Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Temps et modes/Paragraphe 121

La bibliothèque libre.
Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 338-345).
§ 121. Participe.

a En hébreu, comme originairement en sémitique, le participe est une forme atemporelle, c.-à-d. pouvant être employée indifféremment dans les trois sphères temporelles : présent, futur, passé. Cependant le participe, employé comme prédicat, est devenu en hébreu forme temporelle : il est comme un succédané du yiqtol. Au contraire, employé comme attribut[1], c.-à-d. en fonction quasi adjectivale, le participe est atemporel (§ i).

b Ceci vaut aussi bien du participe passif que du participe actif (§ 50 a). Au point de vue de la valeur temporelle et de l’aspect, les deux participes sont traités de la même façon. Seulement les exemples de participes passifs, comme il est naturel, sont beaucoup moins nombreux.

c A) Participe employé comme prédicat, au point de vue des temps.

Le participe a quelque chose de la nature de l’adjectif. Il représente l’action d’une manière qui ressemble à un état, à savoir sous l’aspect duratif[2]. Au point de vue du temps, le participe exprime surtout et comme naturellement le présent. C’est par une extension de son emploi comme présent que le participe est assez souvent employé pour le futur prochain, ou même pour le futur en général. Enfin le participe, comme le yiqtol § 113 e, peut exprimer le passé dans un contexte au passé.

d Participe dans la sphère du présent. C’est l’emploi premier et comme naturel du participe : Zach 2, 6 אָ֫נָה אַתָּה הֹלֵךְ où vas-tu ? À la demande de Gn 37, 15 מַה־תְּבַקֵּשׁ que cherches-tu ? (yiqtol du présent § 113 d), Joseph répond v. 16 אֶת־אַחַי אָֽנֹכִי מְבַקֵּשׁ ce sont mes frères que je cherche. (L’addition du pronom, usuel dans les réponses, a amené le participe. Pour l’aspect et le temps אֲבַקֵּשׁ aurait ici la même valeur). Avec הִנֵּה Jug 9, 36 הִנֵּה־עָם יוֹרֵד voici des gens qui descendent. Les exemples avec l’aspect fréquentatif sont moins fréquents : Ex 13, 15 « C’est pourquoi j’immole אֲנִי זֹבֵחַ à Jéhovah tout premier-né mâle, et tout premier-né de mes fils je le rachète אֶפְדֶּה » (yiqtol avec la même valeur ; chiasme motivé par l’opposition des deux objets) ; Eccl 1, 4 דּוֹר הֹלֵךְ « une génération s’en va et une génération arrive ».

e Participe dans la sphère du futur. L’emploi du participe pour exprimer le futur prochain et, d’une façon générale, le futur, est une extension de l’emploi du participe comme présent. L’action future, surtout l’action prochaine, est représentée comme s’accomplissant déjà. Comme le yiqtol du futur (§ 113 b), le participe du futur n’exprime pas l’aspect de l’action : elle peut être instantanée aussi bien que durative : Gn 19, 13 כִּי־מַשְׁחִתִים אֲנַ֫חְנוּ parce que nous allons détruire (action instantanée ou de courte durée ; le כִּי amène l’ordre des mots prédicat-sujet § 154 f) ; souvent נֹתֵן, p. ex. 1 R 20, 13 je vais donner ; Dt 1, 20 (et souvent dans le Deut.) « que Jéhovah vous donnera ou va vous donner » ; Gn 20, 3 (avec הִנֵּה qui montre l’action comme présente) הִנְּךָ מֵת tu vas mourir ; — avec un partic. passif 2 S 20, 21 b הִנֵּה רֹאשׁוֹ מֻשְׁלָךְ אֵלֶ֫יךָ sa tête va t’être jetée. Action durative : Gn 7, 4 « encore sept jours et je ferai pleuvoir מַמְטִיר pendant quarante jours… » ; 1 R 1, 14 הִנֵּה עוֹדָךְ מְדַבֶּ֫רֶת tu seras encore en train de parler (opp. v. 22 au passé) ; 2 R 4, 16 ; avec partic. passif : Dt 28, 31 « ton bœuf sera égorgé טָבוּחַ sous tes yeux et tu n’en mangeras pas »[3].

