Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BEAUHARNAIS (Alexandre, vicomte DE), frère puîné du précédent

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 2p. 435).

BEAUHARNAIS (Alexandre, vicomte de), frère puîné du précédent, né à la Martinique en 1760, mort en 1794. Il servit avec distinction sous les ordres de Rochambeau, pendant la guerre de l’Indépendance américaine, puis se rendit en France avec sa jeune femme Joséphine Tascher de la Pagerie, qu’il avait épousée à la Martinique en 1779, et fut parfaitement accueilli à la cour, grâce à son esprit et à sa réputation. Dès le début de la Révolution, il embrassa avec ardeur les idées de liberté, fut nommé en 1789, par la noblesse de la sénéchaussée de Blois, député aux états généraux, et se prononça énergiquement, dans la nuit du 4 août, pour la suppression des privilèges, l’égalité des peines et l’admissibilité de tous les citoyens à tous les emplois. Secrétaire de l’assemblée, puis membre du comité militaire, il rédigea plusieurs rapports remarquables et travailla comme un simple ouvrier aux préparatifs qu’on fit au Champ de Mars pour la première fédération. On l’y vit, dit Mercier, attelé à la même charrette que l’abbé Sieyès. L’éloge qu’il fit de la conduite de Bouillé, lors des troubles de Nancy, fut vivement blâmé par les patriotes. Lors de la fuite de Louis XVI à Varennes, Beauharnais, qui présidait l’assemblée, montra un calme admirable : « Messieurs, dit-il en ouvrant la séance, le roi est parti cette nuit ; passons à l’ordre du jour. » Sa dignité et sa présence d’esprit dans des circonstances aussi critiques, la rapidité avec laquelle les ordres furent expédiés, lui firent le plus grand honneur. Après avoir occupé une seconde fois le fauteuil, il fut envoyé, avec le grade d’adjudant général, à l’armée du Nord, se distingua lors de la déroute de Mons (1792), commanda le camp de Soissons sous les ordres de Custine, fut nommé, en 1793, général en chef de l’armée du Rhin, refusa de prendre le portefeuille de la guerre, et donna sa démission lorsque parut le décret qui écartait les nobles de tout emploi militaire. Il vivait retiré dans sa terre près de la Ferté-Imbault, lorsque, dénoncé à plusieurs reprises comme suspect, il fut arrêté, conduit à Paris et condamné à mort par le tribunal révolutionnaire (23 juin 1794), sous l’accusation d’avoir contribué a la reddition de Mayence en restant quinze jours dans l’inaction à la tête de ses troupes. Sa veuve, dont il était séparé, épousa le général Bonaparte et devint l’impératrice Joséphine. Il en avait eu deux enfants, Eugène et Hortense Beauharnais.