrières douanières, la dilapidation des ressources naturelles et la destruction de notre environnement.

Ce phénomène s’est accéléré depuis un quart de siècle, pour atteindre un véritable point de rupture, où les effets initialement positifs de la globalisation des échanges sont en train d’être anéantis sous le poids de déséquilibres nombreux et croissants.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Un milliard d’hommes travaillent pour moins de deux dollars par jour. Selon l’Organisation internationale du travail, plus de deux millions de travailleurs meurent chaque année, suite à des accidents du travail ou à des maladies professionnelles, sans compter les deux millions d’enfants morts en 2002 d’une maladie qu’un vaccin bon marché aurait permis d’éviter.

Cette mondialisation incontrôlée nuit aux pays émergents eux-mêmes, qui connaissent des déséquilibres internes croissants. Contrairement à ce qui est souvent présenté, le développement d’une classe citadine s’est fait aux dépens d’une classe paysanne de plus en plus déracinée. En Chine, le recul du système éducatif et de santé dans les campagnes est désormais avéré. L’existence d’un « réservoir » de main-d’œuvre gigantesque empêche l’évolution du niveau des salaires qui, généralement, suit une première phase de création de richesse.

Cette mondialisation nuit aussi aux pays développés, pris en tenaille entre les coûts imbattables des pays émergents et la charge de leurs systèmes sociaux. Même aux États-Unis, nation la plus riche du monde, le système dérape. Alan Greenspan, ancien président de la Banque centrale des États-Unis, s’est récemment inquiété de la possible disparition de la classe moyenne. La déconnexion grandissante entre salaire, santé des entreprises et conjoncture devient inefficace et insolente, au point de menacer la légitimité du système. Ainsi, aux États-Unis toujours, malgré une croissance forte et un taux de chômage inférieur à 5 %, 80 % des employés n’ont pas bénéficié de la moindre augmentation de salaire ces cinq dernières années. La productivité par heure de travail a progressé d’environ 14 % contre 2 % pour les salaires réels. Les systèmes de retraite mis en œuvre par les grandes entreprises font faillite, laissant sans revenu quantité de retraités. Depuis 1973 en revanche, le 1 % des Américains les plus riches a vu ses revenus doubler.