Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 87
a Les noms sont ou primitifs, comme אָב père, אֵם mère, רֹאשׁ tête, רֶ֫גֶל pied, ou dérivés. Les noms dérivent ou d’un autre nom, p. ex. pl. מַרְגְּלוֹת lieu des pieds (de רֶ֫גֶל), שֹׁעֵר portier (de שַׁ֫עַר porte) ou d’un verbe. Ces derniers sont très nombreux, mais il est gratuit de supposer que tous les noms proviennent d’un verbe. Beaucoup de verbes, au contraire, proviennent d’un nom (verbes dénominatifs). Pour beaucoup de racines il est impossible de voir qui, du verbe ou du nom, a la priorité.
Certaines formes nominales se rattachent à certaines formes verbales, p. ex. גִּדּוּף insulte se rattache au piel גִּדֵּף insulter, תְּהִלָּה louange au piel הִלֵּל louer. Par contre, les tentatives faites pour ramener la plus grande partie des formes nominales aux temps du verbe (parfait et impératif d’après de Lagarde[1], parfait et futur d’après Barth)[2], ne sont pas concluantes.
b Tandis que les formes verbales (conjugaisons § 40 a) sont peu nombreuses, les formes nominales sont multiples et variées. Alors que chaque forme verbale n’exprime guère qu’une idée (p. ex. le piel : l’idée intensive et ses variétés § 52 d), beaucoup de formes nominales ne sont pas affectées à une idée unique. Cependant d’une façon générale, on peut dire que l’hébreu (comme les autres langues sémitiques) tend à couler dans le même moule morphologique les noms désignant des choses analogues. Ainsi on donne volontiers la forme קִטֵּל aux adjectifs désignant un défaut du corps ou de l’esprit, p. ex. עִוֵּר aveugle (§ 88 H b), la forme קַטָּל aux nomina opificum, p. ex. דַּיָּן juge (§ 88 H a), la forme קָטֵל aux noms de membres, p. ex. כָּתֵף épaule (§ 88 D b), la forme קָטִיל aux noms d’opérations agricoles, p. ex. קָצִיר moisson (§ 88 E b).
c Les noms concrets ne sont employés que dans certaines formes ; de même les noms abstraits.
Les adjectifs ne sont employés que dans certaines formes. D’une façon générale, les formes (primitives) avec une seule voyelle et celles à préformantes ne sont pas employées en hébreu pour les adjectifs. On trouve employées pour les adjectifs les formes simples avec deux voyelles brèves primitives קָטָל, קָטֵל, קָטֹל, avec 1re voy. brève et 2e longue קָטוֹל, קָטִיל, קָטוּל ; les formes avec redoublement de la 2e consonne קַטָּל, קִטֵּל, קַטִּיל, קַטּוּל ; la forme avec afformante ◌ִי, et quelques formes plus rares, comme קַטְלָל.
Les noms composés sont fréquents comme noms propres, p. ex. גַּבְרִיאֵל = homme de Dieu (§ 93 m) ; très rares, au contraire, comme noms communs : בְּלִיַּ֫עַל vaurien, misérable, composé de la négation בְּלִי et d’un élément dont le sens est discuté ; p.-ê. צַלְמָ֫וֶת interprété צֵל מָ֫וֶת déjà par LXX σκιὰ θανάτου (mais la vocalisation est suspecte ; on a proposé de lire צַלְמוּת ou צַלְמוֹת qui signifierait ténèbres).