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Gertrude et Véronique/Le secret de Gertrude/XI

La bibliothèque libre.
G. Charpentier et Cie, éditeurs (p. 175-191).


XI


La nouvelle se répandit à petit bruit dans le village, comme une pluie qui filtre à travers la feuillée épaisse du bois. Ce ne furent d’abord que des chuchotements épars, semblables aux gouttes d’eau roulant de feuille en feuille, puis les rumeurs grossirent en passant d’une rue à l’autre, et bientôt une tumultueuse averse de commérages ruissela de tous côtés. La famille de Gertrude fut instruite l’une des premières, et l’une des premières aussi fit éclater son indignation.

— Oh ! oh ! dit Gaspard après avoir lancé un juron formidable, on apprend du nouveau tous les jours ! … Où cela s’arrêtera-t-il, bonté divine ? …

— C’est une abomination ! s’écria Honorine.

— Pour l’honneur de la famille, ajouta sévèrement madame de Mauprié, il faut que ce scandale soit éclairci au plus vite… Dès demain, Honorine, tu te rendras à B…, près de ces modistes, chez lesquelles Gertrude a travaillé…

Le surlendemain matin, Honorine arrivait au magasin des demoiselles Pêche. Elle y fut reçue par la grande Héloïse qui saisit avidement l’occasion de raconter tout ce qu’elle soupçonnait ; de sorte que la sœur de Reine revint à Lachalade complètement édifiée sur ce qu’elle nommait déjà la faute de sa malheureuse parente. Lorsqu’au repas du soir, en rougissant vertueusement, elle fit connaître le résultat de son enquête, la veuve poussa de longs gémissements. Elle se fût volontiers couvert la tête d’un sac, comme les Juifs de l’ancien Testament.

— Quelle honte ! s’écria-t-elle en marchant avec vivacité à travers la salle, et qui se serait attendu à une pareille affliction ?

— Moi, rien ne m’étonne plus ! grommela Gaspard.

Reine ne disait rien, mais intérieurement elle regrettait fort l’absence de Xavier. Elle songeait à la figure que ferait son frère en apprenant cet esclandre, et se promettait d’être la première à l’en informer à son retour. En attendant, bien que la veuve eût recommandé avec affectation de jeter un voile sur ce désastre de famille, elle ne laissait échapper aucune occasion de répandre les nouvelles rapportées de B… par Honorine. Madame de Mauprié, du reste, y aidait elle-même. Elle se gardait de dire la chose ouvertement, mais lorsqu’on lui parlait de Gertrude, elle avait une mine si mélancolique, elle poussait de tels hélas ! et se servait de si perfides insinuations, que la culpabilité de sa nièce n’en devenait que plus évidente pour l’auditoire.

Bientôt le village entier ne douta plus de la faute de Gertrude.

Celle-ci, confinée dans sa solitude de l’Abbatiale, ignorait tout ce bruit. Très occupée de l’installation de l’enfant, elle avait à peine mis les pieds dehors depuis huit jours. L’orphelin était arrivé nu comme un ver, et il avait tout d’abord fallu s’occuper d’un trousseau. Grâce à la fille du vannier, Gertrude avait mené cette tâche à bonne fin. Maintenant le marmot avait le nécessaire ; il était chaudement emmailloté, tendrement choyé par ceux qui l’entouraient, aussi sa figure s’était épanouie ; il ne pleurait presque plus, gazouillait comme un jeune merle et se prélassait comme un petit roi dans sa bercelonnette. Sa voix argentine, ses mignonnes façons d’enfant réjouissaient Gertrude et l’empêchaient de penser trop souvent à la confidence embarrassante qu’il faudrait faire à Xavier. Elle tremblait que cette aventure ne lui fût contée par une autre personne, et qu’il n’arrivât à l’Abbatiale déjà prévenu. Elle ne doutait pas un moment qu’il n’acceptât ses sincères explications, mais elle était si fière qu’elle aurait voulu être devinée, sans avoir à s’expliquer. La seule pensée du premier étonnement de Xavier était déjà pénible pour elle, et la seule idée d’un soupçon pouvant traverser le cerveau du bien-aimé, même avec la rapidité de l’éclair, suffisait pour la mettre hors d’elle-même. Elle regrettait maintenant de ne pas lui avoir tout dit lors de sa visite à l’atelier, et elle attendait son retour avec une impatience fiévreuse.