Pour exprimer fortement l’aspect duratif dans le futur on ajoute au participe une forme du verbe הָיָה à sens de futur (§ 154 m) : 1 R 2, 45 (Is 2, 2 ; Mich 4, 1) יִֽהְיֶה נָכוֹן sera (demeurera) établi ; avec un participe passif : Jér 36, 30 נִבְלָתוֹ תִּֽהְיֶה מֻשְׁלֶ֫כֶת son cadavre demeurera jeté (= restera gisant) ; Dt 28, 29 b. De même au jussif Gn 1, 6 יְהִי מַבְדִּיל qu’il soit séparant (= qu’il tienne séparées…). Comp. avec l’infinitif : Esth 9, 21, 27 לִֽהְיוֹת עֹשִׂים faire (fréquentatif). Pas d’exemple avec l’impératif[4].

f Participe dans la sphère du passé. Comme yiqtol employé dans la sphère du passé (§ 113 e), le participe est ici atemporel ; sa valeur temporelle ressort uniquement du contexte : 1 R 17, 6 « les corbeaux lui apportaient מְבִיאִים du pain et de la viande le matin, du pain et de la viande le soir, et il buvait יִשְׁתֶּה de l’eau du torrent » (sens fréquentatif ; le participe continué par un yiqtol de même valeur ; cf. 1 S 1, 13) ; 1 R 1, 5 « or Adonias s’élevait מִתְנַשֵּׂא » (aspect duratif). Au passé, l’aspect fréquentatif est assez fréquent : Gn 39, 3, 6, 22 ; 1 R 3, 2 ; 22, 44 ; Esth 2, 11, 13, 14 ; 3, 2 (participe continué par yiqtol de même valeur). Mais l’aspect duratif est ordinaire : Gn 19, 1 ; 25, 26 ; Ex 20, 18 ; Jug 13, 9 ; 2 Ch 22, 9 ; avec un הִנֵּה indiquant l’objet d’une vision : Gn 37, 7 ; 41, 17. Exemple de participe passif : Gn 38, 25 הִיא מוּצֵאת וְהִיא שָֽׁלְחָה tandis qu’on la faisait sortir (educebatur) elle envoya (simultanéité : 1re action durative, 2e action instantanée, § 166 f).

Le participe dans la sphère du passé étant atemporel, pour exprimer clairement le temps passé on ajoute une forme du verbe הָיָה à sens de passé (§ 154 m). En début absolu : Job 1, 14 הַבָּקָר הָיוּ חֹֽרְשׁוֹת les vaches labouraient (étaient en train de labourer) ; Jér 26, 18 « Michée prophétisait הָיָה נִבָּא au temps d’Ézéchias » ; Gn 37, 2 ; Ex 3, 1 ; Jug 1, 7. Dans un contexte au passé : 1 S 2, 11 ; 2 S 3, 6 ; 1 R 18, 3 (2 R 4, 1) הָיָה יָרֵא « craignait Jéhovah ». Après un wayyiqtol, si l’on veut exprimer l’action comme durative, au lieu d’un simple wayyiqtol on emploie וַיְהִי avec le participe : Gn 4, 17 « et elle enfanta Hénoch ; or il bâtissait une ville et… וַיְהִי בֹּנֶה » ; Jug 16, 21 « et ils le chargèrent de chaînes, et il tournait la meule » ; 1 S 18, 9 ; Néh 1, 4 « … et je jeûnais et je priais » (après wayyiqtol global)[5].

g Dans la langue postérieure on trouve la forme périphrastique הָיָה קֹטֵל au sens d’un pur parfait il tua (sans nuance durative ou fréquentative) : Néh 2, 13, 15 (opp. 1, 4, § f) ; 2 Ch 24, 12 ; 30, 10 ; 36, 16. Cet emploi large[6] ou abusif, qui est usuel en hébreu postbiblique, est dû à l’influence de l’araméen. Dans cette langue la forme périphrastique, qui s’impose pour une action durative ou fréquentative (p. ex. Dn 5, 19), s’emploie aussi, très largement, pour l’action instantanée ou l’action unique[7].

