Grand Traité d’instrumentation et d’orchestration modernes/Pianos et melodiums
PIANOS ET MÉLODIUMS (d’Alexandre)
à son prolongé.
Le prolongement est l’invention la plus importante qu’on ait introduite récemment dans la fabrication des instruments à clavier. Cette invention appliquée maintenant aux Pianos et aux Orgues mélodiums, donne à l’exécutant la possibilité de maintenir indéfiniment, par un simple mouvement du genou, une note, un accord, ou un arpège dans toute l’étendue du clavier, après que les mains ont cessé de presser les touches. Et pendant cette tenue fixe d’un plus ou moins grand nombre de sons, l’exécutant, usant de la liberté de ses mains, peut non seulement attaquer et faire parler d’autres notes qui ne font pas partie de l’accord soutenu, mais encore celles qui se prolongent. On comprend à quelle multitude de combinaisons diverses et charmantes cette invention peut donner lieu sur l’orgue mélodium et sur le Piano. Ce sont de véritables effets d’orchestre et de la nature de ceux qui se produisent, quand les instruments à archet exécutent quatre ou cinq parties diversement dessinées au travers d’une harmonie soutenue par les instruments à vent (Flûtes, Hautbois et Clarinettes,) ou mieux encore comme ceux qui résultent d’un morceau à plusieurs parties joué par les instruments à vent, pendant une tenue harmonique des violons divisés ; ou quand l’harmonie et la mélodie se meuvent au dessus ou au dessous d’une Pédale.
Ajoutons que l’effet du prolongement peut avoir lieu avec différents degrés d’intensité sur le mélodium selon qu’on ouvre ou qu’on ferme le registre Forte qui lui est adjoint.
Deux Genouillères sont placées sous le clavier de manière à pouvoir être facilement mises en mouvement par un léger coup des genoux de l’exécutant. L’une, celle de droite, produit la prolongation des sons de la moitié droite du clavier, l’autre les prolonge sur l’autre moitié. Pour que le son se prolonge il faut attaquer la touche en même temps que l’on donne le coup de genouillère.
ainsi : |
Si l’on veut arrêter la tenue des sons, un deuxième coup de genou l’arrête immédiatement.
Ainsi : |
Mais si ce nouveau coup frappé sur la genouillère arrête l’effet du prolongement produit par le coup précédent, il le remplace immédiatement aussi par un nouvel effet, si on attaque en même temps une ou plusieurs nouvelles touches.
Ainsi : |
Si l’on veut produire, après un accord bref, la prolongation d’une seule note de cet accord, il faut faire le mouvement du genou seulement après qu’on a abandonné les touches relatives aux sons qu’on ne veut pas prolonger, mais pendant que le doigt presse encore la touche de la note dont on veut obtenir la prolongation ; après quoi la main devient entièrement libre. On fera une série de mouvements semblables pour changer de notes tenues, plus un autre mouvement supplémentaire, pendant que le doigt presse encore la touche du son que l’on veut prolonger et pour arrêter la prolongation des notes de l’accord dont on ne veut pas.
ainsi : |
Ceci s’applique indifféremment à l’une et à l’autre genouillère, pour le Piano comme pour le Mélodium.
On est obligé, en écrivant pour le Piano ou l’Orgue mélodium à sons prolongés, d’émployer au moins trois lignes et souvent quatre ; en réservant dans ce dernier cas la ligne de dessus pour les tenues aiguës ou intermédiaire et la ligne de dessous pour les tenues graves. Les deux lignes du milieu sont alors réservées aux parties exécutées par les deux mains.
Exemple : |