Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CHARLEMAGNE terme de jeu

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 4p. 1000).

CHARLEMAGNE (char - le - ma - gne — gn mll.). Terme de jeu qui s’emploie dans cette locution : Faire Charlemagne, Se retirer brusquement du jeu après avoir gagné : Si je gagne par impossible, je ferai charlemagne sans pudeur. (Ed. About.)

La Saint-Charlemagne, Fête que les collèges et les lycées de l’Université célèbrent le 28 janvier, parce que l’on attribue à ce prince la fondation de l’Université, titre de gloire plus problématique encore que la sainteté de ce prince illustre. V, plus loin l’article historique.

— Prov. Autant que Charlemagne en Espagne, Longtemps, longuement et pour rien, par allusion aux expéditions fabuleuses de Charlemagne en Espagne, qui sont célébrées dans les chansons de geste.

—Argot mil. Coupe-choux, sabre-poignard.

— Encycl. Linguist. L’expression Faire Charlemagne, usitée comme terme de jeu, est, s’il faut en croire Génin, une allusion à la mort de Charlemagne, arrivée au moment de la plus grande extension de l’empire d’Occident. Charlemagne garda jusqu’à la fin toutes ses conquêtes, et quitta le jeu de la vie sans avoir rien rendu du fruit de ses victoires. Le joueur qui se retire les mains pleines imite Charlemagne, il fait Charlemagne. Le fils du grand empereur n’eut pas autant de bonheur que son père ; Louis le Débonnaire ne fit pas Charlemagne, et ses successeurs pas davantage. Génin fait observer que c’est justement ce contraste qui doit avoir donné naissance à cette expression pittoresque ; et elle se présentait assez naturellement à l’esprit, puisque l’un des quatre rois du jeu de cartes porte le nom de Charlemagne. Nous ne savons ni à quelle époque cette façon de parler a commencé d’être employée, ni chez quel auteur on la trouve pour la première fois.