Sachant qu’il devait rentrer le samedi dans la nuit, elle comptait le voir dès le dimanche matin ; aussi les cloches de Lachalade n’avaient pas sonné la première messe que sa toilette était déjà faite. L’enfant sommeillait encore dans sa bercelonnette masquée par un grand rideau, et Gertrude achevait de mettre la chambre en ordre, lorsqu’elle entendit tout à coup le bruit d’un pas rapide dans l’escalier… Son cœur battait avec violence. On frappa brusquement à la porte, et, avant qu’elle eût pris le temps de répondre, Xavier s’élança dans la chambre. Il était si pâle et paraissait si agité, que Gertrude poussa un cri de surprise.

— Qu’est-il arrivé ? demanda-t-elle avec inquiétude.

— Avant tout, dit Xavier d’une voix assourdie par l’émotion, réponds-moi… Est-il vrai que tu caches ici un enfant ?

Gertrude tressaillit, et regardant son cousin fixement :

— Je ne le cache pas… Le voici !

Elle souleva le rideau et montra l’enfant endormi. Xavier détourna la tête, et faisant un geste de colère :

— Assez ! murmura-t-il, cela me suffit.

Puis il marcha dans la chambre, les lèvres serrées. Le regard attristé de Gertrude ne le quittait pas.

— Au moins, reprit-il avec une amère et subite violence, que ne parliez-vous plus tôt ? A quoi bon vous jouer de ma tendresse et mentir ?…

— Moi, j’ai menti ! s’écria la jeune fille indignée.

— Cet enfant n’est-il pas le vôtre ?…

Gertrude pâlit d’abord extrêmement, puis une vive rougeur lui remonta au front, toute sa fierté se révolta.

— Vous l’avez cru… et vous osez me le dire !

— Je ne suis pas le seul… Les demoiselles Pêche, ma mère et tout le village vous accusent.

— Vous l’avez cru ? répéta-t-elle atterrée.

— Ah ! je voudrais ne pas le croire ! D’où sort cet enfant ?… Expliquez-vous ; j’ai le droit de savoir la vérité… Je l’exige !

— Vous exigez maintenant !…

Elle sourit amèrement, puis faisant un effort pour se contenir, elle ajouta :

— Je n’ai rien à vous dire.

— Quoi, vous refusez de répondre aux accusations répandues contre vous ?

— Je les méprise.

— Mais votre famille… mais moi !… nous méprisez-vous aussi ?

— Je n’ai qu’une réponse à vous faire, répliqua-t-elle avec fierté, c’est que je ne suis pas la mère de cet enfant.

— Mais enfin vous savez d’où il vient ? Vous pouvez prouver votre innocence ?…

Elle se tenait debout, les bras croisés, les lèvres serrées. Ses yeux étincelaient, ses narines étaient agitées par un léger tremblement et on devinait les souffrances de son cœur aux mouvements de son corsage… La douleur qu’elle éprouvait était inexprimable : c’était un mélange de honte, de tristesse et d’indignation. Il lui semblait qu’un affreux déchirement venait de se faire en elle, qu’un abîme venait de se creuser sous ses pieds, et que son amour y avait roulé… Tout à coup ses regards sombres se relevèrent et rencontrèrent les regards soupçonneux de Xavier, le sang lui remonta au front et elle eut un nouvel accès d’emportement.

— Vous me demandez des preuves quand je vous donne ma parole ?… Vous vous oubliez, mon cousin !

— Je vous en supplie, Gertrude, répondez-moi !

