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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BARBE (Sainte), vierge et martyre

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 211).

BARBE (Sainte), vierge et martyre, décapitée, pour la foi à Nicomédie vers 235. Son père, qui était païen, fut son propre bourreau ; mais à peine avait-il porté le dernier coup qu’il tomba frappé de la foudre ; c’est pourquoi sainte Barbe est invoquée dans les temps d’orage. Les canonniers ont choisi sainte Barbe pour patronne (4 décembre) sans doute parce que les canons sont appelés la foudre de la guerre, allusion au coup vengeur qui frappa le bourreau de cette martyre. La fête de sainte Barbe, malgré l’affaiblissement des croyances religieuses, est toujours solennisée avec éclat par les canonniers des armées de terre et de mer, les mineurs, les carriers, et toutes les corporations qui emploient ou qui fabriquent la poudre et les matières inflammables.

Barbe (sainte), tableau de Jean van Eyck (hauteur 0 m. 32, largeur 0 m. 19) ; musée d’Anvers. La sainte, chastement drapée dans une longue robe à plis anguleux, est assise au milieu d’un riche paysage ; elle tient une palme dans la main droite et fit un livre dont elle tourne les pages d’un air pensif. Derrière elle, s’élève une tour gothique en construction, et de nombreuses figurines s’agitent dans le fond du paysage. Ce petit tableau, signé Johannes de Eyck me fecit, 1437, offre un intérêt particulier, en ce qu’il montre comment travaillait Jean van Eyck. Quoique exécuté avec la pointe de la brosse, il ressemble, à s’y méprendre, à un dessin fait à la plume sur un fond légèrement teinté. « Le ciel seul est colorié, disent MM. Crowe et Cavalcaselle. Le dessin de chaque partie est achevé et complet ; aucun détail n’est omis. La robe et tous ses plis, les figures qui travaillent à la tour dans le fond, les massifs d’arbres et de feuillage sont minutieusement représentés, et prouvent avec quel soin et quelle correction les anciens artistes, comme van Eyck, dessinaient leurs compositions, n’abandonnant rien au hasard, après que les contours avaient été exécutés. » Les célèbres imprimeurs Enschende, de Harlem, à qui cette peinture a appartenu, la firent graver, en 1769, par Cornélius van Noorde. Elle passa ensuite successivement dans les collections van Ploos d’Amstel, Oyen et van Ertborn. Elle a été gravée par van Noorde, comme représentant sainte Ursule, et le docteur Waagen lui a conservé cette désignation. Le titre que nous avons donné est celui qui figure dans le catalogue du musée d’Anvers, et dans le livre de MM. Crowe et Cavalcaselle.