François de Bienville/08

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Texte établi par Léger Brousseau Voir et modifier les données sur WikidataLéger Brousseau imprimeur-éditeur (p. 138-150).

CHAPITRE HUITIÈME.



mousquetade et mousquets.


Le matin du 17 octobre s’annonça sombre, humide et froid. Une forte brise de nord-est soulevait des vagues dans le port et les affolait en les irritant, tandis qu’une pluie fine et pénétrante jetait son gris manteau de vapeurs sur la ville engourdie.

Sept heures sonnaient au château, lorsque la sentinelle qui grelottait sur la terrasse, crut voir, au travers du brouillard, plusieurs embarcations se détacher des vaisseaux ancrés au milieu du fleuve. Le factionnaire se persuada bientôt à n’en point douter, que ces chaloupes étaient chargées d’hommes.[1] Aussitôt il donna l’alarme, selon les ordres qu’il avait reçus.

Nous avons vu plus haut que le château était bâti à l’endroit où est maintenant notre plate-forme. Située à quatre-vingts pieds au-dessus du niveau du fleuve et sur le sommet de la falaise, la maison du gouverneur général avait alors deux étages et cent vingt pieds de long, avec deux pavillons à chaque bout. La terrasse qui régnait en avant du château et regardait le fleuve et la basse ville, était longue de quatre-vingts pieds. Le château était irrégulier dans sa fortification, n’ayant que deux bastions du côté de la ville, et situés tous deux à l’endroit où est maintenant le jardin du gouverneur. Aucun fossé n’en défendait l’approche.

La garnison du château du Fort était de deux sergents et de vingt-cinq soldats, outre la compagnie des gardes du gouverneur ; celle-ci se composait d’un capitaine, d’un lieutenant et de dix-sept carabins.[2]

Dès que M. de Frontenac eut entendu le signal donné par la sentinelle, il accourut sur le champ. Et c’est pourtant à peine s’il avait pu reposer une heure, occupé qu’il avait été durant la nuit à donner ses ordres aux officiers. Le vieux militaire avait trop longtemps dormi sous la tente et au bivouac pour n’être pas brisé à cette vie d’alertes et de surprises qui est celle du soldat.

— Qu’y-a-t-il ? demanda le comte au factionnaire qui se tenait devant son chef, raide et au port-d’armes.

— Il y a, mon commandant, répondit le soldat, que l’Anglais se prépare à prendre terre pour nous tomber dessus ; voyez plutôt !

— Qu’on m’apporte ma lunette de longue-vue ? demanda le gouverneur.

— La voici, monseigneur, lui dit bientôt une voix humble sortant d’un individu plus humble encore qui courbait modestement l’échine devant le comte. Ce n’était autre que maître Saucier. Un bonnet de laine bleue, dont la mèche retombait paisiblement sur son oreille gauche, couvrait la tête du cuisinier, tandis que le classique tablier de sa caste dessinait les contours arrondis de son abdomen.

Maître Olivier avait très-mal dormi durant la nuit précédente, ayant été berné par un cauchemar incessant. Il n’avait rêvé qu’assaut, saccage et massacre, et s’était éveillé baigné de sueurs froides, lorsque le jour commençait à poindre. Alors notre homme s’était levé tout de suite en essayant de chasser les idées sombres que les rêves nocturnes suscitaient en lui. À peine entendit-il quelque bruit qu’il se mit à rôder dans les corridors du château. Aussi accourut-il un des premiers lorsque la sentinelle donna l’alarme. Puis ayant entendu le gouverneur demander sa lunette, il s’était empressé de l’aller quérir.

— Tiens ! dit le comte, c’est vous, père Saucier ! C’est bien, mais regagnez vos fourneaux, maintenant ; car n’oubliez pas que j’aurai beaucoup d’hôtes à ma table d’ici à quelque temps. D’ailleurs, cet endroit-ci est très-malsain pour un homme de votre corpulence.

— Jésus-Dieu ! je n’y pensais pas ! fit Saucier en portant vivement les deux mains sur sa bedaine, comme s’il eût senti quelque biscaïen y faire une trouée.

Puis il prit sa course vers la cuisine.

Cependant M. de Frontenac braqua sa lunette sur la flotte, et resta quelques minutes à examiner les mouvements de plusieurs chaloupes ennemies qui se dirigeaient vers la terre.

