Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/Perfectionnement des clarinettes
PERFECTIONNEMENTS DES CLARINETTES.
La fabrication de ces instruments demeurée pendant si longtems presque dans l’enfance, est aujourd’hui sur une voie qui ne peut manquer d’amener de précieux résultats, déjà de grands progrés ont été obtenus par M. Adolphe Sax, ingénieux et savant facteur (de Paris.) En allongeant un peu le tube de la Clarinette vers le pavillon il lui a fait gagner un demi-ton au grave ; elle peut en conséquence
donner maintenant le Mi ou Ré. Le Si du médium mauvais sur l’ancienne Clarinette est une des meilleures notes sur la nouvelle. Les trilles suivants les arpèges de Fa à Faet une foule d’autres passages inexécutables, sont devenus faciles et d’un bon effet. On sait que les notes du registre aigu sont l’épouvantail des compositeurs et des exécutants qui n’osent en faire usage que rarement et avec des précautions extrêmes. Grâce à une petite clé placée tout près du bec de la Clarinette, M. Sax a rendu ces sons aussi purs, aussi moelleux et presque aussi aisés que
médium Ainsi le contre Si qu’on osait à peine écrire, sort sur les Clarinettes de A. Sax sans exigerni préparations ni efforts de la part de l’exécutant, on peut l’attaquer Pianissimo sans le moindre danger, et il est au moins aussi doux que celui de la Flûte. Pour remédier aux inconvénients que la sécheresse d’une part et l’humidité de l’autre amenaient nécessairement dans l’emploi des becs de bois, selon que l’instrument demeurait quelques jours sans être joué ou servait au contraire trop longtems, M. Sax a donné à la Clarinette un bec de métal doré qui augmente l’éclat du son et ne subit aucune des variations propres aux becs en bois. Cette Clarinette a plus d’étendue, d’égalité, de facilité et de justesse que l’ancienne, sans que le doigté en ait été changé, si ce n’est pour le simplifier dans un petit nombre de cas.
La nouvelle Clarinette Basse de M. Adolphe Sax est bien plus perfectionnée encore. Elle a 22 clés. Ce qui la distingue surtout de l’ancienne c’est une parfaite justesse, un tempérament identique dans toute l’échelle chromatique et une plus grande intensité de son.
Comme le tube est fort long, l’exécutant étant debout, le pavillon de l’instrument touche presque la terre, de là un étouffement très fâcheux de la sonorité, si l’habile facteur n’eût songé à y remédier au moyen d’un réflecteur métallique concave qui, placé au dessous du pavillon empêche le son de se perdre, le dirige où l’on veut et en augmente considérablement le volume.
Les Clarinettes-Basses de A. Sax sont en Si Bémol.