h Conclusion. On voit que le participe employé comme prédicat coïncide à peu près avec le yiqtol. Dans beaucoup de cas on peut avoir indifféremment le participe ou le yiqtol. Parfois, comme on l’a vu, le yiqtol continue un participe. D’une façon générale, le participe exprime l’aspect duratif d’une façon plus forte que le yiqtol. C’est peut-être pour cette raison que, pour une action durative simultanée, dans les propositions temporelles (§ 166 c) et dans les propositions circonstantielles (§ 159 d), on emploie le participe et non le yiqtol. Dans les cas où l’on peut avoir le participe ou le yiqtol, on a plutôt le participe quand le sujet est exprimé et le yiqtol dans le cas contraire, p. ex. Gn 37, 15, 16 (§ d) ; 1 R 17, 6 (§ f). Au point de vue temporel, le participe exprime plus proprement le présent et le futur prochain, le yiqtol plus proprement le futur.

Enfin, comme on l’a dit (§ e-f), le participe avec le verbe היה s’impose dans certains cas.

i B) Participe employé comme attribut[8], au point de vue des temps. Le participe attributif, au contre du participe prédicatif, n’exprime par lui-même ni le temps ni même l’aspect : le temps et l’aspect ne ressortent que du contexte ; ainsi הָאִישׁ הַבָּא peut signifier, selon le contexte, l’homme qui vient, qui viendra, qui est venu, et cela une fois ou souvent, d’une façon instantanée ou durative. Ainsi מֵת signifie ordinairement qui est mort ou substantivement un mort, mais il peut signifier aussi qui mourra, moriturus (Zach 11, 9) ; Ex 11, 5 « le premier-né de Pharaon qui doit s’asseoir הַיֹּשֵׁב sur son trône » (comp. 2 R 3, 27 אֲשֶׁר יִמְלֹךְ qui devait régner, cf. § 113 b) ; Am 9, 11 « la hutte de David qui sera tombée הַנֹּפֶ֫לֶת » ; Gn 27, 33 הַצָּֽד־צַ֫יִד qui a pris du gibier ; 35, 3 « le Dieu qui m’a exaucé הָֽעֹנֶה » ; 43, 18 « l’argent qui est revenu הַשָּׁב » ; Esd 6, 21 « les Israélites qui étaient revenus הַשָּׁבִים ».

Avec nuance pouvoir : 1 R 12, 21 עֹשֵׂה מִלְחָמָה pouvant faire la guerre, apte au combat (kriegsfähig) (le partic. à l’état cst. § m) ; Jug 8, 10 שֹׁלֵף חֶ֫רֶב pouvant tirer l’épée ; 2 R 3, 21 חֹגֵר חֲגֹרָה pouvant ceindre le baudrier. Au nifal : Lév 11, 47 « l’animal qui peut être mangé הַנֶּֽאֱכֶ֫לֶת et l’animal qui ne peut pas être mangé לֹא תֵֽאָכֵל », cf. § 113 l.

Avec nuance devoir : au qal partic. passif : Ps 111, 2 דְּרוּשִׁים exquirenda (Jérôme) ; au nifal : Ps 76, 8 etc. נוֹרָא qui doit être craint (metuendus), redoutable ; 89, 8 נַֽעֲרָץ redoutable ; au pual : Ps 18, 4 etc. מְהֻלָּל laudandus, digne de louange.

j Un participe, prédicatif ou non-prédicatif, est assez rarement continué par un autre participe ; généralement on continue par un temps fini[9]. Dans le cas où le temps fini est immédiatement précédé du waw, ce waw est presque toujours le waw énergique ; on a donc wayyiqtol ou weqataltí, même quand il n’y a pas idée de succession. Exemples : 1 S 2, 6 a (poét.) יְהֹוָה מֵמִית וּמְחַיֶּה Jéhovah donne la mort et donne la vie (suite de participes ; encore v. 7), mais 6 b מוֹרִיד שְׁאוֹל וַיָּ֑עַל il fait descendre au sheol et en fait remonter (§ 118 r) ; Gn 27, 33 הַצָּֽד־צַ֫יִד וַיָּבֵא qui a pris du gibier et (l’)a apporté ; 35, 3 ; Ps 136, 10-11 מַכֵּה מִצְרַ֫יִם … וַיּוֹצֵא qui a frappé l’Égypte… et a fait sortir ; — avec weqataltí : cf. § 119 n, r, v. Avec waw non-inversif : Ps 136, 14 וְהֶֽעֱבִיר et qui a fait passer (anormal ; au milieu de wayyiqtol). Avec we… yiqtol : Is 5, 23 ; avec yiqtol : 1 S 2, 8 ; avec we… qatal : Pr 2, 17.