— Vous aviez raison, mon brave, dit-il ensuite à la sentinelle ; l’ennemi se prépare en effet à débarquer. Allons ! fit-il en se tournant vers quelques officiers qui l’avaient suivi, qu’on batte la générale et que chacun soit à son poste !

Alors un caporal-tambour, escorté de deux soldats armés, parcourut toute la ville en sonnant la batterie d’alarme, tandis que, selon l’usage, tous les tambours de la place la répétaient à l’instant. Ce tapage mit en un moment le civil et le militaire en émoi.

Sir William Phips avait compté sans l’orage et la marée pour le débarquement de ses troupes de terre.

Car le vent prenant les embarcations en flanc, les entraînait vers la ville ou les poussait sur des brisants que la marée baissante laissait à découvert. L’un de ces bateaux commandé par le capitaine Savage — Harthing était à son bord — parvint cependant en forçant de rames à se diriger vers la terre en droite ligne ; mais le reflux laissa cette embarcation à sec entre la rivière Saint-Charles et l’église de Beauport ; en vain voulut-elle regagner le large, il n’était plus temps.

Ceux qui la montaient se trouvèrent alors dans la plus critique des positions ; car ils ne pouvaient plus communiquer avec les leurs qui s’étaient empressés de rejoindre les vaisseaux. Leur situation était d’autant plus précaire qu’ils furent bientôt attaqués par quelques Canadiens qui accouraient déjà sur le rivage.[3]

Pendant plusieurs heures la barque anglaise, et ceux qui la montaient, souffrirent beaucoup d’une mousquetade bien nourrie dirigée sur eux par les habitants de Beauport que commandait leur seigneur M. Juchereau de Saint-Denis. Mais on dut se contenter de part et d’autre de s’attaquer de loin ; car le terrain mouvant et vaseux des battures s’opposait à ce qu’on y pût marcher à l’ennemi sans danger.[4]

Il serait impossible de bien rendre les accès de rage folle qui agitèrent Harthing durant tout ce temps. Certain que sa lettre avait été remise à Mlle d’Orsy la veille au soir, il sentait bien que ce message n’était pas de nature à lui concilier l’affection de la jeune fille et qu’il ne lui restait plus de recours, pour parvenir à ses fins, qu’en la réalisation de ses menaces. D’ailleurs, il avait besoin de mouvement pour s’étourdir ; et il était là, cloué sur un écueil, dans une complète inaction. Il appelait l’assaut de tous les vœux de son âme ; et, loin de pouvoir y monter, il était, pour ainsi dire, assiégé lui-même, et exposé à tomber sous la fusillade que l’on entretenait du rivage contre le bateau qui le portait.

— Par Satan ! grommelait il, les éléments vont-ils donc se joindre aussi à tous les obstacles contre lesquels il me faut déjà lutter ! Quelle puissance occulte te protège donc, Marie-Louise d’Orsy ! ou quels démons acharnés contre moi me lient ainsi de leurs chaînes de fer ! Tout semble conspirer contre moi : destins, préjugés, patrie, nature, ciel, enfer, tous me meurtrissent et m’écrasent et semblent s’égayer de ma longue agonie avant que de jouir de mon dernier râle ! Oh ! allez ! allez toujours ! car je suis fort encore et serai lent à mourir !

— Oh ! que je l’aime ! ajoutait-il ; mais que je souffre au cœur !… J’ai du feu dans les veines !… mon crâne éclate !… Torture !… Malédiction !…

Et ce supplice, d’autant plus insupportable qu’il était concentré, dura trois heures.

Aussi renonçons-nous à décrire l’état d’excitation du malheureux Harthing, quand le flux, venant déséchouer leur bateau, permit aux Anglais de rejoindre la flotte.

Cependant l’émoi, que la batterie de la générale avait jeté par la ville, y régnait encore. Tout le militaire était sous les armes, ainsi que les bourgeois en état de les porter. Pendant ce temps, les vieillards, les femmes et les enfants transportaient en grande hâte aux Ursulines leurs objets les plus précieux, voire même des marchandises, pour les mettre à l’abri dans les murs épais du couvent.[5]

Ce n’était que cris, confusion, vacarme et désordre depuis la « grande place » jusqu’au monastère des bonnes sœurs. Les rues des Jardins et du Parloir étaient encombrées de femmes et d’enfants, de meubles et d’effets, le tout criant, remuant et grouillant.

