Frankenstein, ou le Prométhée moderne (trad. Saladin)/28

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Traduction par Jules Saladin.
Corréard (3p. 180-208).

CHAPITRE XXIII.


La situation de mon esprit était telle, que je ne fus plus maître d’aucune pensée. J’étais animé par la fureur ; la vengeance seule me donnait des forces et du calme ; elle tempérait mes sentimens, et me permettait d’être modéré et réfléchi, dans les momens où je n’aurais eu recours qu’au délire ou à la mort.

Ma première résolution fut de quitter Genève à jamais ; mon pays, qui m’était si cher aux jours de mon bonheur et de mes affections, me devint odieux dans mon adversité. Je pris une somme d’argent avec quelques bijoux qui avaient appartenu à mon père, et je partis.

De ce moment ont commencé mes courses, qui ne finiront qu’avec ma vie. J’ai parcouru une grande partie de la terre, et j’ai supporté toutes les fatigues auxquelles les voyageurs ont l’habitude d’être exposés dans les déserts et les pays barbares. Je sais à peine comment j’ai vécu ; souvent j’ai étendu sur le sable mes membres affaiblis, et j’ai invoqué la mort ; mais j’ai vécu pour la vengeance ; je n’osais mourir et laisser la vie à mon adversaire.

En quittant Genève, mon premier soin fut de chercher la trace de mon infernal ennemi ; mais mon plan fut dérangé ; et j’errai plusieurs heures autour de la ville, incertain de la route que je suivrais. À l’approche de la nuit, je me trouvai à la porte du cimetière où reposaient Guillaume, Élisabeth, et mon père. Je franchis la porte, et je m’avançai vers leurs tombeaux. Tout était silencieux, hors les feuilles des arbres, qui étaient légèrement agitées par le vent ; la soirée était sombre, et la scène eût été solemnelle et touchante, même pour un observateur désintéressé. Les esprits des morts semblaient voltiger autour de leurs tombes, et jeter autour de la tête de celui qui venait pleurer sur leurs cendres, une ombre qui était sentie sans être vue.

Le profond chagrin, que m’avait d’abord inspiré cette scène, fit bientôt place à la rage et au désespoir. Ils étaient morts, et je vivais ; leur meurtrier vivait aussi, et c’était pour le détruire que je traînais mon existence odieuse. Je m’agenouillai sur le gazon ; je baisai la terre qui recouvrait leurs cendres, et les lèvres tremblantes je m’écriai : « Par la terre sacrée sur laquelle je suis agenouillé, par les ombres qui errent auprès de moi, par le chagrin profond et éternel que j’éprouve, par toi, nuit, par les esprits qui président à ton cours, je jure de poursuivre le Démon, auteur de tous ces maux, jusqu’à ce que l’un de nous soit anéanti dans la lutte que nous engagerons. C’est dans ce but que je conserverai ma vie : je verrai encore l’éclat du soleil, je foulerai encore la verdure de la terre, mais pour satisfaire cette vengeance si douce, et sans laquelle je n’assisterais plus au spectacle de la nature. J’invoque votre secours, esprits des morts ; et vous, ministres errans de vengeance, dirigez-moi dans mon entreprise. Que le monstre exécrable boive à longs traits dans la coupe de la douleur, qu’il connaisse le désespoir auquel je suis en proie maintenant » !

J’avais commencé mon invocation avec solemnité, et un respect qui m’assurait presque que les ombres de mes amis assassinés entendaient et approuvaient mon vœu. Mais en terminant j’étais animé par la fureur, et la rage me faisait élever la voix.

Un rire violent et infernal fut la réponse que je reçus au milieu du silence de la nuit. Il retentit long-temps et avec force à mon oreille ; les montagnes le répétèrent, et je crus que tout l’enfer m’entourait pour me railler et m’insulter. Sans doute en ce moment j’aurais été animé par la frénésie, et j’aurais mis fin à ma déplorable existence, si mon vœu n’eût été entendu, et si je ne me fusse réservé pour la vengeance. J’oubliais le rire qui m’avait frappé, lorsqu’une voix bien connue et détestée, qui me paraissait être tout près de mon oreille, prononça distinctement ces paroles : « Je suis satisfait, misérable ! tu te résous à vivre, et je suis satisfait ».

