Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Chanson en l’honneur d’Harmodius et d’Aristogiton

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Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 3p. 926).

Chanson en l’honneur d’Harmodius et d’Aristogiton. Ce chant est, avec les élégies guerrières de Tyrtée, le chant national, la Marseillaise des Grecs. Longtemps elle fut attribuée à Alcée, qui était mort bien avant l’acte de dévouement qu’elle célèbre : grâce à Hésychius, nous savons que le véritable auteur de cette chanson est Callistrate. Elle eût été perdue pour nous sans Athénée, qui nous l’a conservée dans son Souper des sophistes. En la lisant, on conçoit qu’elle devait promptement devenir populaire à Athènes, où elle fut connue peu de temps après la disparition du dernier des Pisistratides. Sa popularité provient des sentiments qu’elle exprime ; car, au point de vue historique, la donnée en est fausse. C’était une illusion générale et volontaire à Athènes de croire que la liberté lui avait été restituée par Harmodius et Aristogiton. La vérité est que la mort d’Hipparque ne fit que consolider le pouvoir d’Hippias, qui ne fut renversé que quelques années après par le Lacédémonien Cléomène.

Nous donnons ici la traduction de ce chant.

« Je cacherai mon glaive sous une branche de myrte, comme Harmodius et Aristogiton, lorsqu’ils tuèrent le tyran et affranchirent Athènes de l’esclavage.

« Cher Harmodius, non, tu n’es pas mort ; tu habites les îles fortunées, demeure, nous dit-on, d’Achille aux pieds légers et de Diomède, fils de Tydée.

« Je cacherai mon glaive sous une branche de myrte, comme Harmodius et Aristogiton, lorsqu’au milieu du sacrifice offert à Pallas, ils immolèrent le tyran Hipparque.

« Cher Harmodius, heureux Aristogiton, votre gloire sera éternelle ; car vous avez tué le tyran et affranchi Athènes de l’esclavage. »