Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Nom/Paragraphe 137

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Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 420-428).
§ 137. Détermination et indétermination : l’article.

a Un nom peut être déterminé par lui-même ou par un élément déterminant.

Les noms communs (ou appellatifs) sont indétermimés par eux-mêmes : ils deviennent déterminés par un élément déterminant, à savoir : l’article : הַבֵּן le fils ; un suffixe : בְּנִי mon fils ; un nomen rectum déterminé : בַּת הַמֶּ֫לֶךְ la fille du roi, בַּת בְּנִי la fille de mon fils, בַּת דָּוִד la fille de David.

b Les noms propres sont déterminés par eux-mêmes, puisqu’ils désignent des êtres uniques. En conséquence ils ne prennent pas d’élément déterminant. Ainsi ils ne peuvent pas être suivis d’un génitif déterminé (ni indéterminé § 131 n-o). De même ils ne prennent pas l’article, sauf quelques noms dont la valeur d’appellatif est encore sentie : ainsi on a presque toujours הַיַּרְדֵּן le Jourdain (p.-ê. fleuve ou aiguade), Gn 32, 11 הַיַּרְדֵּן הַזֶּה ce Jourdain ; généralement הַלְּבָנוֹן le Liban (p.-ê. (mont) blanc) ; הַגִּבְעָה (la Colline) ; הָֽרָמָה (la Hauteur) ; הָעַי (le Monticule de ruines ?) ; הַבָּשָׁן (étym. ?).

Aucun nom propre de personne, même ayant une forme d’adjectif ou de participe, n’a l’article[1].

c Les nomina gentilicia ont l’article, p. ex. הָֽעִבְרִי l’Hébreu, הָֽעִבְרִים les Hébreux. Exceptions : פְּלִשְׁתִּים les Philistins est généralement sans article ; 8 fois הַפְּ׳, 18 f. בַּפְּ׳ etc. ; toujours כַּפְתֹּרִים les Caphtorim (3 f.).

d Certains noms appellatifs employés comme noms propres ne prennent pas l’article : עֶלְיוֹן le Très-Haut, שַׁדַּי le Tout-Puissant, le sing. אֱלוֹהַּ Dieu (poét.). Au pluriel de majesté (§ 136 d) on n’a jamais l’article avec préposition (בֵּֽאלֹהִים, לֵֽאלֹהִים, מֵֽאֱלֹהִים)[2] ; mais à côté de אֱלֹהִים on a souvent הָֽאֱלֹהִים. Pour Baal on a presque toujours הַבַּ֫עַל (le Seigneur).

e Remarque. Les pronoms personnels et le pronom démonstratif sont aussi déterminés par eux-mêmes : ils représentent toujours en effet des êtres déterminés. Aussi peut-on avoir la particule de l’accusatif אֵת avec ces pronoms : אֶת־זֹאת hanc 2 S 13, 17 ; אוֹתָהּ eam v. 18. Un nom avec suffixe pronominal est déterminé : בְּנִי mon fils (cf. § 140 a).

Bien qu’ils soient déterminés par eux-mêmes, le pronom de la 3e p. הוּא etc., et le pronom démonstratif זֶה etc. prennent l’article quand ils sont employés comme attributs du nom, et donc en fonction adjectivale : בַּיּוֹם הַהוּא en ce même jour, en ce jour-là ; בַּיּוֹם הַזֶּה en ce jour-ci, aujourd’hui (cf. § 138 g).

f Noms communs (ou appellatifs). Pour l’emploi de l’article ces noms sont traités d’une manière qui diffère notablement de l’usage de nos langues. D’une façon générale on peut dire que l’emploi de l’article en hébreu est assez flottant[3]. De plus, dans les cas où il n’apparaît que par la vocalisation, il est sujet à caution : d’une façon générale, les Naqdanim tendent à ajouter la voyelle de l’article[4].

Dans une phrase donnée, la chose désignée par un nom commun peut être parfaitement déterminée, indéterminée, imparfaitement déterminée[5].