— Place donc ! s’écriait dame Javotte Boisdon, robuste commère dont les reins solides et les jarrets musculeux pliaient à peine sous le poids d’un gros coffre où elle avait jeté pêle-mêle linge, habits, chaudrons et casseroles ; — mais rangez-vous donc, vous autres !

— Rangez-vous donc vous-même ! riposte d’une voix aigre et chevrotante une petite vieille ridée et cassée qui chancelle sous la pesanteur d’un lit de plumes qu’elle traîne à la remorque.

— Allons ! mère Picard, soyez tranquille reprend l’autre. On ne déménage plus à votre âge ; et vous auriez mieux fait de rester couchée sur votre paillasse que de la traîner avec vous.

— Et votre batterie de cuisine y gagnerait de passer par le feu, réplique la vieille ; car il y a trop longtemps qu’elle n’a pas vu l’eau !

Dame Javotte irritée bouscule sa voisine qui va donner de la tête dans la vitre d’une horloge ; cette glace vole en éclats sur le dos d’un enfant qui la porte, tandis qu’un méchant clou, dont la pointe sournoise dépasse l’un des angles du coffre aux chaudrons, pénètre dans la couverture du matelas qu’elle laboure dans sa longueur en y faisant une ample déchirure par où la plume s’échappe, roule sur la terre ou s’envole au vent. Et l’enfant de pleurer, la vieille de se lamenter, tandis que la gaillarde moitié du digne Boisdon continue son chemin sans remarquer le dommage qu’elle a fait.

Ici, un vieillard voulant mettre en sûreté les quelques jours qui lui restent à vivre, traîne ses vieux ans avec l’aide du faible bras de sa fille. Là, une jeune mère palpitante, échevelée, emporte en courant un enfant à la mamelle et dont les yeux regardent avec étonnement la scène étrange qui les frappe.

Plus loin, c’est un pauvre invalide ou un moribond que l’on transporte sur quelque litière improvisée.

Partout le grotesque et le sublime, la faiblesse, l’empressement et l’effroi se heurtent et se poussent en tous sens dans la direction du monastère.[6]

Tout-à-coup, la tête de cette cohorte alarmée s’arrête, ce qui occasionne un mouvement rétrograde parmi le reste de la cohue. Et les cris : Place ! place ! dominent le tumulte.

On se range instinctivement de chaque côté de la rue ; on se pousse, on s’écrase avec des cris de douleur étouffés. Alors dans l’espace laissé libre s’avancent des prêtres en habits d’office et précédés de quelques enfants de chœur, portant en procession un tableau de la Sainte-Famille. On s’en va le suspendre au clocher de la cathédrale pour mettre la ville sous la protection de la Famille-Sainte.[7]

On s’incline au passage de la croix d’argent portée en tête du pieux cortège, et la confiance semble renaître dans les cœurs alarmés de ces êtres faibles et tremblants qui continuent d’avancer vers le monastère.

Mais si l’on voit la frayeur troubler cette partie naturellement timide des habitants de Québec, il n’en faut pas conclure que l’autre se laisse gagner par le mal souvent contagieux de la peur. Tous les citoyens auxquels leur âge le permet, se sont rangés sous les ordres de leurs officiers. Plus d’un vieillard en qui le souvenir des exploits d’autrefois ranime un reste de vigueur qui va s’éteignant, et bon nombre d’adolescents qu’un courage prématuré transporte, renforcissent les rangs des miliciens rassemblés. Soldats du roi et volontaires attendent à leur poste que l’ordre d’action soit donné : les troupes brûlant d’envie de donner l’exemple aux milices, et ces derrières frémissant d’ardeur de prouver aux autres que les enfants du sol sont encore français par le courage et l’audace.

Tous étaient répartis sur les différents points de la ville, d’après les ordres du gouverneur qui attendait certains mouvements de l’ennemi pour se porter à sa rencontre. La majeure partie des troupes de ligne était concentrée sur la place-d’armes, et s’amusait à regarder une compagnie de miliciens composée des Québecquois âgés et mariés. Un capitaine habituait ces derniers à manier l’arquebuse et le mousquet à mèche,[8] et ce au grand plaisir des soldats de ligne qui pouffaient de rire à chacune des bévues commises par messieurs les bourgeois. Le grand nombre de ces derniers montrait cependant beaucoup de bon vouloir et satisfaisait même l’officier chargé de les exercer. Mais il y avait pourtant un milicien qui le désespérait par ses balourdises ; c’était le numéro treize du rang de serre-file, ou, si vous l’aimez mieux, notre connaissance Jean Boisdon.

