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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Chanson du soldat (LA), d’Hybrias de Crète

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 3p. 926).

Chanson du soldat (la), d’Hybrias de Crète. C’est la glorification du soldat grec, fier de sa valeur et de ses armes, et qui n’estime rien au-dessus de lui-même. L’auteur n’est pas moins dorien par les sentiments que par la naissance et le dialecte qu’il emploie. Pour mieux faire comprendre l’esprit de cette chanson, nous ne pouvons mieux faire que d’en citer un fragment :

« Je suis très-riche ; j’ai une lance, une épée et un beau bouclier long, rempart de mon corps. Avec cela je laboure, avec cela je moissonne, avec cela j’ai des esclaves qui m’appellent maître. Eux, ils n’ont pas le cœur de porter une lance, une épée, ni un beau bouclier long, rempart du corps. Tous tombent de frayeur et embrassent mes genoux, en s’écriant : Maître et grand roi. »

Jamais le droit de la force n’a été plus énergiquement, plus insolemment exprimé. C’est bien là l’outrecuidance du traîneur de sabre, qui, on le voit, n’est pas d’invention moderne.

Ce chant, qui nous a été conservé par Athénée, dans son Souper des sophistes, est, au point de vue littéraire, remarquable par l’énergie, la concision et l’allure soldatesque.