I. Détermination parfaite.

1) La détermination est parfaite surtout dans le cas où la chose peut être montrée, et où, par conséquent, on pourrait employer le pronom démonstratif. L’article ה, qui est originairement démonstratif, a encore une valeur démonstrative faible dans certaines locutions relatives au temps : הַיּוֹם ce jour = aujourd’hui Gn 4, 14 ; הַלַּ֫יְלָה cette nuit 19, 5 ; הַשָּׁנָה cette année 2 R 19, 29 ; הַפַּ֫עַם cette fois Ex 9, 27[6].

2) La détermination est parfaite dans le cas où le nom pourrait être déterminé par un suffixe pronominal (§ e). Dans ce cas, l’article hébreu équivaut parfois au pronom possessif de nos langues : Gn 24, 65 (elle prit) son voile הַצָּעִיף ; 47, 31 son lit (1 R 1, 47) ; Jug 3, 20 son trône (1 S 1, 9) ; Jug 4, 15 son char (1 R 22, 35 ; 2 R 10, 15 etc.) ; 1 S 18, 10 sa lance (20, 33) ; 1 S 11, 5 ses bœufs ; comp. § 143 e.

3) Une chose est parfaitement déterminée quand on en a déjà parlé : l’article équivaut alors à un démonstratif faible, p. ex. cet homme-là (dont on a parlé)[7] : Ruth 1, 2 הָאִישׁ (opp. v. 1 אִישׁ un homme) = הָאִישׁ הַהוּא Job 1, 1 b (opp.a) ; 1 S 1, 3 (opp. 1), 1 R 3, 24 « apportez une épée ; et on apporta l’épée » ; Zach 3, 5 (avec adjectif) ; Gn 18, 8 (avec génitif ; opp. 7).

g 4) Une personne (ou une chose) à laquelle on s’adresse (vocatif), étant toujours déterminée, devrait toujours avoir l’article ; en fait l’article est assez souvent omis, surtout en poésie ou en prose relevée. On peut faire les remarques suivantes :

  1. a) En apposition à un nom déterminé on a nécessairement l’article : 1 S 24, 9 אֲדֹנִי הַמֶּ֫לֶךְ mon seigneur le roi ! ; Zach 3, 8 יְהוֹשֻׁעַ הַכֹּהֵן הַגָּדוֹל ô Josué, grand-prêtre !
  2. b) Généralement on a l’article quand il s’agit de personnes présentes : 1 S 17, 55 הַמֶּ֫לֶךְ ô roi ! ; 58 הַנַּ֫עַר ô garçon ! ; 2 R 9, 5 הַשָּׂר ô prince ! ; Jug 6, 12 גִּבּוֹר הֶחָ֑יִל ô vaillant guerrier ! ; mais בֶּן־אָדָם ô fils de l’homme ! Éz 2, 1 etc.
  3. c) Assez souvent l’article manque quand il s’agit de personnes non présentes ou plus ou moins imaginaires : Eccl 11, 9 בָּחוּר ô jeune homme ! ; Pr 6, 6 עָצֵל ô paresseux ! ; Is 23, 16 זוֹנָה ô courtisane ! ; Pr 1, 22 פְּתָיִם ô ingénus ! ; toujours בָּנִים ô fils ! Ps 34, 12 ; Pr 4, 1 etc. Du reste il y a parfois grande liberté : opp. Joël 1, 2 הַזְּקֵנִים ; 1, 13 הַכֹּֽהֲנִים à 1,5 שִׁכּוֹרִים ; 1, 13 מְשָֽׁרְתֵי מִזְבֵּחַ ; pour ô cieux on a הַשָּׁמַ֫יִם Dt 32, 1 ; שׁמים Is 1, 2.

h 5) Une chose unique en son genre est par là-même déterminée et prend généralement l’article. Ainsi en prose simple on a presque toujours הַשֶּׁ֫מֶשׁ le soleil[8] ; הַיָּרֵחַ la lune ; הַשָּׁמַ֫יִם les cieux, le ciel[9] ; de même הָאָ֫רֶץ la terre, excepté dans les locutions où il s’agit de direction vers la terre : s’incliner, adorer vers la terre (§ 125 n), 1 R 1, 31 אֶ֫רֶץ ; 1, 23 אַ֫רְצָה.