Était-ce distraction ou gaucherie, pensait-il au risque à courir dans la ténébreuse affaire qu’il machinait avec Dent-de-Loup ? La chronique ne le dit pas ; elle constate seulement que notre homme était d’une maladresse désespérante.

[9]« Portez la main droite au mousquet, » commandait l’officier.

Boisdon troublé cherchait sa main droite qu’il confondait avec la gauche.

— « Haut le mousquet, » continuait le capitaine.

Et l’aubergiste-soldat menaçait le ciel de son arme qui dépassait celles de ses voisins de deux pieds.

— « Joignez la main gauche au mousquet. » Mais, numéro treize de serre-file, vous ne savez donc pas encore, à votre âge, distinguer votre gauche de votre droite ! s’écriait l’officier impatienté.

Quelques instants après, comme le capitaine allait commander le feu à ses hommes qu’il venait de disperser en tirailleurs, le cri : « Tirez ! » arrêta sur ses lèvres ; car il s’aperçut que Boisdon avait laissé sa baguette dans le canon de son arme qui menaçait le capitaine placé à vingt pas en avant de sa compagnie.

— Mille bombardes ! s’écria-t-il, ne voyez-vous point, numéro treize de serre-file que vous n’avez pas retiré la baguette du canon de votre mousquet, et que vous alliez m’en percer ! La jolie besogne que la mienne ! Je m’évertue à initier un niais dans l’art des armes, et ce gredin-là va me tuer ! Mais n’avez-vous pas entendu le commandement : « Tirez la baguette et remettez-la en son lieu… » Animal de bourgeois, ajouta-t-il en a parte.

En voyant le danger à courir, s’ils continuaient à se tenir au bout des mousquets, les badauds qui se tenaient en avant de la compagnie, s’en éloignèrent respectueusement.

Les miliciens firent feu de leurs cartouches blanches, et l’on procéda au rechargement des armes.

La voix vibrante du capitaine cria de nouveau :

— « Prenez le fourniment »… « Mettez-le dans le canon »… « Remettez le fourniment en son lieu »… « Tirez la baguette »… « Bourrez »… « Remettez la baguette en son lieu. »… Entendez-vous, numéro treize de serre-file ?

Jusque-là, Boisdon stimulé par les rires de ses camarades et les reproches de son commandant, ne s’exécutait pas trop mal

— « Mettez la mèche sur le serpentin, » continua le capitaine. « Mettez les deux doigts sur le bassinet »… « Soufflez la mèche »…

Mais Boisdon négligea de couvrir le bassinet de ses doigts, ordre qui avait pour effet d’empêcher la poudre d’amorce d’y prendre feu. Aussi quand notre homme souffla sur la mêche pour en raviver la flamme, une malencontreuse étincelle alla tomber sur la poudre d’amorce, laquelle s’enflamma en faisant partir le coup.

Or Boisdon se trouvait couvrir, comme disent messieurs les militaires, le numéro treize du rang de front, qui n’était autre que le cuisinier du château, Olivier Saucier. La gueule du mousquet de l’aubergiste, ce dernier se tenait trop en arrière de son rang, touchait presque la partie charnue terminant l’échine du pauvre Saucier ; aussi ce dernier reçut-il dans cette partie proéminente de son humanité toute la charge, bourre et poudre, du mousquet de Boisdon.

— Ah ! Jésus ! mon Seigneur ! je suis mort ! crie le cuisinier qui s’affaisse à terre comme une masse inerte, le poids de son gros ventre le faisant tomber la face en avant.

On accourt, on s’empresse autour du blessé qui croit rendre l’âme par la plaie saignante.

— Vite ! de l’eau ! de l’eau ! voilà que Saucier prend feu ! s’écrie un milicien.

En effet le coup avait atteint le chef de si près, que la partie de ses chausses qui recouvrait l’endroit atteint avait pris feu et brûlait en grillant les chairs grasses qu’elles avaient pour mission de voiler pudiquement.

— Au secours ! au secours ! miséricorde ! hurle Saucier.

Un soldat de ligne qui s’était approché, fend les rangs des miliciens et frappe de toutes ses forces du plat de la main sur les abords de la blessure enflammée.

— Ah ! ah ! ah ! fait Saucier en poussant de pitoyables gémissements à chacun des coups vigoureux que le malin soldat lui donne à dessein.

— Allons ! mon vieux, laissez-vous faire, dit le militaire ; sans quoi vous allez être incendié.

