Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 88H

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Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 199-200).
[§§ 88 H−I. Formes avec 2e consonne redoublée].
§ 88 H. Formes avec deux voyelles brèves.

a Qattal > קַטָּל. En hébreu de nombreux noms tels que des nomina opificum, qui dans les autres langues sémitiques sont des qattāl, ont la forme קַטָּל, p. ex. טַבָּח boucher. Néanmoins le å ici ne semble pas long, mais seulement moyen[1]. Exemples : Adjectifs : קַנָּא jaloux (5 f. ; 2 f. קַנּוֹא), דַּוָּי malade, חַטָּא pécheur. Substantifs : גַּנָּב voleur, דַּיָּן juge, רַכָּב cocher, פָּרָשׁ cavalier (pour parraš), חָרָשׁ ouvrier (pour ḥarraš).

Avec finale féminine : קַטָּלָה ou קַטֶּ֫לֶת. La forme קַטָּלָה se trouve dans לֶֽהָבָה flamme, cst. לַהֶ֫בֶת, חָֽרָבָה sécheresse. Dans quelques cas קַטָּלָה répond à l’infinitif de l’intensif araméen, où le ◌ָ est long[2] : בַּקָּרָה soin, בַּקָּשָׁה demande, בֶּֽהָלָה soudaineté, נֶֽאָצָה outrage, נֶֽחָמָה consolation.

La forme קַטֶּ֫לֶת est fréquente pour les noms correspondants aux adjectifs קִטֵּל d’infirmités ou de particularités physiques, § b : עַוֶּ֫רֶת cécité (עִוֵּר aveugle), קָרַ֫חַת et גַּבַּ֫חַת calvitie (קֵרֵחַ et גִּכֵּחַ chauve), דַּלֶּ֫קֶת et קַדַּ֫חַת fièvre brûlante ; — אִוֶּ֫לֶת folie (avec affaiblissement de a en i). Quelques noms de vases : צַלַּ֫חַת vase profond, צַפַּ֫חַת cruche, קַלַּ֫חַת marmite.

b La forme קִטֵּל, proprement hébraïque, se trouve pour les adjectifs d’infirmités ou de particularités physiques : עִוֵּר aveugle, אִלֵּם muet, פִּסֵּחַ boiteux, גִּבֵּן bossu, עִקֵּשׁ tortu, חֵרֵשׁ sourd (pour ḥirrẹš), כֵּהֶה obscurci, צִחֶה sec. On a aussi גֵּאֶה orgueilleux, פִּקֵּחַ clairvoyant (antonyme de עִוֵּר), שִׁלֵּשׁ et רִבֵּעַ de la 3e, 4e génération.

c Qattil > קַטֵּל est l’infinitif construit de la conjugaison intensive à la voix active, § 52 a.

d Quttal > קֻטָּל (rare) : סֻלָּם échelle ; קֻבַּעַה calice.

  1. Même difficulté pour l’å de l’afformante ån, § M a. Dans les deux cas on ne peut guère penser à des emprunts araméens, comme pour קְטָל § E f. — L’état cst. en ◌ַ indique que l’å n’est pas long : דַּיַּן, חָרַשׁ, פָּרַשׁ. Le maintien du qameṣ au pl. cst. ne prouve pas qu’il soit long : חָֽרָשֵׁי, חַטָּאֵי (comp. חֲטָאֵי § 96 A e), מַלָּֽחֵיהֶם.
  2. Si dans ces noms hébreux il y a une influence araméenne, le ◌ָ pourra y être considéré comme long. Voir la forme araméenne du causatif הַקְטָלָה, § 88 L b.