De même on a p. ex. אֹ֫הֶל הָֽעֵדוּת la tente de l’Ordonnance Nb 9, 15 etc. ; מִשְׁכַּן העדוּת la demeure de l’Ordonnance Ex 38, 21 etc. ; mais אֹ֫הֶל מוֹעֵד la tente d’Audience (cf. § 125 h) Ex 27, 21 etc.

i 6) Les classes ou espèces sont uniques et par là-même déterminées : elles ont souvent l’article[10]. Ainsi les animaux purs et impurs ont l’article dans Lév 11, 4 sqq. ; Dt 14, 7 sqq. (mais non dans vv. 4-5 !). Adjectifs ou participes : הַצַּדִּיק le juste ; הָֽרָשָׁע le méchant ; Jos 8, 19 הָֽאֹרֵב (collectif) les embusqués.

L’article avec les noms de classes ou d’espèces est particulièrement fréquent dans les comparaisons : 1 S 26, 20 « comme on poursuit la (= une) perdrix הַקֹּרֵא » ; Is 29, 8 הָֽרָעֵב l’affamé ; Gn 19, 28 כְּקִיטֹר הַכִּבְשָׁן comme la fumée d’une fournaise ; Jug 14, 6 כְּשַׁסַּע הַגְּדִי comme on déchirerait un chevreau. Avec la préposition כּ l’article ne peut apparaître que dans la vocalisation ; on a souvent l’article : Is 34, 4 כַּסֵּ֫פֶר ; 10, 14 כַּקֵּן ; 38, 13 כָּֽאֲרִי ; toujours כַּכָּתוּב comme (il est) écrit (16 f. = כַּֽאֲשֶׁר כָּתוּבf.) ; — mais souvent aussi l’article manque : Nb 23, 24 כַּֽאֲרִי (24, 9) ; toujours כְּאַרְיֵה ; Nb 23, 24 כְּלָבִיא ; Job 16, 14 etc. כְּגִבּוֹר. On omet l’article quand le nom est suivi d’un attribut ou d’une proposition relative : Is 38, 14 כְּסוּס עָגוּר (opp. 13 כָּֽאֲרִי) ; 2 S 17, 8 (Os 13, 8) כְּדֹב שַׁכּוּל ; Is 29, 5 כְּמֹץ עֹבֵר ; Jér 23, 9 כְּגֶ֫בֶר עֲבָרוֹ יַ֫יִן.

Quand un nom pluriel est censé comprendre tous les individus de la classe ou de l’espèce, il prend l’article : Gn 1, 16 הַכּֽוֹכָבִים les étoiles ; 10, 32 הַגּוֹיִם les nations. Mais, chose curieuse, pour les Anciens on n’a jamais l’article : רִֽאשֹׁנִים Lév 26, 45 ; Dt 19, 14 ; Is 61, 4 ; Ps 79, 8. — לַבְּקָרִים, avec l’article de la totalité signifie tous les matins (Is 33, 2 ; Ps 73, 14 ; 101, 8 ; Lam 3, 23 †), mais לִבְקָרִים Job 7, 18 ⸮ † à certains matins, לִרְגָעִים à certains moments (Job 7, 18 ⸮ ; Is 27, 3 ; Éz 26, 16 ; 32, 10 †).

j 7) Les noms abstraits peuvent être pris d’une façon déterminée, et alors ils ont l’article. Ainsi pour la royauté, la dignité royale on a généralement הַמְּלוּכָה 1 S 18, 8 etc. ; pour le mal, le malheur on a parfois הָֽרָעָה p. ex. 1 R 21, 29 (21 sans article).