Je m’élançai vers l’endroit d’où partait la voix ; mais le démon m’échappa. Tout-à-coup le large disque de la lune s’éleva, et éclaira complètement le corps hideux et difforme du monstre qui fuyait avec une rapidité surnaturelle.

Je le poursuivis, et pendant plusieurs mois je n’ai point eu d’autre occupation. Guidé par de vagues renseignemens, j’ai suivi les détours du Rhin sans le rencontrer. J’arrivai sur les bords de la Méditerranée ; et, par un hasard étrange, je vis le démon entrer pendant la nuit, et se cacher dans un vaisseau destiné pour la mer Noire. Je pris passage sur le même navire ; mais il échappa, je ne sais comment.

Au milieu des déserts de la Tartarie et de la Russie, je n’ai pu l’atteindre, mais j’ai toujours suivi ses traces. Tantôt les paysans, effrayés par cette horrible apparition, m’instruisaient de la route qu’il tenait ; tantôt lui-même, il me laissait quelque signe pour me guider, dans la crainte que, si je perdais toute tracé, je ne me livrasse au désespoir et ne voulusse mourir. Souvent je recevais la neige sur ma tête, et je voyais l’empreinte de son énorme pas sur la plaine blanchie. Vous, qui entrez dans la vie, pour qui les soucis sont nouveaux, et le désespoir inconnu, comment pouvez-vous comprendre ce que j’ai éprouvé et ce que j’éprouve encore ? Le froid, le besoin et la fatigue étaient les moindres maux que j’eusse à supporter ; j’étais maudit par un mauvais génie, et je portais toujours avec moi mon enfer ; mais cependant un bon génie a suivi et dirigé mes pas, et au moment où je me plaignais le plus, il me dégageait tout-à-coup des difficultés qui paraissaient insurmontables. Quelquefois, lorsque la nature succombait épuisée par la faim, je trouvais dans le désert un repas qui m’était destiné, et qui me rendait la force et le courage. C’était une nourriture grossière, il est vrai, comme celle des paysans de la contrée : mais je ne puis douter qu’elle n’y fût placée par les esprits, dont j’avais invoqué le secours. Souvent, lorsque tout était aride, le ciel sans nuages, et mon gosier desséché par une soif brûlante, un léger nuage rafraîchissait le temps, versait quelques gouttes qui me ranimaient, et se dissipait.

Je suivais, autant que possible, le cours des rivières ; mais le Démon évitait ordinairement ces chemins, parce que c’est là que se réunit la plus grande partie de la population d’un pays. Partout ailleurs, on voyait rarement quelques êtres humains ; et ma subsistance ordinaire était la chair des animaux sauvages qui se trouvaient sur mon chemin. J’avais de l’argent avec moi, et je gagnais l’amitié des villageois en le distribuant, ou en apportant quelque bête que j’avais tuée, et dont je ne prenais qu’une petite part, ayant soin d’offrir le reste à ceux qui m’avaient procuré du feu et les ustensiles nécessaires pour la préparer.

