Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/La Mandoline
LA MANDOLINE
Est à peu près tombée en désuétude aujourd’hui, et c’est dommage, son timbre, tout grêle et nasillard qu’il est a quelque chose de piquant et d’original dont on pourrait très souvent faire une heureuse application.
Il y a plusieurs espèces de Mandolines ; la plus connue a quatre cordes doubles, c’est-à-dire, quatre fois deux cordes à l’unisson, et accordées en quinte, comme le Violon. On l’écrit sur la clef de Sol.
Les Mi sont des cordes à boyau, les La sont en acier, les Ré en cuivre, et les Sol en boyau recouvert d’un fil d’argent.
L’étendue de la Mandoline est de près de trois octaves.
qu’on obtient en passant rapidement le bec de plume sur les quatre double cordes ; mais l’effet de ces groupes de notes simultanées est assez mesquin et la Mandoline n’a son vrai caractère et son effet que dans des accompagnements mélodiques de la nature de celui qu’a écrit Mozart au deuxième acte de Don Juan.
La Mandoline est aujourd’hui tellement abandonnée, que, dans les théâtres où l’on monte Don Juan on est toujours embarrassé pour exécuter ce morceau de la sérénade. Bien qu’au bout de quelques jours d’étude un Guitariste ou même un Violoniste ordinaire puisse se rendre familier le manche de la mandoline, on a si peu de respect en général pour les intentions des grands maîtres, dès qu’il s’agit de déranger en la moindre chose de vieilles habitudes, qu’on se permet presque partout, et même à l’Opéra (le dernier lieu au monde où l’on devrait prendre une pareille liberté), de jouer la partie de Mandoline de Don Juan sur des Violons en pizzicato ou sur des Guitares. Le timbre de ces instruments n’a point la finesse mordante de celui auquel on le substitue, et Mozart savait bien ce qu’il faisait en choisissant la Mandoline pour accompagner l’érotique chanson de son héros.