Elle frappa du pied avec colère :

— Laissez-moi… Je n’ai rien de plus à vous dire !

— Gertrude, reprit-il, avant que je repasse le seuil de cette porte, songez aux conséquences du silence que vous vous obstinez à garder… Je voudrais au prix de mon sang avoir une certitude et pouvoir confondre les mauvaises langues… Mais pour cela, il faut des preuves… Ne comprenez-vous pas que vos refus, au lieu de détruire mes doutes, les enfoncent plus douloureusement dans mon cœur ?… Je vous en conjure au nom de notre amour, au nom de votre père, répondez-moi afin que je puisse vous défendre !…

— Chacune de vos paroles est une nouvelle offense, répondit-elle, nous ne pouvons pas nous comprendre… Adieu !

— Vous l’avez voulu ! murmura Xavier profondément blessé, eh bien ! soit !… Adieu pour toujours !

Il s’élança dehors et bientôt elle entendit son pas s’éloigner et s’affaiblir. Alors la douleur de Gertrude, violemment contenue par son orgueilleuse volonté, put faire explosion. Elle tomba à genoux, sa poitrine se dégonfla, les larmes qui l’étouffaient commencèrent à jaillir, et bientôt ses joues furent inondées. Elle se disait que tout était fini… Dans les jours ternes et tristes de sa jeunesse, le seul coin de ciel bleu, le seul rayon de soleil était l’amour de Xavier, et voilà que les nuages s’épaississaient et que le coin d’azur disparaissait pour toujours. Un vent mortel venait de souffler sur ses rêves ; l’avenir ne lui apparaissait plus que comme une plaine nue, désolée et glaciale, et elle avait froid au cœur. Le souvenir cuisant de ce qui venait de se passer faisait frémir tout son corps. Elle se reprochait par moments d’avoir été trop emportée et trop fière ; elle aurait voulu courir après Xavier, mettre ses mains dans les siennes, appuyer son front à son épaule, et tout lui conter doucement, humblement… Puis tout d’un coup, l’air accusateur, les paroles brèves de son cousin lui revenaient à la mémoire, et son orgueil se réveillait.

— J’ai fait ce que je devais, se disait-elle ; s’il a pu me soupçonner un instant, c’est qu’il ne m’estimait pas assez. Si son amour avait été violent comme le mien, aurait-il pu croire à de simples apparences ? Il aurait dû tout nier d’abord et me défendre. Il aurait dû accourir vers moi comme un consolateur, et non comme un juge plein de défiance. C’est ce que j’aurais fait moi, si on l’eût calomnié… Je l’aurais soutenu contre les accusations du monde entier… Lui, au contraire, n’a pas même cru à mes affirmations. Il s’est montré plus sensible aux calomnies de mes ennemis qu’à mes protestations énergiques… Non, il ne m’aime pas, il ne m’a jamais aimée !

De nouvelles larmes plus amères ruisselèrent le long de ses joues, et elle tomba dans un profond désespoir. Elle ne fut tirée des préoccupations de sa douleur que par les cris du marmot qui demandait sa nourrice. Elle courut à lui, le prit dans ses bras et le couvrit de caresses et de larmes.

— Pauvret ! lui disait-elle, tu es la cause innocente de mes chagrins, mais je ne t’en veux pas… La promesse que j’ai faite à ton grand-père et à ta mère est le seul lien qui me rattache à la vie… Va, je ne t’abandonnerai pas… Tu seras ma seule consolation !

Xavier, pendant ce temps, rentrait chez lui dans un état à faire pitié. Il était à la fois irrité et désespéré. En franchissant le seuil de l’atelier, il vit les vases de faïence encore garnis des branches de houx dont il les avait parés pour fêter Gertrude. Il arracha les rameaux verts et les foula aux pieds ; puis il jeta un marteau tout au travers du panneau qu’il était en train de sculpter.

— Plus de travail ! murmurait-il, plus de rêves, plus rien !