k II. Indétermination. En dehors des cas énumérés ci-dessus il y a généralement indétermination, et par conséquent absence d’article, p. ex. עִיר une ville (quelconque) 2 S 17, 13 ; אִישׁ un homme Ruth 1, 1 ; Job 1, 1 a ; אֲנָשִׁים des hommes Gn 12, 20 ; 37, 28 ; לַ֫יְלָה וְיוֹמָם nuit et jour (de nuit et de jour) Dt 28, 66 etc. ; dans les locutions comme פֶּה אֶל־פֶּה bouche à bouche Nb 12, 8 ; פֶּה לָפֶה bord à bord 2 R 10, 21 ; לְשָׁלוֹם en paix ; בְּשָׁלוֹם en paix (mais בַּשָּׁלוֹם par la paix Ps 29, 11 ; dans la paix Job 15, 21 †) ; בְּרֵאשִׁית au commencement Gn 1, 1 etc. ; מֵֽרֵאשִׁית depuis le commencement ; מֵרֹאשׁ (id.) Is 40, 21 etc. ; מִקֶּ֫דֶם dès les temps anciens Ps 74, 12 etc.

l Le prédicat nominal (subst., adj., partic.), par sa nature, est généralement indéterminé. Ainsi on a très souvent l’occasion d’employer des phrases comme « David est roi, grand, gouvernant ». Mais quelquefois on a l’occasion de dire : « David est le roi, le (plus) grand, le gouvernant (celui qui gouverne) ». Dans ces derniers cas il faut l’article en hébreu comme en français, car le prédicat est alors déterminé. Les exemples sont assez nombreux avec le participe, très rares avec le substantif. Avec l’adjectif le sens est presque toujours comparatif ou superlatif. Dans la plupart des cas, la nuance correspond au fr. c’est… celui qui…

1) Avec participe : Gn 2, 11 הוּא הַסֹּבֵב « c’est celui qui contourne tout le pays de Ḥawilah » ; 45, 12 פִּי הַמְדַבֵּר c’est ma bouche (= c’est bien moi, et non un autre) qui vous parle ; Dt 3, 21 (4, 3 ; 11, 7) ce sont tes yeux qui ont vu = tes yeux ont été les témoins de… ; 8, 18 ; 9, 3 ; 20, 4 ; Jos 23, 3 (10) ; 24, 17 ; 1 S 4, 16 je suis celui qui reviens du combat ; 2 S 5, 2 (Qeré = 1 Ch 11, 2) ; Is 45, 3 ; 66, 9 ; Zach 7, 6.

2) Avec adjectif : Ex 9, 27 יְהֹוָה הַצַּדִּיק c’est J. qui est le juste ; 1 S 17, 14 דָּוִד הוּא הַקָּטָן c’est D. qui est le (plus) jeune ; 1 R 18, 25 אַתֶּם הָֽרַבִּים c’est vous qui êtes les (plus) nombreux. (Pour le comparatif et le superlatif cf. § 141 g, i).

3) Avec substantif : Gn 42, 6 וְיוֹסֵף הוּא הַשַּׁלִּיט or c’était J. qui était le gouverneur ; 1 S 17, 8 אָֽנֹכִי הַפְּלִשְׁתִּי je suis le Ph. ; 1 R 18, 21 אִם יְהֹוָה הָֽאֱלֹהִים si J. est (le vrai) Dieu.

m III. Détermination imparfaite. Une chose qui n’est pas déterminée dans la connaissance de l’écrivain ou de celui à qui l’on parle est parfois particulièrement déterminée en elle-même ; en conséquence le nom prend ou peut prendre l’article. Cet emploi de l’article, caractéristique de l’hébreu, est assez fréquent. En français, on ne peut traduire alors que par un, parfois un certain (§ r). Pour mieux montrer l’usage hébreu, nous grouperons les exemples dans les catégories suivantes.