Sur l’adjectif verbal continuant l’infinitif absolu הָלוֹךְ cf. § 123 s.

k Construction du participe. Le participe étant un nom verbal peut être construit comme un verbe ou comme un nom. D’une façon générale, quand le sens est plutôt verbal il est construit comme un verbe, c.-à-d. qu’il régit le mot suivant à l’accusatif ; quand, au contraire, le sens est plutôt nominal, il est construit comme un nom, c.-à-d. que le mot suivant est au génitif. Cependant il y a une tendance assez forte à traiter le participe comme un nom.

Avec les suffixes (§ 66) le participe est généralement traité comme un nom, c.-à-d. qu’il prend les suffixes nominaux, même quand le sens est verbal. Ainsi, avec sens verbal, à côté de רֹאָ֔נִי (§ 66 b, pour רֹאֵ֫נִי) Is 47, 10, on a רֹאִי Job 7, 8 ; de même : כָל־מֹֽצְאִי Gn 4, 14 ; מַצְדִּיקִי Is 50, 8 ; שֹֽׁלְמִי Ps 7, 5 ; מְשַׂנְאִי 55, 13 (par contre on a עֹשֵׂ֫נִי Job 32, 22 au sens de mon créateur) ; מַֽאֲכִילָם Jér 9, 14 ; יֹֽדְעָיו לְפָנִים Job 42, 11 ceux qui le connaissaient auparavant ; שֽׂנְאַי חִנָּם Ps 35, 19 ceux qui me haïssent sans raison. Si le participe a l’article, le suffixe ne peut être qu’à l’accusatif ; on a donc normalement הַֽמְאַזְּרֵ֫נִי Ps 18, 33 ; הַמַּכֵּ֫הוּ Is 9, 12 (mais הָֽעֹשׂוֹ qui fecit eum, Vulg., Job 40, 19 ; הַיֹּֽלְדָהּ celui qui l’a engendrée Dn 11, 6)[10]. Comparer le traitement de l’inf. cst. avec suffixes § 124 g, i.

l Avec substantif : Le participe à l’état absolu : Ex 20, 6 a עֹשֶׂה חֶ֫סֶד faisant miséricorde (mais b שֹֽׁמְרֵי מִצְוֺתָ֑י) ; 1 S 2, 13 כָּל־אִישׁ זֹבֵחַ זֶ֫בַח (mais Nb 35, 30 כָּל־מַכֵּה־נֶ֫פֶשׁ) ; Jér 22, 13 הוֹי בֹּנֶה בֵיתוֹ ; Hab 2, 12 הוֹי בֹּנֶה עִיר (mais Ps 147, 2 בֹּנֵה יְרוּשָׁלַ֫יִם יְהֹוָה malgré le sens clairement verbal) ; Jér 17, 26 a מְבִאִים עֹלָה (mais b וּמְבִאֵי תוֹדָה, si texte correct) ; 1 R 5, 1 מַגִּשִׁים מִנְחָה (mais 2 S 8, 2, 6 נֹֽשְׂאֵי מִנְחָה tributaires). L’adjectif verbal יָרֵא au sens respectant, craignant se construit à l’accusatif : Gn 42, 18 אֶת־הָֽאֱלֹהִים אֲנִי יָרֵא ; 2 R 4, 1 ; Jon 1, 9 (mais au sens nominal respectueux de, cultor, on a יְרֵא : Gn 22, 12 כִּי־יְרֵא אֱלֹהִים אַ֔תָּה ; Is 50, 10 ; Ps 25, 12 etc. ; יִרְאֵי : Ex 18, 21 יִרְאֵי אֱלֹהִים ; Mal 3, 20 ; Ps 15, 4 etc.) ; adjectif verbal חָפֵץ : Ps 5, 5 חָפֵץ רֶ֫שַׁע (mais Ps 35, 27 חֲפֵצֵי צִדְקִי ; cf. 40, 15 ; 70, 3).