Ma vie, en s’écoulant ainsi, m’était réellement odieuse, et ce n’était que pendant le sommeil que je pouvais jouir de quelque consolation. Ô bienheureux sommeil ! Souvent, lorsque j’étais le plus malheureux, je me livrais au repos, et j’étais bercé par mes rêves au point de tomber dans le ravissement. Les esprits, qui veillaient sur moi, m’avaient ménagé ces momens, ou plutôt ces heures de bonheur, afin que je conservasse assez de force pour accomplir mon pélerinage. Sans ce délassement, j’aurais succombé à mes fatigues. Pendant le jour, j’étais soutenu et encouragé par l’espoir de la nuit : car, durant le sommeil, je voyais mes amis, ma femme et ma chère patrie ; je voyais encore le visage bienveillant de mon père, j’entendais les douces modulations de la voix de mon Élisabeth, et je voyais Clerval brillant de jeunesse et de santé. Souvent, fatigué par une marche pénible, je me persuadais que cette fatigue était un rêve qui durerait jusqu’à l’arrivée de la nuit, et qu’alors je jouirais de la réalité dans les bras de mes plus chers amis. Quelle tendresse ils m’inspiraient ! Combien je m’attachais à leurs formes chéries, si, à mon réveil, elles se présentaient à mon imagination ! Dans ces momens, je me figurais qu’ils vivaient encore ! Dans ces momens encore, la vengeance, dont j’étais dévoré, s’éteignait dans mon cœur, et je continuais à poursuivre le Démon que j’avais à détruire, plutôt pour remplir une tâche enjointe par le ciel, pour suivre l’impulsion mécanique d’une puissance inconnue, que pour satisfaire un désir ardent de mon âme.

Je ne sais quelles étaient les sensations de celui que je poursuivais. Quelquefois il laissait des marques de son passage, en écrivant sur l’écorce des arbres, ou en gravant sur la pierre, dans la vue de me guider et d’exciter ma fureur. Je lus ces mots dans une de ces inscriptions : « Mon règne n’est pas encore fini ; tu vis, et mon pouvoir est complet. Suis-moi ; je me dirige vers les glaces éternelles du nord, où tu éprouveras la rigueur du froid auquel je suis insensible. Tu trouveras près de ce lieu, si tu n’arrives pas trop tard, un lièvre mort ; mange, et rafraîchis-toi. Avance, mon ennemi, nous avons encore à nous disputer la vie ; mais tu passeras bien des momens durs et cruels, avant que cet instant ne soit venu ».

Démon insultant ! Je fais encore vœu de vengeance ; je te voue encore, misérable Démon, aux tourmens et à la mort. Jamais je ne cesserai mes recherches, que lui ou moi ne périssions ; et, alors, avec quelle joie j’irai rejoindre mon Élisabeth, et ceux qui, même à présent, me préparent la récompense de mes pénibles ennuis et de mon horrible pélerinage !

En poursuivant toujours mon voyage vers le nord, les neiges s’épaissirent, et le froid s’accrut à un degré beaucoup trop élevé pour que je pusse le supporter. Les paysans étaient renfermés dans leurs cabanes, et les plus hardis seulement osaient les quitter afin de prendre les animaux que la faim avait fait sortir de leurs retraites pour chercher une proie. Les rivières étaient recouvertes d’une glace épaisse qui ne permettait pas d’avoir du poisson ; ainsi, j’étais privé de tout ce qui servait ordinairement à me nourrir.

Le triomphe de mon ennemi doubla avec la difficulté de mes travaux. Une inscription, qu’il laissa, était conçue en ces termes : « Prépare toi ! tes fatigues ne font que commencer. Enveloppe-toi de fourrures, et fais provision de vivres, car nous allons bientôt entreprendre un voyage où tes souffrances satisferont ma haine éternelle ».

Loin de céder à ces paroles dérisoires, je me fortifiais dans mon courage et ma persévérance. Je résolus de ne pas abandonner mon projet ; et, demandant au Ciel de me soutenir, je continuai avec la même ardeur à traverser d’immenses déserts, jusqu’à ce que je vis de loin l’Océan qui formait les dernières limites de l’horizon. Ah ! combien cette mer différait des mers azurées du sud ! Couverte de glace, elle ne se distinguait de la terre que par son aspect sombre et ses inégalités. Les Grecs pleurèrent de joie en apercevant la Méditerranée, du sommet des montagnes de l’Asie ; ils cinglèrent avec ravissement vers le terme de leurs travaux. Je ne pleurai pas ; mais je m’agenouillai ; et, de bon cœur, je remerciai le Génie, qui me guidait, de m’avoir conduit sain et sauf jusqu’au lieu où j’espérais, malgré les railleries de mon ennemi, l’atteindre et lutter avec lui.