1) Objets particulièrement déterminés parce qu’on les prend ou qu’on les emploie pour quelque but déterminé :

  1. Objets pris : Dt 15, 17 « tu prendras un poinçon » אֶת־הַמַּרְצֵעַ (comp. Ex 21, 6) ; Jug 4, 21 אֶת־יְתַד הָאֹ֫הֶל un piquet de la tente et אֶת־הַמַּקֶּ֫בֶת un marteau ; 9, 48 אֶת־הַקַּרְדֻּמּוֹת des haches ; 19, 29 אֶת־הַמַּֽאֲכֶ֫לֶת un couteau.
  2. Objets employés : Ex 16, 32 « remplis un ʿomer » הָעֹ֫מֶר (cp. Jug 6, 38 הַסֵּ֫פֶל un bassin) ; Ex 21, 6 avec un poinçon ; 21, 20 avec un bâton (cp. Nb 22, 27) ; Nb 21, 9 עַל־הַנֵּס sur un poteau (cp. Jos 8, 29 עַל־הָעֵץ sur une pièce de bois ; opp. Gn 40, 19) ; Jos 2, 15 avec une corde ; Jug 8, 25 הַשִּׂמְלָה un manteau ; 20, 16 ; 1 S 21, 10 ; 2 S 23, 21 ; 2 R 10, 7. On remarquera en particulier בַּסֵּ֫פֶר dans un livre Ex 17, 14 ; Nb 5, 23 ; 1 S 10, 25 ; Jér 32, 10 ; Job 19, 23 ; הַֽחֲמוֹר un âne Ex 4, 20 ; 1 S 25, 42 ; 2 S 17, 23 ; 19, 27 ; 1 R 13, 13.

n 2) Personne nommée au cours d’un récit dans des circonstances qui lui donnent une détermination particulière : Gn 14, 13 « un fuyard arriva » הַפָּלִיט (encore Éz 24, 26 ; 33, 21) ; Nb 11, 27 הַנַּ֫עַר un garçon ; 2 S 15, 13 הַמַּגִּיד un messager ; 17, 17 הַשִּׁפְחָה une servante. Voir encore Gn 18, 7 ; 42, 23 ; 2 R 13, 21[11].

3) Objets locaux (parfois la nuance est un certain) : Gn 16, 7 עַל־עֵין הַמַּ֫יִם près d’une (certaine) source (Ex 2, 15 עַל־הַבְּאֵר près d’un (certain) puits) ; Gn 28, 11 il arriva à un (certain) endroit ; 1 R 19, 9 הַמְּעָרָה une grotte (comp. Gn 19, 30).

4) Dans la locution וַיְהִי הַיּוֹם et un (certain) jour arriva et… le mot יוֹם, qui est sujet, est déterminé par ce qui suit[12] : 1 S 1, 4 ; 14, 1 ; 2 R 4, 8, 11, 18 ; Job 1, 6, 13 ; 2, 1 †.

o 5) Autres exemples : Ex 3, 2 a הַסְּנֶה un buisson ; Nb 21, 6 הַנְּחָשִׁים des serpents ; 1 S 17, 34 הָֽאֲרִי un lion ; 1 R 20, 36 הָֽאַרְיֵה un lion (opp. 13, 24).

Avec adjectif : 2 S 18, 9 הָֽאֵלָה הַגְּדוֹלָה un grand térébinthe ; 18, 19 (probablement) une grande fosse ; 18, 29 un grand tumulte.

Avec sens distributif : Nb 7, 3 עֲגָלָה עַל־שְׁנֵי הַנְּשִׂאִים une voiture par deux princes ; 23, 2 אַ֫יִל בַּמִּזְבֵּחַ un bélier sur chaque autel ; 31, 4 אֶ֫לֶף לַמַּטֶּה אלף למּטּה mille par tribu.

p Omission de l’article. Nous groupons ici certains cas où l’article manque bien qu’il soit attendu.