m Le participe à l’état construit : outre les exemples cités au § l, on remarquera qu’on a toujours au pluriel אֹֽהֲבֵי (11 fois), par exemple Ps 5, 12 אֹֽהֲבֵי שְׁמֶ֑ךָ, sauf 1 fois Dt 13, 4 אֹֽהֲבִים (avec יֵשׁ § 154 k) [au sing. אֹהֵב la forme ne varie pas à l’état cst.] ; de même on a toujours au pl. שֽׂנְאֵי (6 f.), p. ex. שֽׂנְאֵי בֶ֫צַע Ex 18, 21 [au sing. שֽׂנֵא la forme ne varie pas à l’état cst.]. Autres ex. : Ex 21, 12 מַכֵּה אִישׁ (cf. Gn 9, 6 שֹׁפֵךְ דַּם הָֽאָדָם) ; Ex 25, 20 וְהָיוּ הַכְּרֻבִים פֹּֽרְשֵׂי כְנָפַ֫יִם (malgré le sens verbal, et avec הָיָה ; anormal) ; Lév 11, 4 מַפְרִיסֵי הַפַּרְסָה ; Nb 31, 30 שֹֽׁמְרֵי מִשְׁמֶ֫רֶת מִשְׁכַּן יְהֹוָה ; Jér 12, 1 בֹּֽגְדֵי בֶ֫גֶד qui pratiquent la perfidie ; Dt 13, 4 חוֹלֵם הַֽחֲלוֹם הַהוּא ce visionnaire (littt : somniator somnii ille) ; Jos 24, 18 הָֽאֱמֹרִי יוֹשֵׁב הָאָ֫רֶץ (toujours ainsi ; opposer p. ex. Nb 13, 28 הָעָם הַיּוֹשֵׁב בָּֽאָ֫רֶץ) ; Ex 3, 8 etc. אֶ֫רֶץ זָבַת חָלָב וּדְבָשׁ terre ruisselante de lait et de miel (fluens lac et mel) ; et même avec un inf. : Ps 127, 2 מַשְׁכִּ֫ימֵי קוּם manicantes surgere, qui se lèvent de bonne heure (au lieu de מַשְׁכִּימִים לָקוּם cf. § 124 n ; comparer, avec adjectif, Jér 13, 23 b לִמֻּדֵי הָרֵעַ habitués à mal faire).

n Le participe à l’état construit s’emploie aussi avec un génitif suivant au lieu d’un accusatif de mouvement, particulièrement avec les verbes בּוֹא et יָצָא[11] : Gn 23, 10, 18 בָּאֵי שַׁ֫עַר ingredientes portam ; Lam 1, 4 בָּאֵי מוֹעֵד venant à la fête ; Gn 9, 10 יֹֽצְאֵי הַתֵּבָה sortis de l’arche ; 46, 26 יֹֽצְאֵי יְרֵכוֹ egressi de femore ejus ; 1 Ch 5, 18 יֹֽצְאֵי צָבָא pouvant (cf. § i) marcher à l’armée, aptes au service militaire (sing. יֹצֵא צָבָא Nb 1, 3 etc.)[12] ; — יֹֽרְדֵי בוֹר descendant dans la fosse Is 38, 18 etc. (comp., avec préposition[13], Is 14, 19 יֽוֹרְדֵי אֶל־אַבְנֵי־בוֹר).

On a cette même construction au lieu d’une préposition : Ps 88, 6 שֹֽׁכְבֵי קֶ֫בֶר couchés dans la tombe ; 1 R 18, 19 אֹֽכְלֵי שֻׁלְחַן אִיזֶ֫בֶל mangeant à la table de Jézabel, commensaux de J. ; Is 41, 7 מַֽחֲלִיק פַּטִּישׁ celui qui polit avec le marteau (cf. Dillmann in h. l.) ; 2 Ch 23, 4 בָּאֵי הַשַּׁבָּת entrant (en fonction) le sabbat ; au lieu de מִן : Is 59, 20 שָׁבֵי פֶ֫שַׁע revenant du péché ; Mich 2, 8. — De même avec les suffixes nominaux : Pr 2, 19 כָּל־בָּאֶ֫יהָ tous ceux qui viennent à elle ; Ps 18, 40 etc. קָמַי ceux qui se lèvent contre moi (pour קָמִים עָלַי Ps 3, 2).