— Oh ! je vas mourir !… Je me… meurs crie le cuisinier d’une voix plaintive.

— Non, non, père, vous n’en mourrez point, repart de soldat qui vient enfin d’arrêter l’action dévorante du feu. Vous en serez quitte pour ne point vous asseoir sur la dure pendant trois semaines. Ne craignez rien, mon brave, le cœur est loin !

Pendant ce temps, Boisdon ahuri regarde tantôt son mousquet qu’il a laissé tomber à terre dans le premier moment de la surprise, et tantôt son ami qu’il vient de blesser si gauchement.

On fait un brancard sur lequel Saucier gémissant est transporté au château.

— Est-ce parce que je te dois dix écus, scélérat, que tu as voulu m’assassiner ! dit à Boisdon Saucier qu’on emmène.

« Chacun à son poste, » commande le capitaine instructeur… « Serrez vos rangs ! » Et vous, numéro treize de serre-file, vous n’êtes qu’une bête ! Vous feriez mieux d’aller retrouver vos cruches, broc à vin !

Et voilà comment Boisdon fit ses premières armes.


  1. Voir nos historiens.
  2. Voir La Potherie.
  3. « On the next morning, we attempted to land our men, but by a storm were prevented, few of the boats being able to row ahead, and found it would endanger our men, and wet our arms ; at which time the vessel Capt. Savage was in went ashore, the tide fell, left them dry, the ennemy came upon them. » (Journal du major Whalley, commandant en chef des troupes de terre.)
  4. Historique.
  5. « Notre classe des externes était encombrée de meubles et de marchandises, servant de magasin à beaucoup de personnes qui avaient apporté leur bagage. » (Annales des Ursulines.)
  6. « Notre maison était remplie de personnes séculières… Notre pensionnat et la classe de nos sauvagesses étaient occupés par des familles de la ville. Notre communauté servait de classe à nos pensionnaires ; notre réfectoire, notre noviciat et les trois caves étaient remplies de femmes et d’enfants, et à peine pouvions-nous sortir de notre cuisine dans laquelle il y avait souvent des personnes séculières. » Annales des Ursulines.
  7. « Nous prêtâmes aussi en cette occasion notre tableau de la Sainte-Famille qui fut exposé au haut du clocher de la cathédrale, pour témoigner que c’était sous les auspices de cette famille et sous sa protection que l’on voulait combattre les ennemis de Dieu et les nôtres. » Annales des Ursulines.
  8. Aujourd’hui que l’on ne parle que de Chassepots, de Sneiders, de Rémingtons, ou de fusils à aiguille, il sera peut-être à propos de donner ici une idée des armes à feu de nos ancêtres. L’arquebuse, plus lourde que le mousquet (il y en avait qui pesaient de cinquante à cent livres) nécessitait l’emploi d’une fourquerie, ou fourche ferrée sur laquelle on appuyait l’arme pour viser plus sûrement. Ce bâton d’appui était ferré par le bas afin de pouvoir être fixé solidement en terre, et fourni par le haut d’une béquille ou fourchette sur laquelle reposait l’arme que l’on voulait ajuster, et qui prenait alors le nom d’arquebuse à croc. On ne se servait pourtant des plus pesantes que sur les remparts.

    Le mécanisme de l’arquebuse et du mousquet à mèche était très-simple. L’extrémité inférieure de la platine portait un chien nommé serpentin, à cause de sa forme, entre les dents duquel on adaptait la mêche. En appuyant fortement sur la détente, on faisait jouer une bascule intérieure qui abaissait le serpentin avec la mèche allumée sur le bassinet où il faisait prendre feu à l’amorce.

    Les munitions de l’arquebusier étaient contenues dans un appareil nommé fourniment. Le fourniment était pourvu de plusieurs petits tubes en métal contenant chacun leur cartouche, et d’une flasque renfermant une poudre très-fine que l’on nommait pulvérin d’amorce.

  9. Tous les commandements qui suivent sont exactement ceux dont on se servait au 17e siècle, dans l’armée française. Ils sont tirés d’un ouvrage intitulé : « Des travaux de Mars, par Alain Mannesson Mallot, maistre de mathématique des pages de la petite écurie de Sa Majesté, ci-devant ingénieur et sergent-major d’artillerie en Portugal, Paris, 1684, 3 vol. 140. » Voir aussi Monteil, 3e  vol. p. 188, édition de Victor Lecou, 1853.