1) Dans l’interrogation[13] : Dt 28, 67 בַּבֹּ֫קֶר תֹּאמַר מִי יִתֵּן עֶ֫רֶב le matin tu diras : Que ne suis-je au soir ? (Et le soir tu diras : Que ne suis-je au matin ?) ; Ex 18, 14 מִן־בֹּ֫קֶר עַד־עָ֑רֶב du matin au soir ? (opp. v. 13 avec l’article !) ; Gn 25, 32 לָֽמָּה־זֶּה לִי בְּכֹרָה à quoi donc me (sert) le droit d’aînesse ? ; 27, 46 לָ֫מָּה לִּי חַיִּים à quoi me (sert) la vie ? ; 2 S 19, 36 קוֹל שָׁרִים וְשָׁרוֹת la voix des chanteurs et des chanteuses ?[14].

q 2) Les noms des points cardinaux généralement n’ont pas l’article, bien qu’ils l’aient quand ces noms sont employés avec leur sens premier[15]. Ainsi, יָם qui a généralement l’article au sens de la mer, ne l’a généralement pas au sens d’ouest, par ex. Jos 16, 8 יָ֫מָּה vers l’ouest, הַיָּ֫מָּה à la mer ; opp. Jos 15, 19 הַנֶּ֫גֶב terre aride et v. 2 נֶ֫גֶב sud.

r 3) Dans les noms de titres il y a une certaine tendance à omettre l’article. Ainsi, à côté de l’usuel שַׂר הַצָּבָא le chef de l’armée 1 S 17, 55 etc., on trouve parfois שׂר צבא 2 S 2, 8 ; 19, 14 ; 1 R 16, 16. En regard de שַׂר הַטַּבָּחִים le chef des gardes Gn 37, 36 — 41, 12, on a toujours רַב טבּחים 2 R 25, 8 etc. ; Jér 39, 9 etc.

s 4) Dans les noms de localités l’article est parfois omis : שְׂדֵה כֹבֵס le Champ du foulon Is 7, 3 ; 36, 2 = 2 R 18, 17 † ; שְׂדֵה צֹפִים le Champ des guetteurs Nb 23, 14 † ; avec בַּ֫יִת, p. ex. בֵּית לֶ֫חֶם, בֵּית גָּדֵר ; avec עַ֫יִן, p. ex. עֵין שֶׁ֫מֶשׁ, עֵין גֶּ֫דִי (mais avec שַׁ֫עַר porte on a l’article). Peut-être faut-il mettre ici בֵּית עֲבָדִים l’Ergastule, désignation oratoire de l’Égypte Dt 7, 8 etc., souvent comme attribut de מִצְרַ֫יִם, par ex. Ex 13, 3 מִמִּצְרַ֫יִם מִבֵּית עֲבָדִים.

t 5) Noms précédemment cités : § c פְּלִשְׁתִּים les Philistins ; § h אֹ֫הֶל מוֹעֵד la tente d’Audience ; § i רִֽאשֹׁנִים les Anciens[16].

On notera encore les trois noms תֵּבֵל l’orbe (le disque terrestre), תְּהוֹם l’Abîme, שְׁאוֹל le Sheol, les Enfers.

u Appendice. אֶחָד s’emploie parfois pour l’indétermination[17], comme le un indéterminé du français, surtout dans les livres des Juges, de Samuel, des Rois, notamment avec אִישׁ et אִשָּׁה : 1 S 1, 1 וַיְהִי אִישׁ אחד (opp. Job 1, 1 אישׁ הָיָה) ; encore avec אישׁ : Jug 13, 2 ; 2 S 18, 10 ; Dn 10, 5 ; avec אשּׁה : Jug 9, 53 ; 2 R 4, 1. Autres ex. : 1 S 7, 9, 12 ; 1 R 13, 11 (20, 13) ; 19, 4 ; 22, 9 (2 R 8, 6) ; 2 R 12, 10 ; Éz 8, 8 ; 37, 16 ; Dn 8, 3.

v Parfois on emploie אַחַד, construit sur un nom pluriel, pour l’indétermination : Gn 22, 2 עַל אַחַד הֶֽהָרִים « sur une montagne que je te montrerai » ; 21, 15 sous un buisson. Ce tour est particulièrement fréquent dans les comparaisons : 2 S 2, 18 כְּאַחַד הַצְּבָיִם comme une gazelle ; 13, 13 tu serais comme un infâme en Israël.

