Grammaire de l’hébreu biblique/Introduction/Paragraphe 127

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Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 382-383).
§ 127. Accusatif attributif.

a À l’analogie de l’accusatif indirect déterminant un prédicat (§ 126 a), on emploie l’accusatif pour l’attribut (§ 121 a N) d’un nom[1] (ou d’un pronom). On peut trouver comme accusatif attributif les diverses espèces d’accusatif énumérées au § 126 :

1) Accusatif attributif d’état (cf. § 126 a, b). Participe. (L’absence d’article après un nom déterminé indique que le participe n’est pas en apposition, § 138 a). Il y a d’assez nombreux exemples avec קוֹל : Gn 3, 8 וַיִּשְׁמְעוּ אֶת־קוֹל יְהֹוָה אֱלֹהִים מִתְהַלֵּךְ בַּגַּן ils entendirent le bruit de Jéhovah Dieu se promenant (alors qu’il se promenait) dans le jardin ; Dt 5, 23 ; Is 6, 8 ; 1 R 1, 41 מַדּוּעַ קוֹל־הַקִּרְיָה הוֹמָה quare sonitus urbis (ut) strepentis ? (= Que veut dire ce tumulte de la ville qu’on entend ?) ; 14, 6 כִּשְׁמֹעַ אֲחִיָּ֫הוּ אֶת־קוֹל רַגְלֶ֫יהָ בָּאָה בַפֶּ֫תַח quando audivit Ahias sonum pedum eius (ut) intrantis per ostium (ici le participe est attribut du pronom suffixe, lequel est censé au génitif § 94 a) ; Ct 5, 2. Autres exemples : Agg 1, 4 בְּבָֽתֵּיכֶם סְפוּנִים dans vos maisons (qui sont actuellement) lambrissées ; 1 R 11, 8 ; 2 R 19, 2 ; Jon 1, 6 ; 1 Ch 12, 1 ; 21, 16.

b 2) Accusatif attributif de limitation (cf. § 126 g) : 2 S 15, 32 קָרוּעַ כֻּתָּנְתּוֹ déchiré quant à la tunique (dont la t. est d. ; § 121 o) ; Job 15, 10 כַּבִּיר מֵֽאָבִ֫יךָ יָמִים plus âgé que ton père (plus grand [quant aux] jours)[2] ; 11, 9 ; 2 S 21, 20 עֶשְׂרִים וְאַרְבַּע מִסְפָּר 24 (en) nombre (= au nombre de 24) ; avec le nom de la chose nombrée : type אַחַד עָשָׂר יוֹם 11 jours (11 en fait de jour) Dt 1, 2 (cf. § 142 e) ; 1 S 26, 18 מַה־בְּיָדִי רָעָה quid (est) in manu mea (quoad) malum ? (cf. § 144 a) ; 2 S 15, 2 אֵי־מִזֶּה עִיר אַ֔תָּה de quelle ville es-tu ? (undenam es (quoad) urbem ?) ; 1 S 24, 19 אֵת אֲשֶׁר עָשִׂ֫יתָה אִתִּי טוֹבָה ce que tu m’as fait (en fait) de bien ; 2 R 8, 12. — Éz 47, 4 מַ֫יִם בִּרְכַּ֫יִם peut s’expliquer comme acc. de mesure : eau (à la mesure des) genoux ; de même probablement מַ֫יִם לַחַץ 1 R 22, 27 [= 2 Ch 18, 26] ; Is 30, 20 : eau (en mesure d’)étroitesse, c.-à-d. de stricte nécessité, d’indispensabilité (= eau strictement nécessaire).

c Accusatif attributif de détermination (cf. § 126 h-j) : 1 S 9, 9 לַנָּבִיא הַיּוֹם יִקָּרֵא לְפָנִים הָֽרֹאֶה is qui « propheta » hodie, vocabatur olim « videns » ; 1 Ch 28, 18 הַכְּרוּבִים זָהָב les Chérubins en or ; p.-ê. dans כָּעֵת חַיָּה à pareille époque dans un an Gn 18, 10 etc.[3].

d Remarque. Assez souvent la vocalisation de l’hébreu et la comparaison avec l’arabe ne permettent pas de voir s’il y a accusatif ou génitif ou apposition, p. ex. Jug 3, 15 אִטֵּר יַד־יְמִינוֹ débile (?) du bras droit (acc. ou gén.) ; Gn 18, 6 שְׁלשׁ סְאִים קֶ֫מַח trois mesures de farine (acc. ou apposition)[4] ; dans les expressions du type שְׁנָתַ֫יִם יָמִים Gn 41, 1 etc. deux ans pleins (en jours), il y a plutôt apposition qu’accusatif (cf. § 131 e). Dans Lév 5, 15 כֶּ֫סֶף־שְׁקָלִים argent de plusieurs sicles, il peut y avoir génitif, apposition, ou même accusatif.

  1. L’accusatif, d’ad-verbial devient ad-nominal.
  2. Avec l’adjectif on a ordinairement le génitif ; cf. § 129 i.
  3. En considérant חַיָּה comme nom d’unité de חַיִּים unité de vie = année (cf. Mélanges Beyrouth, 5, 411).
  4. Cet exemple est donné par Brockelmann comme apposition (2, 214), comme accusatif (p. 267), par Driver (Hebrew Tenses, § 194) comme accusatif.