Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/Le Cor à 3 pistons
LE COR À 3 PISTONS.
ET À CYLINDRES.
Il peut faire toutes les notes ouvertes au moyen d’un mécanisme particulier dont l’action consiste à changer instantanément le ton du Cor. Ainsi l’emploi de tel ou tel piston transforme le cor en Fa en un cor en Mi, ou en Mi ♭, ou en Ré, etc , etc ; d’où il suit que les notes ouvertes d’un ton se trouvant ajoutées à celles des autres tons, on obtient en sons ouverts la gamme chromatique complète. L’emploi des trois pistons a d’ailleurs pour résultat d’ajouter à l’échelle de l’instrument six demi-tons au-dessous du son naturel le plus grave.
| Ainsi, en prenant un Ut |  |
comme le point extrême de l’étendue au |
grave du cor, les pistons lui donneront encore les notes suivantes.
l en est de même pour tous les instruments de cuivre, Trompettes, Cornets, Bugles et Trombones
auxquels le mécanisme des pistons est appliqué.
L’étendue du cor à trois Pistons, dans un ton mixte tel que le Ton de Mi ♭ serait donc celle-ci :
EXEMPLE :
Ce système présente surtout des avantages pour les seconds cors, en égard aux lacunes considérables qu’il remplit entre ses notes naturelles graves,
| à partir du dernier Ut bas en montant. |  |
mais le timbre du cor à |
pistons diffère un peu de celui du cor ordinaire ; il ne saurait donc le remplacer dans tous les cas.
Je crois qu’il faut le traiter à peu près comme un instrument spécial, propre surtout à donner de bonnes basses, vibrantes et énergiques, qui n’ont pas cependant autant de force que les sons graves du trombone ténor auxquels les siens ressemblent beaucoup.
Il peut aussi chanter fort bien une mélodie, surtout si elle roule principalement sur les notes du médium.
Les meilleurs tons à employer pour le cor à pistons, les seuls même qui ne laissent rien à désirer sous le rapport de la justesse sont les tons intermédiaires. Ainsi les cors en Mi ♮, Fa, Sol et La ♭ sont de beaucoup préférables aux autres.
Plusieurs compositeurs se montrent hostiles à ce nouvel instrument parce que, depuis son introduction dans les orchestres, certains cornistes employant les pistons pour jouer des parties de cor ordinaire, trouvent plus commode de produire en sons ouverts par ce mécanisme, les notes bouchées écrites avec intention par l’auteur. Ceci est en effet un abus dangereux ; mais c’est aux chefs d’orchestre à en empêcher la propagation, et il ne faut pas perdre de vue en outre que le cor à pistons entre les mains d’un artiste habile peut rendre tous les sons bouchés du cor ordinaire et plus encore, puisqu’il pourrait exécuter toute la gamme sans employer une seule note ouverte. Voici comment : l’usage des pistons ayant pour résultat, en changeant le ton de l’instrument d’ajouter des notes ouvertes des divers tons à celles du ton principal, il est clair qu’il doit amener aussi la réunion des notes bouchées de tous les tons.
| Ainsi, le cor en Fa donne naturellement cet Ut ouvert |  |
| qui produit Fa, et, au moyen des pistons ce Ré ouvert |  |
qui, produit Sol, mais si on emploie la main dans le pavillon, de manière à
| baisser ces deux notes d’un ton, la première deviendra un Si ♭ |  |
| produisant Mi ♭ bouché, et la seconde un Ut | |
produisant Fa, également bouché.
C’est au compositeur à designer par le mot Bouché et par les chiffres ½ ou ⅔, indiquant de combien le pavillon doit être fermé, les notes qu’il ne veut pas qu’on produise ouvertes.
Pour une gamme écrit comme la suivante :
L’exécutant prendra donc les pistons propres à la gamme ouverte d’ut :
et l’emploi de la main fermant aux deux tiers le pavillon sur chaque note, en fera une gamme de Si ♭, dont tous les sons seront les plus sourds et les plus bouchés qu’on puisse obtenir sur le cor.
C’est ainsi qu’on peut, sur le cor à pistons après avoir fait entendre une phrase en sons ouverts, la produire en sons bouchés comme un écho très éloigné.
Le Cor à Cylindres ne diffère du précédent que par la nature de son mécanisme.
Cette différence est tout à son avantage pour l’agilité et pour le timbre. Les sons du Cor à Cylindres ne diffèrent réellement pas de ceux du Cor ordinaire. Cet instrument est déjà d’un usage général en Allemagne, et, sans doute, il en sera de même partout avant peu.