Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BAUDELOCQUE (Jean-Louis), célèbre chirurgien et professeur d’obstétrique

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 384).

BAUDELOCQUE (Jean-Louis), célèbre chirurgien et professeur d’obstétrique à l’École de médecine de Paris, né à Heilly (Picardie) en 1746, mort en 1810. Après avoir reçu de son père, chirurgien à Amiens, les premiers principes de l’art médical, Baudelocque vint étudier à Paris l’anatomie et la chirurgie. Bientôt les leçons éloquentes de Solayrès le tournèrent vers la pratique spéciale des accouchements, et quittant, malgré ses succès, le collège royal de chirurgie, il fut choisi comme suppléant de Solayrès, lorsque ce professeur, en proie à l’affreuse maladie dont il devait mourir, fut forcé d’interrompre ses cours. Les qualités de Baudelocque l’avaient fait promptement distinguer parmi ses collègues ; son esprit facile et pratique avait attiré l’attention de Solayrès, et ce fut là le premier degré de sa réputation. Il avait à peine trente ans, que déjà il possédait une riche et nombreuse clientèle. L’Académie de chirurgie le reçut parmi ses membres, ainsi que plusieurs autres sociétés savantes. En même temps, on traduisait ses ouvrages, et l’Europe les acceptait dans ses écoles. Sa réputation était telle, qu’occupé continuellement par des accouchements en ville, des consultations venues de la province et de l’étranger, il se vit bientôt obligé d’abandonner ses cours. Ce n’est que lors de la fondation de la faculté de médecine, sous le nom d’École de santé, qu’il fut appelé à la place d’accoucheur de la Maternité, et qu’il dut reprendre son glorieux enseignement. Malheureusement, cette vie si utile à la science et à l’humanité ne devait pas être longue. L’envie s’attachait au célèbre praticien. Un jeune rival, jaloux de ses succès, saisit le prétexte de l’opération césarienne, dont le public était peu partisan et que Baudelocque soutenait et pratiquait avec talent, pour diriger contre l’accoucheur de la Maternité une odieuse calomnie. Dans une couche laborieuse, la mère et l’enfant étant morts entre les mains de l’habile opérateur, le docteur Sacombe osa soupçonner non-seulement son habileté, mais ses intentions. Les tribunaux firent justice de cette calomnie, et Marie-Louise le choisit pour son accoucheur, fonctions que la mort ne lui laissa pas le temps de remplir. Néanmoins, le coup était porté : à partir de ce moment, Baudelocque fut en proie à un chagrin mortel, qui ne tarda pas à altérer profondément sa santé. Le 2 mai 1810, il succombait à une affection cérébrale.

Lorsque Baudelocque apparut, l’art des accouchements était déjà fort avancé. Levret, Smellie, Solayrès, avaient considérablement agrandi cette science, et il serait inexact de dire que Baudelocque lui ait ouvert de nouveaux horizons. Si l’on recherche quelle est sa véritable part dans l’art des accouchements, on verra qu’il détermina les mouvements du fœtus dans le passage à travers le bassin, qu’il fixa les diamètres de cette cavité et leurs rapports avec ceux de la tête du fœtus. Ce qu’on lui a reproché quelquefois, c’est d’avoir reculé trop souvent devant la section de la symphyse pubienne, dans les accouchements laborieux. Doué d’un génie éminemment pratique et vulgarisateur, le professeur de la Maternité eut en quelque sorte le mérite, exclusif entre ses collègues, de coordonner et de répandre les principes des grands maîtres qui l’avaient précédé. Sans être éloquente, sa parole était claire, concise et facile. On a de Baudelocque : An in partu propter angustiam pelvis impossibili, symphysis ossium pubis secanda. (En cas d’insuffisance des ouvertures du bassin dans un accouchement, doit-on faire la section de la symphyse pubienne ?) (1776, in-4o) ; les Principes de l’Art des accouchements, par demandes et par réponses, en faveur des élèves sages-femmes (1775, in-12), ouvrage qui fut réimprimé aux frais du gouvernement, à 6,000 exemplaires ; Moreau a donné, vers 1840, une nouvelle édition de ce remarquable ouvrage ; l’Art des accouchements (1781, in-8o), livre construit sur le même plan que le précédent, mais spécialement à l’usage des médecins. On compte en outre, de Baudelocque, quelques rapports et mémoires publiés pour la plupart dans des revues et des encyclopédies : Mémoire sur les hémorragies utérines cachées ; Rapport sur une observation de renversement et d’amputation de la matrice (Recueil de la Société de médecine de Paris, t. IV) ; Rapport sur la rupture de la matrice au terme de l’accouchement ; Réflexions sur l’hydropisie de la matrice ; Rapport sur l’opération césarienne.