Quelques semaines avant ce temps, j’avais acheté un traîneau et des chiens, à l’aide desquels je traversais les neiges avec une inconcevable rapidité. Je ne sais si le Démon avait le même avantage, mais je m’aperçus que je gagnais alors sur lui tous les jours autant de terrain, que j’en avais perdu auparavant dans sa poursuite.

J’allais même si vite, qu’au moment où je vis l’Océan, il n’avait plus qu’un jour d’avance, et que j’avais l’espoir de l’atteindre avant qu’il n’arrivât au rivage. Je pressai donc avec un nouveau courage, et en deux jours, j’arrivai à un chétif hameau sur le bord de la mer. Je demandai aux habitans des renseignemens sur le Démon, et je pris des informations exactes. Un monstre gigantesque, disaient-ils, était arrivé la nuit précédente, armé d’un fusil et de plusieurs pistolets, mettant en fuite les habitans d’une chaumière isolée, qui avaient eu peur de ses formes effrayantes. Il avait emporté leurs provisions d’hiver, et les avait mises dans un traîneau, s’était emparé d’un nombreux troupeau de chiens dressés pour le tirer, les avait attelés, et la même nuit, à la joie des villageois frappés d’horreur, avait poursuivi son voyage à travers la mer dans une direction qui ne conduisait à aucune terre ; et ils conjecturaient qu’il serait bientôt englouti, si la glace venait à se rompre, ou qu’il succomberait à la rigueur éternelle du froid.

À cette nouvelle, je tombai un moment dans un accès de désespoir. Il m’avait échappé, et il me mettait dans la nécessité de commencer un voyage mortel, et presque sans fin, à travers les montagnes de glace de l’Océan, et de braver un froid que peu d’habitans pouvaient long-temps supporter, et auquel moi, né dans un climat agréable et chaud, je ne pouvais espérer de survivre. Cependant, à l’idée que le Démon vivrait et serait triomphant, ma rage et la vengeance se ranimèrent et furent assez puissantes pour étouffer tout autre sentiment. Après un léger repos, pendant lequel les esprits des morts vinrent me visiter et m’exciter à la fatigue et à la vengeance, je me préparai pour mon voyage.

J’échangeai mon traîneau de terre pour un autre propre aux inégalités des glaces de l’Océan ; je pris une abondante provision de vivres, et je partis de terre.

Je ne puis dire combien de jours j’ai passés depuis ce départ ; ce que je sais, c’est que j’ai été exposé à une détresse que je n’ai eu le courage de supporter, qu’à cause du juste et éternel sentiment de vengeance dont mon cœur est consumé. Souvent des montagnes de glace immenses et escarpées me barraient le passage ; souvent aussi j’entendais le craquement de la mer de glace qui menaçait de m’engloutir ; mais la gelée revenait, et raffermissait les chemins de la mer.

À la quantité de vivres dont j’ai fait consommation, je pourrais juger que j’ai passé trois semaines dans ce voyage. Que de fois, en voyant l’espérance s’éloigner toujours et se refouler dans mon cœur, n’ai-je pas versé des larmes de découragement et de chagrin. Je commençais à être en proie au désespoir, et j’aurais bientôt succombé à tant d’épreuves, sans une circonstance que je ne dois pas omettre. Traîné par les pauvres animaux que je dirigeais, et dont un avait succombé à la fatigue, j’avais atteint avec une peine incroyable le sommet d’une montagne de glace escarpée ; à cette hauteur, je voyais avec angoisse l’immensité devant moi, quand tout-à-coup j’aperçus un point noir sur la plaine brumeuse. Je m’efforçai de découvrir quel pouvait être cet objet, et je poussai un cri féroce de joie en distinguant un traîneau et les proportions difformes d’un être bien connu. Oh ! avec quelle ardeur l’espérance rentra dans mon cœur ! Mes yeux furent remplis de larmes brûlantes, que je me hâtai d’essuyer, dans la crainte qu’elles ne m’empêchassent de voir le Démon ; mais elles revinrent encore obscurcir ma vue, jusqu’à ce que, donnant cours aux émotions qui m’oppressaient, je les répandis en abondance.