Et, ne pouvant plus supporter la vue de l’atelier qui lui rappelait tout ce qu’il voulait oublier, il s’enfuit dans les bois.

Il allait comme un fou, cherchant à ne plus penser, ou du moins à secouer et à confondre ses pensées par l’agitation d’une course fiévreuse. Il plongeait au plus épais du fourré ; les branches mortes craquaient sous ses pieds ; il brisait les ronces tendues d’arbre en arbre, il heurtait le tronc des bouleaux endormis dans la brume et se déchirait les mains aux buissons de houx. Rien ne ralentissait sa marche, il aurait voulu ne s’arrêter jamais. Le taillis fit place à la futaie ; les grands hêtres dressèrent autour de lui leurs longues files de piliers gris et silencieux ; leurs ramures, décharnées par le vent du nord, s’étendirent comme une voûte au-dessus de sa tête. Il s’enfonça dans cette ombre, espérant n’en jamais voir la fin. La futaie avait l’aspect désolé que donnent aux bois les journées pluvieuses de l’hiver : un sol jonché de feuilles mortes, des cimes noyées dans le brouillard, pas une herbe, pas un oiseau… Il allait toujours, glissant le long des ravins, franchissant les ruisseaux grossis par les pluies ; rien ne le lassait.

— Plus loin ! plus loin ! se disait-il.

Il finit par atteindre la lisière de la futaie, et aperçut devant lui un plateau nu, solitaire, horriblement triste. Tout à coup les branches d’un roncier s’écartèrent, et Xavier vit bondir dans la bruyère un chevreuil que le bruit de ses pas avait effrayé. Il fut pris d’une sorte de vertige :

— Hallo ! s’écria-t-il avec un rire sauvage. Moi aussi, je veux devenir chasseur !

Et il se mit follement à la poursuite du gibier.

— Assez de rêves, assez de bois gâté ! poursuivait-il, à demi grisé par la course et le grand air. Je veux faire comme Gaspard : je montrerai aux gens que je suis un verrier, que je sais tenir un fusil et vider un verre… Hallo ! à moi la forêt et la vie des libres chasseurs !

— Ohé ! maître Xavier, cria brusquement une voix rude, quelle mouche vous pique ? Un peu plus, vous vous jetiez tête baissée dans mes fournaises !

Xavier s’arrêta comme réveillé en sursaut, et reconnut le maître charbonnier de la Poirière… Puis il pâlit, poussa une faible plainte et tomba évanoui sur le gazon. Au bout d’un quart d’heure, les soins de la charbonnière le rappelèrent à lui ; mais il semblait si épuisé, que le charbonnier ordonna à un de ses apprentis de le reconduire à l’atelier. Xavier s’y enferma et resta une semaine entière sans sortir…

Dans le village, le malignité publique commençait à s’exercer aux dépens de Gertrude. Le feu, qui couvait d’abord sous la cendre, ayant été attisé soigneusement par la veuve et ses filles, était devenu un incendie. Tous les paysans, qui détestaient les verriers, et englobaient Gertrude dans la haine qu’ils portaient à sa caste, toutes les vieilles filles jalouses de sa jeunesse, ne cachaient guère leur indignation, et ne se gênaient plus pour parler haut et dru. En se rendant à la messe le dimanche d’après, Gertrude put facilement s’apercevoir de l’irritation des esprits. Tous les yeux courroucés se dirigeaient vers son banc, et quand, après l’office, elle traversa lentement la place, on évita de la saluer, et derrière elle des groupes se formèrent. On se la montrait par gestes et on ricanait. Elle n’en continua pas moins d’assister à la messe chaque dimanche, et cette attitude qu’on taxa d’effronterie et qu’on prit pour une provocation, acheva d’allumer la colère des bonnes âmes :

— Elle n’a pas froid aux yeux ! disaient les hommes.

— C’est une honte, reprenaient en chœur les femmes et filles. Les garçons devraient aller lui faire un charivari !