Dans quelques cas la nuance semble être un quelconque : 1 S 2, 36 une division sacerdotale quelconque ; 2 S 17, 12 dans le lieu quel qu’il soit ; mais 15, 2 de telle tribu d’Israël.

  1. Mais pour p. ex. « la moitié de la tribu de Manassé » on dira חֲצִי שֵׁ֫בֶט הַֽמְנַשֶּׁה Jos 1, 12. L’article ה est celui de « la moitié ».
  2. L’absence d’article n’apparaît que par la vocalisation (comp. § f tendance des Naqdanim à ajouter la voyelle de l’article). Ici בָּֽאֱלֹהִים, לָֽאֱ׳ ont peut-être été évités à cause de l’équivoque possible avec parmi les dieux Ps 86, 8 †, aux dieux Ex 22, 19 †.
  3. En poésie l’emploi de l’article est très libre. Il y a tendance générale à le supprimer dans les cas où il allongerait le mot d’une syllabe. Ce phénomène peut être dû à des raisons métriques, à une certaine recherche, à une tendance à la brièveté.
  4. Par exemple : 2 S 23, 21 בַּשָּׁ֑בֶט « avec un bâton », après חֲנִית « une lance » ; Eccl 11, 3 בַּדָּרוֹם, בַּצָּפוֹן, mais 1, 6 אֶל־דָּרוֹם, אֶל־צָפוֹן. Voir aussi § 147 d לָאִישׁ à côté de לְאִישׁ ; § 138 b.
  5. Comp. les divers degrés de détermination et d’indétermination dans : la main, de la main à la main, une main, de main en main ; — Pharaon l’a vu dans le rêve d’hier, dans un rêve hier, en rêve ; — la source ; il arriva à une (certaine) source ; si tu rencontres une source (quelconque).
  6. Mais avec une préposition l’article ne suffit pas ; il faut le démonstratif : בַּיּוֹם הַזֶּה en ce jour-ci = aujourd’hui Jos 7, 25 ; בַּפַּ֫עַם הַזֹּאת cette fois Ex 8, 28 (§ 126 i).
  7. Dans ce cas, parfois la détermination est exprimée équivalemment dans nos langues par le possessif : « notre homme » (qui nous intéresse, dont nous parlons).
  8. Jos 10, 12 שֶׁ֫מֶשׁ, malgré le vocatif, dans une phrase archaïque, en prose relevée (opp. v. 13). Même remarque pour יָרֵחַ (ib.).
  9. Gn 14, 19 (22) קֹנֵה שָׁמַ֫יִם וָאָֽרֶץ créateur du ciel et de la terre, dans un discours solennel.
  10. Voir § 135 c. Pour les nomina gentilicia cf. § 139 d.
  11. Au début d’une annonce prophétique Is 7, 14 הָעַלְמָה une vierge ou la vierge (en tout cas, déterminée pour le prophète).
  12. Cf. Driver, Notes on Samuel, in 1 S 1, 4.
  13. Ce fait, qui ne semble pas avoir été remarqué, est difficile à expliquer ; serait-ce par tendance à la brièveté ?
  14. Ruth 3, 18 ⸮ (dans interrogation indirecte) אֵיךְ יִפֹּל דָּבָר comment tournera la chose.
  15. Cf. Mélanges Beyrouth, t. 5, p. 396.
  16. Les particularités concernant l’article devraient être données pour chaque nom par les dictionnaires.
  17. Cet emploi est d’autant plus remarquable que pour le sens numérique un on omet souvent אחד, p. ex. Ruth 2, 17 אֵיפָה un épha ; Ex 37, 24 כִּכָּר un kikkar ; 1 R 19, 4 דֶּ֫רֶךְ יוֹם le chemin d’une journée (opp. ib. רֹ֫תֶם אֶחָ֑ד un genêt) ; Néh 13, 20 פַּ֫עַם וּשְׁתַּ֫יִם une et deux fois ; 1 Ch 16, 3 (les trois אחד de 2 S 6, 19 omis).