Mais ce n’était pas le moment de m’arrêter : je débarrassai les chiens de leur compagnon mort ; je leur donnai une ration abondante ; et, après une heure de repos, qui était absolument nécessaire, mais qui me paraissait insupportable, je continuai ma route. Le traîneau était encore visible, et ne disparaissait à ma vue, que quand il était caché derrière la cime d’un quartier de glace. Enfin je le vis distinctement ; et lorsque, après environ deux jours de marche, j’aperçus mon ennemi à la distance d’un mille, je sentis mon cœur bondir de joie.

Mais, au moment où je croyais être sur le point d’atteindre mon ennemi, mes espérances furent tout-à-coup déçues, et je perdis sa trace plus que jamais. J’entendis un craquement dans la mer ; ce bruit, qui croissait à mesure que les eaux roulaient et grossissaient sous moi, devenait à tout moment plus menaçant et plus terrible. J’avançai, mais en vain. Le vent s’éleva ; la mer rugit ; et, semblable à un fort tremblement de terre, se fendit, et éclata avec un bruit affreux et effrayant. Tout fut bientôt fini : en peu de minutes, une mer agitée me sépara de mon ennemi ; et je fus balotté sur un morceau de glace qui diminuait continuellement, et me préparait ainsi la mort la plus affreuse.

Pendant plusieurs heures, je fus en proie à cette crainte : je perdis la plupart de mes chiens ; et j’étais moi-même au moment de succomber à tant de détresse, lorsque je vis votre vaisseau qui était à l’ancre, et qui me donna l’espoir d’obtenir du secours et de conserver ma vie. J’étais loin de penser que des navires fussent venus aussi loin au nord, et je fus étonné d’en voir un. Je défis aussitôt une partie de mon traîneau, et je m’en servis en guise de rames ; de cette manière je pus, avec une fatigue infinie, diriger mon radeau vers votre vaisseau. J’étais décidé, si vous alliez vers le sud, à me livrer encore à la merci des mers, plutôt que d’abandonner mon projet. J’espérais vous engager à me céder une barque au moyen de laquelle je pusse encore poursuivre mon ennemi ; mais vous vous dirigiez vers le nord. Vous me prîtes à bord au moment où mes forces étaient épuisées, au moment où j’allais périr de l’excès de mes fatigues : mais je crains encore la mort Car ma mission n’est pas terminée.

Ah ! quand donc serai-je conduit vers le Démon par le génie qui me guide ? Quand donc me laissera-t-il goûter le repos que je désire si vivement ; ou bien, faut-il que je meure, et qu’il survive ? Si je meurs, Walton, jurez-moi qu’il n’échappera pas, que vous le chercherez, que vous satisferez ma vengeance par sa mort. Et quoi ? J’ose vous demander d’entreprendre mon pélerinage, d’essuyer les fatigues que j’ai souffertes ? Non, je ne suis pas aussi égoïste. Cependant, après ma mort, s’il paraissait, si les ministres de vengeance le conduisaient à vous, jurez qu’il ne survivra pas… Jurez qu’il ne triomphera pas de mes malheurs accumulés, et ne vivra pas pour rendre un autre aussi malheureux que moi. Il est éloquent et persuasif, et ses paroles eurent même une fois du pouvoir sur mon cœur : mais ne vous fiez pas à lui : son âme est aussi infernale que sa forme exprime sa perfidie et sa perversité surhumaines. Ne l’écoutez pas, invoquez les noms de Guillaume, de Justine, de Clerval, d’Élisabeth, de mon père, celui du malheureux Victor, et plongez votre épée dans son cœur. Je serai prêt de vous, et je dirigerai votre fer.