Parmi les plus scandalisées se montrait la propre servante de l’Abbatiale, la revêche et inflexible Franchette. Elle n’avait jamais pu souffrir Gertrude, et rien qu’à la voir installée dans la maison de son maître, elle ne sentait plus de bornes à son courroux. Un soir, n’y tenant plus, elle vint trouver la jeune fille et lui demanda sèchement son compte.

— Pourquoi voulez-vous quitter l’Abbatiale ? dit Gertrude.

Et comme entre ses dents la vieille grommelait qu’elle aurait trop à dire, si elle voulait répondre :

— Parlez ! je le veux ! s’écria mademoiselle de Mauprié.

— Eh bien ! je ne me soucie plus de rester à votre service, ni à celui de votre enfant !

Gertrude la chassa, et le soir même fit prier le notaire et le curé de passer à l’Abbatiale. Quand ils furent tous deux assis dans le salon, elle fit entrer Pitois et la nourrice avec le marmot ; puis, s’adressant aux deux notables du village :

— Messieurs, dit-elle, d’une voix ferme, vous connaissez les bruits qui circulent dans le pays : on prétend que je suis la mère de cet enfant… L’avez-vous cru, Monsieur le curé ?

— Moi ? s’écria le curé en levant les mains, me préserve le ciel de me laisser surprendre par des jugements téméraires !

— Et vous, Monsieur Péchenart, l’avez-vous cru ?

Le petit notaire la regarda avec ses yeux perçants.

— Mademoiselle, répondit-il, mes fonctions m’ont appris depuis longtemps à ne rien croire que preuves en main… Dans les jugements humains, il y a une bonne moitié qui est fausse, et une autre moitié qui est contestable… Voilà mon opinion.

— Messieurs, poursuivit Gertrude, je ne puis vous dire dans quelles circonstances cet enfant m’a été confié, mais je vous affirme que le public se trompe.

Son livre d’Heures était posé sur la table ; elle étendit la main sur les pages ouvertes et reprit :

— Par les saints Évangiles et le nom de mon père, je vous jure que je ne suis pas la mère de cet enfant !

Ils la regardaient d’un air à la fois surpris et subjugué. Tous deux avaient été remués par l’accent de sincérité de ses paroles et par l’éloquence puissante de sa beauté : ils s’inclinèrent silencieusement. Gertrude alors les remercia d’être venus, et après quelques minutes ils se retirèrent.

Quand elle fut seule, elle prit l’enfant des bras de la nourrice et le baisa au front.

— Et maintenant, pauvre petiot, pensa-t-elle, nous voilà liés l’un à l’autre, et je te consacrerai toutes les heures de ma vie.

Elle était plus calme, et se sentait satisfaite d’avoir soulagé son cœur. Elle avait agi comme elle devait ; c’était aux autres maintenant à croire ce qui leur semblerait juste et vrai. Elle avait jugé inutile de pousser plus loin ses confidences et de révéler à des étrangers le secret de ce vieillard maintenant étendu sous la terre humide du cimetière. Que lui importait à présent l’opinion du village ? Pour un seul être au monde elle aurait consenti à trahir son secret, et celui-là justement lui avait retiré le premier sa confiance… A cette heure elle avait sa conscience pour elle, et dans le naufrage de son amour cet appui lui suffisait.

— Je t’aimerai et je te servirai de mère, disait-elle à l’orphelin en le pressant contre sa poitrine.

Et elle songeait à ces vieilles demoiselles, filles ou sœurs de verriers, dont elle avait vu parfois les portraits ou dont son père lui avait conté l’histoire, — pieuses et nobles filles qui gardaient le célibat et sacrifiaient leur jeunesse par dévouement pour leur maison.

— Je ferai comme elles, pensait-elle tout bas.

Quel que soit le testament de mon oncle, je n’abandonnerai jamais cet enfant.

Ce soir-là elle ne voulut pas le quitter, et fit porter le berceau de l’orphelin près de son propre lit.