o La double construction du participe actif (§§ k-n) se trouve aussi pour le participe passif. Mais ici l’occasion d’avoir un accusatif direct est assez rare ; elle se trouve surtout avec les verba induendi et exuendi (§ 128 c). Les deux constructions semblent employées sans différence de sens. Ainsi avec חָגוּר ceint on a הֶֽחָגוּר כְּלֵי הַמִּלְחָמָה Jug 18, 17 ; חָגוּר suivi de l’acc. (l’état abs. n’apparaissant que par la vocalisation) : Jug 18, 11 ; 1 S 2, 18 ; 2 S 6, 14 ; 20, 8 ; 21, 16 ; חֲגוּרִים כְּלֵי מִלְחָמָה Jug 18, 16 (opp. Dn 10, 5 avec ב) ; — à l’état cst. : seulement חֲגֻרַת־שַׂק Joël 1, 8. Avec לָבוּשׁ[14] vêtu on a הַלָּבֻשׁ הַבַּדִּים Éz 9, 3 ; לָבוּשׁ précédé de l’acc. : 1 S 17, 5 ; לָבוּשׁ suivi de l’acc. (l’état abs. n’apparaissant que par la vocalisation) : Éz 9, 2 לָבֻשׁ בַּדִּים ; Zach 3, 3 ; Pr 31, 21 ; Dn 10, 5 ; — à l’état cst. : לְבֻשׁ הַבַּדִּים Éz 9, 11 (10, 2, 6, 7 ; Dn 12, 6, 7) ; לְבֻשֵׁי Éz 23, 6, 12 ; 38, 4. Avec le verbum exuendi חָלַץ : Dt 25, 10 חֲלוּץ הַנָּ֫עַל déchaussé (dépouillé de sandales). Avec d’autres verbes : 2 S 15, 32 קָרוּעַ כֻּתָּנְתּוֹ (état abs. d’après la vocalisation) déchiré quant à la tunique = dont la tunique est d. (acc. attributif de limitation § 127 b), mais קְרֻעֵי בְגָדִים[15] 2 S 13, 31 ; 2 R 18, 37 (Is 36, 22) ; Jér 41, 5 ; — Néh 4, 12 וְהַבּוֹנִים אִישׁ חַרְבּוֹ אֲסוּרִים עַל⁠־מָתְנָיו ceux qui bâtissaient ayant chacun son épée attachée aux reins ; Jug 1, 7 שִׁבְעִים מְלָכִים בְּהֹנוֹת יְדֵיהֶם וְרַגְלֵיהֶם מְקֻצָּצִים 70 rois ayant les pouces et les orteils coupés[16], mais Jér 41, 5 מְגֻלְּחֵי זָקָן ayant la barbe rasée ; 2 R 5, 1 etc. נְשׂוּא פָנִים littt acceptus faciei, dont on accueille (bien) le visage, pour qui on a des égards = considéré ; Is 33, 24 נְשׂוּא עָוֺן dont l’iniquité a été pardonnée (cf. Ps 32, 1).

p La construction avec le génitif se trouve pour la cause[17] : Gn 41, 27 הַשִּׁבֳּלִים שְׁדֻפוֹת הַקָּדִים les épis brûlés par le vent d’est (cf. v. 6) ; Ex 28, 11 ; Dt 32, 24 ; Is 1, 7 שְׂרֻפוֹת אֵשׁ brûlées par le feu ; pour l’auteur de l’action : Gn 24, 31 ; 26, 29 † בְּרוּךְ יְהֹוָה béni de Jéhovah, équivalent de בָּרוּךְ לַֽיהֹוָה Jug 17, 2 etc. (ל auctoris, § 130 b) ; Is 53, 4 מֻכֵּה אֱלֹהִים frappé par Dieu.

Pour l’omission du sujet dans une proposition participiale cf. § 154 c.

  1. Nous prenons ici attribut au sens, reçu en grammaire comparée, de déterminant quelconque du nom (par ex. autre nom, adjectif, participe), non au sens usuel en français, où attribut signifie précisément ce que nous nommons ici prédicat (ce qui est dit, affirmé ou nié, du sujet).
  2. L’aspect fréquentatif, analogue à l’aspect duratif (§ 111 c), est moins fréquent dans le participe.
  3. Il n’est donc pas exact de dire (Kautzsch § 116 e) que le participe passif du qal a toujours le sens passé. Voir aussi Ps 111, 2 דְּרוּשִׁים exquirenda § i.
  4. Dans Ps 30, 11 עֹזֵר, comme toujours, est employé substantivement ; cf. § f N. En néo-hébreu, l’impératif périphrastique est usuel pour un commandement de portée générale : sois faisant pour fais (constamment), p. ex. Pirqẹ̄ ʾAbọ̄t 1, 9 הֱוֵי מַרְבֶּה לַֽחֲקֹר אֶת־הָֽעֵדִים examine beaucoup les témoins.
  5. Il n’y a pas forme périphrastique, naturellement, si le qōtel ou le qatūl employé avec le verbe היה est pris comme substantif ou comme adjectif. Ainsi qōtel : Ps 10, 14 הָיִ֫יתָ עֹזֵר (cf. 30, 11, § N) ; Gn 4, 12, 14 (cf. Nb 14, 33 où l. נָעִים) ; Gn 21, 20 ; qatūl : Jos 5, 5 ; 2 R 15, 5 ; Zach 3, 3. — Dans la locution du Deut. (9, 7, 24 ; 31, 27) מַמְרִים הֱיִיתֶם עִם־יְהֹוָה vous avez été rebelles envers Jéhovah, le qōtel a un sens quasi adjectival (עִם seult ici : ordre des mots anormal) ; dans 9, 22 מַקְצִפִים הֱיִיתֶם אֶת־יְהֹוָה vous avez irrité constamment il y a emphase ou emploi large.
  6. Il y a emploi large dans le morceau 2 R 17, 24-41 : vv. 25 (justifiable ; cf. 26 מְמִיתִים), 28, 29, 32, 33, 41.
  7. Sur l’emploi du verbe εἶναι avec participe dans le Nouveau Testament, dû à l’influence de l’araméen, cf. Dalman, Die Worte Jesu, p. 28.
  8. Ou d’une façon plus générale, non-prédicat (à cause du cas où le participe est employé comme un substantif indépendant, p. ex. Zach 11, 9 הַמֵּתָה celle qui doit mourir ; 1 S 4, 20 הַנִּצָּבוֹת celles qui se tenaient ; Nb 15, 33 הַמֹּֽצְאִים ceux qui avaient trouvé). Pour plus de simplicité nous dirons seulement participe attributif.
  9. De même pour l’infinitif construit § 124 q.
  10. Si מְשָֽׁרְתֵי אֹתִי Jér 33, 22 (pour מְשָֽׁרְתָ֑י v. 21) est authentique, on pourrait rapprocher le fait que le participe est souvent à l’état cst. devant une préposition (§ 129 m) ; or Jérémie confond souvent les deux particules אֵת (§ 103 j). Ou bien את aurait-il ici son sens primitif de substantif ? (cf. § 103 k Rem.)
  11. Cf. § 125 n.
  12. Opposer הַיֹּֽצְאִים לַצָּבָא Nb 31, 27, 28 ; בַּצָּבָא v. 36 (cf. Dt 24, 5).
  13. Pour le participe à l’état cst. devant préposition, cf. § 129 m.
  14. לָבוּשׁ ne serait pas un vrai participe passif d’après Barth, p. 47 ; Brockelmann 1, 358. — Le participe לֹבֵשׁ se trouve seulement Soph 1, 8.
  15. Génitif de limitation ; cf. § 129 i.
  16. בֹּ֫הֶן, nom de membre double, est féminin ; donc בְּהֹנוֹת n’est pas sujet de מקצּצים, et par conséquent il n’y a pas proposition relative (contre Brockelmann, 2, 555 sq.).
  17. Génitif de cause § 129 i.